Traduire
The Invisible Boy en
Le Cerveau Infernal... On pourrait penser que les exploitants français n’ont jamais ouvert de dictionnaire. Pourtant, force est de reconnaître que la traduction française s’applique bien mieux au contenu du film de
Herman Hoffman que son titre original.
En effet, le scénario de
Cyril Hume ― très probablement influencé par les écrits d’
Isaac Asimov ― reprend son personnage-fétiche, Robby le Robot, pour s’intéresser aux thèmes de l’intelligence artificielle et des dangers de l’informatique. Précisément,
Le Cerveau Infernal relate les méfaits d’un superordinateur, capable d’hypnotiser et de manipuler les êtres humains, désirant « purifier » la Terre de ses habitants à deux jambes.
Ainsi, 34 ans avant
Terminator 2 (mais 4 ans après l’horrible
Robot Monster), l’œuvre de
Herman Hoffman s’interroge sur la possible humanisation des androïdes et sur la menace inévitable qu’ils représentent.
Et le Garçon Invisible du titre dans tout cela ? Loin d’être un élément central, l’invisibilité du jeune héros (enfin « la diminution de son taux de réfraction » !) fait partie des prouesses réalisables par le superordinateur, qu’il utilise dans le but de parfaire son projet d’annihilation de l’espèce humaine.
Si
Cyril Hume et
Herman Hoffman usent de gags et de techniques éculés pour exploiter le thème de l’invisibilité (coupes et raccords grossiers, fils transparents…), cela permet au moins d’introduire une touche de légèreté appréciable.
Seulement, les deux histoires se marient difficilement (s’agirait-il, à l’origine, de deux scénarii différents ?) et finissent par ressembler à un patchwork brouillon. Mais peu importe, après tout, le dessein premier du
Cerveau Infernal était visiblement de réutiliser le concept de Robby le Robot, et l’on aurait tort de bouder notre plaisir devant les déambulations du bibendum métallique. De fait, au lieu de l’utiliser comme simple faire-valoir,
Cyril Hume développe adroitement son personnage, jusqu’à faire du
Cerveau Infernal la préquelle officieuse de
Planète Interdite.
Notre affection pour Robby nous permettra ainsi de faire fi des raccourcis narratifs, de la mise en scène plate et académique de
Herman Hoffman, de la précarité des effets spéciaux, de la musique convenue de
Les Baxter, ou encore de l’interprétation codifiée et théâtrale des comédiens… Des handicaps notables, soit, mais qui participent volontiers à la saveur du produit final.