Dark City (1998) Réalisé par
Alex ProyasÉcrit par
Alex Proyas, Iem Dobbs & David S. GoyerMusique de
Trevor JonesAvec
Rufus Sewell, Kiefer Sutherland, Jennifer Connelly, Richard O’Brien, Ian Richardson, William HurtSYNOPSISJohn Murdoch se réveille dans une chambre d’hôtel et découvre à ses côtés le cadavre d’une femme. Il ne se souvient ni de la nuit passée avec elle ni de celles qui l’ont précédée : il a perdu la mémoire. Traqué par la police qui le soupçonne de meurtres en série et poursuivi par les Étrangers, des êtres mystérieux aux pouvoirs terrifiants, il cherche à retrouver son identité. Mais dans cette ville où la réalité n’est qu’illusion, la vérité est au-delà de toute imagination…Si seuls les amateurs de Science-Fiction y trouveront leur compte,
Dark City n’en demeure pas moins un film brillant. Brillant par son originalité, son intelligence, son fond comme sa forme, sa réflexion sur le monde et la condition humaine. Introduisant au passage des préoccupations psychotiques majeures : sommes-nous véritablement qui nous sommes ? Quelqu’un nous surveille-t-il ? Nous contrôle-t-il ? La réalité est-elle vraiment ce qu’elle est ou simplement le fruit de notre perception ? Tout autant de questionnements et d’inquiétudes qui ont fait basculer nombre de gens ordinaires dans la folie. Pour illustrer ces réflexions,
Alex Proyas – préparant alors le terrain pour son excellentissime
I, Robot – nous fait partager le parcours de John Murdoch. Seul être humain doué de synthonisation, ce pouvoir qu’ont les Étrangers de modifier le monde à leur guise. Peu à peu, Murdoch se rend compte que chacun vit la vie d’un autre, que les souvenirs de tout un chacun furent inoculés par les Étrangers.
Proyas instaure à son métrage une esthétique aussi couillue que marginale. Jouant sans cesse avec les différentes teintes de bleu, l’ombre et la lumière, les divers niveaux d’obscurité, opposant les couleurs vives des êtres humains à la fadeur des Étrangers. Ce qui peut faire défaut à
Dark City, ce sont peut-être ses effets spéciaux aujourd’hui désuets. Mais ce sont ceux-là mêmes qui font également tout le charme du film. La réalisation de
Proyas n’hésite pas à s’appuyer sur la musique de
Trevor Jones pour décupler son impact.
Jones nous offre des thèmes à la fois grandioses, puissants, mélodieux et inquiétants.
Les acteurs s’avèrent indubitablement convaincants. Chacun sait tenir son rôle et dévoile une performance sans fausse note.
Kiefer Sutherland est tout bonnement excellent dans le rôle du Dr Schreber. Là où le casting fait défaut, c’est probablement du côté de
Rufus Sewell. Non pas que sa prestation soit mauvaise, loin de là, mais l’évolution de son personnage apparaît en décalage avec l’acteur.
Sewell comme Murdoch n’ont pas l’étoffe d’un être supérieur, juste celle d’un gars simple, paumé et différent des autres. Mais de là à en faire le « sauveur de l’humanité », on peine à y croire.
Quoiqu’il en soit,
Dark City s’impose comme un métrage de SF hors-pair, inégalable. L’histoire est tordue au possible mais magnifiquement bien pensée. Nul doute que
Dark City inspira les Frères
Wachowsky pour leur
Matrix et pourquoi pas
Robert Rodriguez pour la réalisation de
Sin City. Si le produit final ne comporte pas toute la magie d’
I, Robot,
Dark City est une œuvre jusqu’au-boutiste révélant au grand jour les nombreux talents d’
Alex Proyas.
Réalisation : 4.5/5
Histoire : 4/5
Musique : 4/5
Acteurs : 4/5Note : 16.5/20(Pour découvrir la vérité, Murdoch fait appel au Dr Daniel-Paul Schreber. Pour la petite anecdote,
Daniel-Paul Schreber a vraiment existé. Il a écrit
Mémoires d’un Névropathe, racontant sa propre histoire, mais surtout son propre délire. En effet,
Schreber, alors qu’il était Président de la Cour d’Appel de Dresde, était persuadé que Dieu le changeait en femme pour féconder le monde, qu’Il était relié à lui par l’intermédiaire des nerfs.
Schreber incarne une figure importante dans le milieu de la psychanalyse. Son cas fut d’ailleurs étudié par
Sigmund Freud lui-même, disponible dans son recueil
Cinq Psychanalyses pour info. Fermons la parenthèse.)