Freddy vs. Jason (2003) de Graeme Revell

On le sait bien : Freddy vs. Jason faisait la part belle à Freddy, au détriment de Jason, presque relégué à un second rôle. Ce constat se poursuit hélas avec le score de Graeme Revell au sein duquel on sent bien la patte du Tueur d’Elm Street mais beaucoup moins ― si ce n’est presque jamais ― la machette de Jason Voorhees.

Plus de la moitié de l’album est ainsi consacrée à des musiques d’ambiance inquiétantes, des mélodies lancinantes, préparant souvent le terrain à des attaques pénétrantes (écouter entre autres The Legend et Girl with no Eyes) ; bref, à tout ce qui caractérise l’univers cauchemardesque de Freddy Krueger. Mais, si ces titres s’avèrent efficaces, ils se frottent à un écueil de taille : outre le fait d’occulter Jason, cette grosse moitié ne fait que se répéter continuellement sans nulle trace d’inventivité. Difficile donc de distinguer les morceaux les uns des autres et de ne pas s’ennuyer à la longue…

Il faut attendre Jason’s Surprise Attack (9e titre de l’album) pour que le score décolle vraiment de la léthargie et la redondance dans lesquelles il s’était englué et pour, enfin, rappeler le thème principal de la saga Vendredi 13. Dès lors, la suite a beau ne pas échapper à quelques titres effacés sans grand intérêt, elle gagne clairement en dynamisme et en recherche créative (Freddy Gets Young Jason, Wake Up Lori). Graeme Revell nous gratifie même de quelques riffs délirants (Stoner Creature) et d’une fulgurance orchestrale ― à condition de ne pas être trop difficile non plus ― via le titre Fight on the Dock.

Avec un peu de recul, peut-on vraiment reprocher à Graeme Revell ce score passe-partout ? Vu le public visé et effectivement attiré en salles, le compositeur aurait pu barder son ouvrage de titres metal (à l’image du morceau Freddy in the Real World) ou de partitions ultra convenues, que les spectateurs n’y auraient vu que du feu. À moins, donc, d’être un fan obsessionnel du métrage de Ronny Yu, le score de Freddy vs. Jason n’attirera ni les simples amateurs du film, ni les béophiles ordinaires.