Hostel – Chapitre II
(Hostel : Part II) – 2007 INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSÉcrit & Réalisé par
Eli RothMusique de
Nathan BarrAvec
Lauren German, Roger Bart, Heather Matarazzo, Bijou Phillips, Richard Burgi, Jordan Ladd, Vera Jordanova, Milan KňažkoHostel : thriller gore à budget confortable, ayant reçu un accueil très mitigé à travers le monde en raison d’un marketing maladroit. Au lieu de se hâter sous la pression des studios,
Eli Roth prend son temps pour concocter une suite digne de ce nom à son deuxième long-métrage. Malgré la réitération de certains éléments présents dans le premier volume (la petite amie et le réceptionniste complices, les gamins violents, le retour dans l’auberge et dans l’entrepôt délabré),
Hostel – Chapitre II suit un chemin radicalement différent de son aîné.
Le Scope sombre et glauque du précédent
Hostel trouve son parfait contraire dans les traits d’une photographie épurée – l’aspect sinistre d’une scène s’opposant à des couleurs vives faussement rassurantes, ou s’associant à des tonalités cadavériques d’une grande beauté. De la même façon, le jeune cinéaste abandonne les mouvements saccadés de ses débuts pour une mise en scène gracieuse, intelligente. Seul regret : à force de traîner avec
Tarantino,
Roth semble avoir adopté la même philosophie que son producteur. Ainsi, le jeune auteur prend son temps pour filmer, à tel point que l’allongement et la lenteur de certaines scènes (l’allumage des bougies autour de la fille pendue, la séquence d’ouverture) créent plus d’irritation chez le spectateur que de tension. Ce qui atténue quelque peu l’efficacité de la pellicule sans la pénaliser gravement pour autant.
En 2 ans, loin de se reposer sur ses lauriers,
Eli Roth a pris du galon et son approche s’en ressent indéniablement. Même si, à nouveau, il s’agit de suivre la descente aux enfers de 3 touristes ; le rendu scénaristique n’entretient que peu de liens avec
Hostel premier du nom. Tout d’abord parce que les 3 touristes en question ne sont plus des mâles en mal de femelles faciles mais 3 jeunes femmes, venues en Slovaquie pour y trouver détente et festivité. Ce remodelage du postulat de base aurait très bien pu aboutir à une copie sans intérêt du premier chapitre (on a déjà vu ce que cela donnait avec les premiers
Vendredi 13 !). Au contraire,
Eli Roth profite de l’occasion pour aborder des thèmes adjacents et approfondir l’étendue des pouvoirs de l’Élite – présentée comme une simple firme illégale dans le volume de 2005, elle prend ici l’allure d’une mafia dont les tentacules touchent les quatre coins du monde.
Ce qui rend difficile l’assimilation des deux volets, c’est aussi la présentation des tortionnaires dans leur intimité, de leur départ des États-Unis à l’accomplissement de leurs fantasmes meurtriers. Alors que la psychologie « torturée » des bourreaux n’était qu’esquissée dans le premier
Hostel, celle-ci domine le tableau de ce second chapitre. Nous ne faisons plus face à des clichés de tortionnaires mais à des humains à part entière, devant gérer ce qu’il leur reste de sociabilité d’une part, et la cruauté qui les anime d’autre part. Comme pour appuyer un peu plus les dissemblances entre les deux
Hostel,
Nathan Barr délaisse les thèmes tonitruants du score précédent au profit de mélodies plus raffinées. Le résultat est malheureusement moins intense, moins prenant que son prédécesseur mais des morceaux tels que
The Bath,
Elevator ou
Escape méritent notre attention.
Dans un autre registre, il est dommage de constater que
Roth a tendance à nous laisser sur notre faim : craignant la surenchère ou la gratuité, le réalisateur de
Cabin Fever a préféré pondérer les séquences gore de son œuvre. Du coup,
Hostel – Chapitre II gagne en subtilité (qui pourrait le lui reprocher ?) ce qu’il perd en boucherie craspec et malsaine. Ce qui ne le prive pas de sévices sordides (l’émasculation), d’exécutions sommaires (l’élimination glaciale du gamin) comme de passages foncièrement gore (le corps en charpies retrouvé dans l’ascenseur). D’autre part, il est regrettable que l’histoire de Paxton s’évente aussi rapidement… On aurait préféré voir le personnage prendre plus de place dans l’évolution du récit. Mais, encore une fois, qui pourrait blâmer le scénariste de contourner la redite à tout prix ? En revanche, le bât commence à blesser douloureusement dans les dernières minutes du métrage. La réaction (ringarde) de l’héroïne aux propos du bourreau et la séquence finale (gentiment convenue) s’ancrent en effet dans un panel de clichés que le cinéaste avait su éviter jusqu’ici.
Côté casting,
Hostel : Part II nous permet de découvrir
Richard Burgi (le protagoniste de la série
The Sentinel) sous un tout autre aspect. Au placard le rôle de flic aux 5 sens surdéveloppés, et place à celui d’un millionnaire aveuglé par sa quête du pouvoir et de la domination. L’acteur nous offre une performance sidérante, tout comme son collègue
Roger Bart. Parallèlement au rôle tenu par
Richard Burgi, il est amusant de trouver
Heather Matarazzo (le laideron attachant de
Bienvenue dans l’Âge Ingrat) dans la peau de cette étudiante candide, devenant malgré elle le jouet d’une sadique hémophile. On notera également la participation de
Milan Kňažko, dont le personnage est d’une froideur exquise… Par contre, rien de très fulgurant concernant
Bijou Phillips (Whitney),
Lauren German (Beth) et
Vera Jordanova (Axelle, la muse de Sasha) ; leurs prestations restant convenables mais sans plus.
Inférieur à son prédécesseur pour certains, supérieur pour d’autres, quoi qu’on en pense,
Hostel – Chapitre II n’a rien de la suite facile et futile que l’on pouvait appréhender. De mon strict point de vue, cette séquelle dénombre plus de faiblesses que son modèle, autant du côté du scénario que de celui de la bande originale. Mais il en faudrait bien plus pour mettre à mal la teneur comme la beauté de ce deuxième volet.
Réalisation : 4/5
Scénario : 3.5/5
Musique : 3.5/5
Acteurs : 3.5/5NOTE : 14.5/20