Christina's House

Réalisé par Gavin Wilding

Écrit par Stuart Allison
Musique de Chris Ainscough
Avec Allison Lange, Brad Rowe, Brendan Pehr, John Savage, Lorne Stewart, Crystal Buble, Jerry Wasserman, Chilton Crane



Pendant combien de temps encore les producteurs vont-ils s’acharner à donner vie à des projets vides d’intérêt ? Au lieu de prêter attention à un scénario original et séduisant donc, ces messieurs de la production préfèrent miser sur Christina’s House, faux film d’horreur bardé de clichés et d’éléments convenus. Perte de temps monumentale, le film de Gavin Wilding se cache derrière l’étiquette « thriller horrifique » pour mieux nous refourguer l’histoire inintéressante de cette ado en pleine crise (à 17 ans, il n’est jamais trop tard…), dont le quotidien est partagé entre un père un brin vicelard, un petit frère pas fute-fute, une mère finissant ses vieux jours dans un hôpital psychiatrique, et un boyfriend qui aimerait bien franchir le cap des pelotages intensifs (« Les mecs, ils sont tous nuls. Ils pensent qu’à nous mettre des doigts ! », comme dirait l’autre). Seul problème, Stuart Allison s’est rendu compte un peu tard que Christina’s House n’était pas un épisode de Beverly Hills mais un film d’horreur. Du coup, les mini-rebondissements de la première heure (les surgissements inopinés du petit ami, les bruits de rat dans le grenier) sont autant de pétards mouillés uniquement destinés à réveiller une audience qui pionce ferme depuis longtemps.





Pour créer un minimum de tension, le scénariste élabore une accroche à la va-vite : Christina, l’adolescente prude, est persuadée qu’une personne habite dans le grenier de sa résidence – remarquez le titre très subtil de l’œuvre : Christina’s House…! Bien que réchauffé, un tel point de départ aurait pu constituer un huis-clos prenant. Mais non, les relations conflictuelles et la crise d’ado de Christina dominent le tableau. Et il faut patienter une heure pour que l’aspect un tantinet horrifique du film ne revienne sur le devant de la scène : l’identité du résident mystérieux est enfin révélée – sauf que ceux qui ne dormaient pas l’avaient déjà découverte au bout de 15 minutes… Et après les stéréotypes casse-couilles de l’adolescente perturbée, Scott Allison en remet une couche en jetant cette fois-ci son dévolu sur les patients psychiatriques et leur pathologie. En voilà un qui n’a pas évolué depuis le 19e siècle et qui assimile toujours la « folie » à une perte de raison et à la débilité. Les fous ne sont donc que des êtres nécessairement dangereux que l’on peut manipuler n’importe comment… Ben, voyons !



Bref, le résultat n’est guère fameux et la contribution du reste de l’équipe a tendance à aggraver la situation. La mise en scène de Gavin Wilding fait preuve d’une platitude exaspérante – quand elle ne sonne pas faux (oh les jolis combats sur-chorégraphiés !). En plus d’être interminables, les dialogues font rarement avancer l’histoire – à moins de paraître tout à fait grotesques : le passage où le père de Christina en vient à parler aux agents immobiliers des travaux effectués par l’homme d’entretien est à mourir de rire tant le scénariste s’y prend comme un manche pour arriver à ses fins. La musique de Chris Ainscough n’a vraiment pas l’étoffe d’un score de film – bien que le compositeur tente désespérément de compenser l’absence de tension par ses partitions. Mais le pire réside avant tout dans l’interprétation des acteurs. Sans doute est-ce parce que Brendan Fehr a des faux airs de David Duchovny (le talent en moins, la tête à claques en plus) qu’il pète plus haut que son cul ; toujours est-il que le comédien ne sait pas faire autrement que surjouer. Brad Rowe fonce tête baissée dans les clichés que le scénariste a réservé à son personnage. John Savage s’en sort correctement si l’on occulte son manque d’investissement. Le rôle de blondasse un peu cruche va comme un gant à Crystal Buble. Quant à Allison Lange et Lorne Stewart (Christina et son frère), chacun parvient au mieux à atteindre la qualité de prestation de mauvais acteurs de sitcom, au pire à jouer comme deux pieds gauches.



Avec ses passages à vide et ses longueurs considérables, Christina’s House est le genre de métrage idéal pour faire la sieste un dimanche après-midi, après un repas copieux. Vous pourrez sans problème vous endormir à la 2e minute et vous réveillez après une heure de temps, vous n’aurez rien loupé puisque l’histoire n’aura de toute manière pas avancer d’un centimètre. Pour ceux qui n’auraient pas d’occupation annexe, mieux vaut passer à autre chose !



NOTE : 7.5/20