Freddy Vs. Jason (2003) Réalisé par
Ronny YuÉcrit par
Damian Shannon & Mark SwiftMusique de
Graeme RevellAvec
Robert Englund, Ken Kirzinger, Monica Keena, Kelly Rowland, Jason Ritter, Christopher George Marquette, Lochlyn Munro, Katharine Isabelle10 ans après avoir fait naître l’espoir de ce duel à la fin de
Jason Va En Enfer, Freddy Vs. Jason voit enfin le jour. De prime abord, l’on pourrait reprocher au métrage de
Ronny Yu de mettre Freddy plus en avant et plus en valeur – le croque-mitaine d’Elm Street tirant les ficelles du jeu et faisant ce qu’il veut de son adversaire. D’ailleurs, l’absence de
Kane Hodder – ayant interprété Jason dans les 4
Vendredi 13 précédents – laisse supposer une certaine préférence pour le personnage tenu par
Robert Englund. Cependant, force est de constater que le scénario confronte efficacement le vécu et les peurs des deux
boogeymen – cette opposition entre l’eau et le feu faisant de
Freddy Vs. Jason un affront presque essentiel aux deux sagas (quoique, dans les volets antérieurs, Jason Voorhees n’ait présenté aucune crainte vis-à-vis de l’eau…) – et accumule les clins d’œil (le retour au Camp Crystal Lake de 1957 pour l’un ; le nouveau massacre commis au 1428 d’Elm Street pour l’autre). Qui plus est,
Damian Shannon et
Mark Swift livrent les deux tueurs à un affrontement foutrement jouissif de près d’une demi-heure, s’établissant en deux parties. La première servant à nous immiscer et dans les peurs profondes de Jason et dans l’univers onirique et barré de Freddy. La seconde partie créant un face-à-face bien réel et bien sanglant entre les deux protagonistes, où images et symboles vont bon train. Bien que l’issue de ce combat soit évidente – ni l’un ni l’autre ne doit gagner ni mourir –, ce final nous laisse une réaction douce-amère en travers de la gorge, refusant la conclusion de ce chapitre d’une part, nous faisant espérer une suite d’autre part.
De son côté, le méconnu (inconnu ?)
Ronny Yu défend une réalisation dynamique, inventive (ponctuant le récit par des mouvements de caméra tous plus chiadés les uns que les autres), jouissant d’une photographie un peu trop édulcorée mais intelligemment étudiée, et d’une mise en scène fort convenable – quoique le montage révèle des bourdes assez flagrantes. La rencontre de deux sagas de cette trempe ne pouvait que nous laisser dubitatifs quant à la qualité du casting (exit
Robert Englund, évidemment) – chacune ayant mis en avant des acteurs souvent kitsch et très amateur. Au vu du résultat, tous nos a priori tombent à l’eau. En dépit des clichés qui accablent leurs personnages, de figurantes et actrices siliconées à mort, et d’une
Monica Keena inexorablement mauvaise, les comédiens tiennent une performance respectable. Outre l’absence de
Kane Hodder, l’on demeure quelque peu partagé en ce qui concerne les apparitions de Jason Voorhees. Dans un sens, le tueur au masque de hockey n’a jamais été aussi bourrin et imposant (de par sa carrure). Dans un autre, ce dernier possède un faciès bâclé (un masque posé sur un crâne lisse) et a parfois tendance à traîner de la patte pour se saisir de ses fuyards. Mais ces maigres désappointements trouvent réconfort dans la dernière demi-heure…
Même si l’on aurait préféré la participation de
Harry Manfredini au score du film,
Graeme Revell délivre une bande-son tout à fait recevable, faisant correctement écho aux délires cauchemardesques de Freddy comme aux séquences d’action, malgré un mix pas toujours subtile entre le thème de Jason (cette espèce de chuchotement résonnant, propre à la saga
Vendredi 13) et des morceaux rock…
Mais, à défaut d’être parfait,
Freddy Vs. Jason se veut un divertissement haut en couleurs, en sus d’un
cross-over remarquable qui restera, à mon sens, gravé dans les annales. En espérant un
Freddy Vs. Jason 2, un
Freddy Vs. Myers, un
Jason Vs. Leatherface, ou encore un
Freddy Vs. Jason Vs. Myers Vs. Leatherface… Tout autant de projets improbables (?) qui feront saliver les fans du monde entier !
Note : 16/20