ALONE IN THE DARK (2004) Réalisé par
Uwe BollÉcrit par
Elan Masta, Michael Roesch & Peter ScheererMusique de
Bernd WendlandtAvec
Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Will Sanderson, Ed Anders, Robert Bruce, Daniel CudmoreIl fallait s’attendre au pire ! Après nous avoir chié l’un des plus immondes navets que l’industrie du cinéma ait connu (
House of the Dead, je le rappelle pour ceux qui ont la chance de ne pas l’avoir vu ou de ne pas s’en souvenir), voilà qu’
Uwe Boll s’attaque à une nouvelle adaptation de jeu vidéo. On pourrait croire les producteurs complètement fêlés d’encourager son projet ; et pourtant, sans dépasser le stade de la série B dispensable, force est de reconnaître que
Alone in the Dark se montre moins catastrophique que
House of the Dead (challenge pas très dur à surmonter, me direz-vous) et qu’il distrait suffisamment son auditoire.
Même
Uwe Boll y met du sien pour ne pas retomber dans les travers de son précédent f… de son précédent morceau de pellicule. Ainsi, le « cinéaste » (terme à prendre avec beaucoup de réserve) soigne son approche à l’aide de plans astucieux et de prises de vue honorables (la séquence en
Bullet Time). D’un autre côté,
Boll n’a pas pu masquer entièrement son mauvais goût. Et des éléments – tels que ces gunfights soporifiques, ces combats à mains nues sur-chorégraphiés, ce montage très approximatif, cette bande-son basique et sans aucun charme, ces effets spéciaux puant le numérique à deux sous ou ces litres de faux sang un peu trop rouges pour être crédibles – nous rappellent subitement qui tient les rênes du projet.
Et l’on discernera les mêmes handicaps du côté du scénario et des acteurs.
Christian Slater patine dans la choucroute à force de jouer les gros bras.
Tara Reid ne s’aventure pas au-delà du statut d’héroïne peroxydée que lui réserve son rôle.
Stephen Dorff et les acteurs secondaires qui l’accompagnent se complaisent à merveille dans la peau de ces hommes d’action au texte très limité… En parlant de texte, le trio de scénaristes nous réservent un script guère original, pompant ici et là
Alien (le nom et l’aspect des créatures),
Alien 3 (le monstre suspendu derrière le soldat)
Alien : Résurrection (les recherches et les autopsies effectuées sur les Xénomes) et
Resident Evil (les membres de l’unité 713 ressemblent un peu trop à l’élite des S.T.A.R.S.), pour un produit final que l’on pourrait croire à mi-chemin entre
Mission Impossible et la série
Poltergeist…
De surcroît,
Masta, Roesch et
Scheerer n’évitent à aucun moment les écueils de ce type de production. Au spectateur donc de faire abstraction de ces dialogues crétins, de ces personnages désincarnés, de cette relation amoureuse prévisible et pathétique qui unie nos deux héros, et de cette narration pourvue d’une voix-off rasoir. Cependant,
Alone in the Dark révèle aussi une dimension psychanalytique sous-jacente, très probablement involontaire mais tout de même présente. La peur du noir – envisagée ici comme une protection contre les Xénomes – fait étrangement penser aux phobies infantiles servant à sublimer le mystère et l’angoisse de la sexualité adulte. D’ailleurs, le héros ne prétend-il pas avoir refoulé ce qu’il s’est passé durant son enfance, de la même manière qu’un enfant, aux alentours de ses 6 ans, refoule sa curiosité sexuelle pour la retranscrire dans les activités scolaires ?
En bref,
Alone in the Dark n’est pas le ratage que l’on était en droit de craindre.
Uwe Boll s’est calmé sur la réalisation ; la musique s’avère moins inaudible que celle de
House of the Dead ; le scénario reste très cliché mais il divertit un minimum ; les acteurs sont presque crédibles. Toutefois, le résultat est insuffisant pour décoller de la moyenne…
NOTE : 10/20