Terreur Cannibale

La même année que Cannibal Holocaust sort Terreur Cannibale. Si le premier peut se vanter d’avoir marqué tout un pan du cinéma gore, le second peut en revanche rejoindre le bac des navets soporifiques et fortement dispensables. Et, contrairement à ce que le titre laisse entendre, la terreur est absente et les scènes de cannibalisme sont plus épisodiques qu’autre chose. En réalité, on a plus mal au cœur en pensant à ce que ces pauvres figurants ont dû ingurgiter pour que cela fasse réel, qu’au vu des images. L’accompagnement musical s’avère inapproprié via ses partitions kitsch – rappelant La Soupe Aux Choux ou la saga du Gendarme ! –, ses musiques d’ambiance dignes de soirées beauf, et ses sons de djembés piqués à d’autres. La réalisation n’est pas aussi horrible, visuellement parlant, qu’un Jess Franco mais ne vaut pas tellement mieux. On y distingue en effet tous les vices d’une production fauchée et sans talent aucun : une tenue de caméra mal assurée, un rythme léthargique, des dialogues simplets, une mise en scène sans élan, des zooms flous et mal cadrés, une pellicule souillée, des maquillages spéciaux miséreux (morceaux de barbaque récupérés chez le boucher du coin, tête privée de corps qui continue à battre des cils !), une photographie laissée aux oubliettes, et une réutilisation permanente des mêmes plans d’insert – dans la première scène de cannibalisme, certains plans apparaissent 4 ou 5 fois !





Et ce n’est pas avec ce scénario de 2 pages que l’on se consolera… Pour faire court (impossible de faire long, de toute manière !), des bandits kidnappent une gamine, pour des raisons vagues, et s’exilent dans une jungle évidemment infestée de cannibales. Lesdits cannibales bouffent les méchants mais épargnent la gamine. Du coup, les parents la retrouvent saine et sauve. Tout le monde est content. Reprise de la bande-son kitsch et ringarde. Youpi, c’est fini ! Bon, mieux vaut fermer les yeux sur les raccourcis abusifs de l’œuvre (la gamine qui se laisse faire, toujours avec un grand sourire ; les parents qui retrouvent la piste des kidnappeurs dans la jungle sans que ces derniers n’aient laissé de traces derrière eux…) comme sur les scènes érotiques sans saveur ni utilité. Pour accompagner ce script zédeux, rien de tel qu’un bon casting bien incompétent ainsi qu’un panel de personnages tous plus mal écrits les uns que les autres ! Et, dans ce domaine, autant dire que le spectateur est servi. Entre l’archétype même de la salope, qui tortille du cul et aime se faire tringler par le premier venu. Des protagonistes à la gestuelle exagérée et mimée à l’extrême. Des acteurs secondaires qui se marrent volontiers devant la caméra. Et des autochtones cannibales – ou plutôt des figurants lambda, triés sur le volet, maquillés comme des arcs-en-ciel, baragouinant un dialecte improbable (pourvu que ça fasse sauvage), affublés d’un bout de tissu marron en guise d’habits et sous lequel on discerne sans grand mal de jolis slips de couleur ! – ayant vraiment l’air con quand ils se mettent à gesticuler autour du feu ou danser un avatar de la Macarena.
Bref, Terreur Cannibale ne fait là qu’exploiter un filon en vogue, faisant main basse sur la créativité comme la qualité. Inutile, donc, de préciser que l’on s’emmerde énormément et qu’il y a mieux à faire dans la vie que perdre son temps devant une telle raclure de chiottes…



Note : 4.5/20