L'Attaque des Crabes Géants (Attack of the Crab Monsters ― 1957)

Deux ans avant de nous servir un bol de litchis… pardon, de sangsues géantes, c’est dans un panier de crabes monstrueux que Roger Corman précipitait son public.
Guère plus concluant que son puîné, L’Attaque des Crabes Géants se pare — comme on pouvait d’emblée le deviner à la lecture du titre — de toutes les tares de la série Z sans budget. Des créatures aussi laides que ringardes, dont on détecte la supercherie en une demi-seconde, et qui évidemment ne suscitent pas le moindre frisson (plutôt des rires francs). Des (pseudo)comédiens en roue libre, qui se donnent à cœur joie dans l’expression figée et les réactions grandiloquentes (quand elle n’hurle pas de terreur, Pamela Duncan passe son temps à s’évanouir !). Un compositeur pas inspiré, qui recycle à moindre coût ce qui s’est déjà fait auparavant. Un « réalisateur » fidèle à lui-même, s’inquiétant peu de la facture visuelle de son film, s’assurant juste que la caméra est allumée et qu’elle pointe approximativement en direction des acteurs ou des bestioles. Et, bien sûr, une histoire écrite sur une feuille de PQ, qui ne cherche ni à donner de la profondeur à ses personnages, ni à paraître vraisemblable (sur une île isolée, l’âme de naufragés en colère s’est déplacée dans les carcasses de crabes géants !), ni à étoffer son récit (l’introduction et la conclusion sont torchées en 1 minute).

Rien de très surprenant de la part d’une production Roger Corman, en somme. Heureusement, le résultat s’avère moins désastreux et fauché que L’Attaque des Sangsues Géantes. Mais il est clair que Corman a réuni là tous les ingrédients de la bande d’exploitation kitsch, pathétique et involontairement drôle, qui aimerait bien ressembler à THEM ! ou Tarantula sans en avoir ni les moyens ni le savoir-faire.
En gros, si vous êtes imbibé, délirant ou simplement entre potes, vous avez une chance de survivre à L’Attaque des Crabes Géants. En revanche, si vous espérez y déceler un chef-d’œuvre du 7e Art, vous allez droit dans le mur et risquez d’y perdre la santé…