GRINDHOUSE – Planète Terreur
(Planet Terror) – 2007 Écrit & Réalisé par
Robert RodriguezMusique de
Robert RodriguezAvec
Rose McGowan, Freddy Rodriguez, Josh Brolin, Marley Shelton, Michael Biehn, Jeff Fahey, Naveen Andrews, Michael Parks, Stacy FergusonPour ce second segment
Grindhouse, il est clair que
Robert Rodriguez tient davantage ses engagements que son compère
Tarantino. Que ce soit dans sa réalisation ou son script,
Planète Terreur s’impose comme la véritable bande bis de ce diptyque
Grindhouse. Photographie souillée, morceaux de pellicule brûlée, maquillages spéciaux à profusion, sautes d’images, mise en scène parfois tirée par les cheveux, prises de vue insistant sur les formes généreuses des actrices ou sur les viscères des seconds rôles, bobine manquante, d’un côté. Scénario alambiqué, personnages tantôt cons tantôt ridicules (
Freddy Rodriguez tirant une tronche de
bad boy sur sa mini-moto !), gore outrancier, rebondissements décomplexés (l’« envol » de
Rose McGowan), pointes d’humour noir et de second degré dans chaque réplique, sur l’autre versant.
Robert Rodriguez nous en met plein la vue durant 1h45, sans temps mort ni radineries – bien que le script puisse receler de baisses de régime à première vue. À la fois amusé par les touches burlesques, et écœuré par les éléments farouchement gore et craspec de l’œuvre (langue pustuleuse, mutations des infectés, pénis dégoulinant, corps en charpies, crânes écervelés, chairs purulentes, entre autres), l’audience ressort conquis d’un projet aussi décontenancé que jouissif.
Et si l’on « savoure » la moindre seconde comico-gore de
Planète Terreur, on apprécie d’autant plus le score concocté par le polyvalent
Robert Rodriguez, que ce soit durant le visionnage de la bande ou en dehors. Difficile de résister aux pétaradants
Grindhouse,
Go Go Not Cry Cry et
Cherry’s Dance of Death dans lesquels se profile un thème principal majestueux. Sans oublier les morceaux
His Perscription…Pain et
Wray (rendant hommage autant aux scores de
John Carpenter qu’à ceux des
Goblin), ou le terrible
Too Drunk To Fuck.
Rodriguez ne fait pas moins que composer la meilleure bande-son qu’un film de genre ait connue depuis des décennies.
Enfin, l’autre point fort de ce segment
Grindhouse est à chercher dans la performance des acteurs. Bourrin, viril, survolté,
Freddy Rodriguez se montre sous un jour radicalement différent, à mille lieues de sa participation sous-exploitée pour
Poseidon ou des prestations très retenues qu’il délesta à
Six Feet Under. Ayant fini de jouer les potiches blondes dans la pellicule de
Tarantino,
Rose McGowan apparaît très surprenante sous les traits de cette femme fatale, passant du statut de gogo-danseuse sensible à celui de machine à tuer unijambiste. On ne manquera pas de citer les apparitions tordantes de
Bruce Willis en commandant « boursouflé », de
Quentin Tarantino en militaire misogyne et décomposé, ou de
Tom Savini dans la peau de ce shérif-adjoint partant en lambeaux au fil du métrage. Qu’il soit figurant, second rôle ou protagoniste, chaque acteur prend un malin plaisir à ridiculiser un peu plus son personnage par un ton exagérément sérieux.
Gore à gogo, érotisme sous-jacent, score sulfureux, réalisation faussement fauchée,
Robert Rodriguez a rassemblé tous les éléments pour faire de
Planète Terreur une bande
Grindhouse à part entière. Chapeau bas pour ce projet unique et n’ayant pas froid aux yeux –
Rodriguez n’hésitant pas à mutiler ou sacrifier un protagoniste pour le bien de l’histoire, ou à réduire en cendres enfants et animaux… Vivement que le cinéaste planche sur un nouvel opus
Grindhouse…
Musique : 4.5/5
Réalisation : 4/5
Scénario : 4.5/5
Acteurs : 3.5/5NOTE : 16.5/20