SCANNERS (1980) Écrit & Réalisé par
David CronenbergMusique d’
Howard ShoreAvec
Stephen Lack, Jennifer O’Neill, Michael Ironside, Patrick McGoohan, Lawrence Dane, Charles Shamata, Adam LudwigSynopsis :L’organisation secrète ConSec a mis au point un « Scanner », un être aux pouvoirs psychiques surnaturels. Mais, au cours d’une expérience destinée à prouver sa force, l’individu explose, victime d’un autre Scanner créé par une organisation rivale. Pour la ConSec, une seule solution : mettre la main sur un Scanner surdoué, capable d’identifier et de détruire le groupe concurrent.Avec
Scanners,
David Cronenberg met à nu l’une de ses œuvres les plus marquantes. Gore, intense, tendu,
Scanners amène une tout autre facette de la télépathie. Ici, la perception de voix internes n’est pas un gagne-pain pour médiums et charlatans en tout genre, mais une véritable souffrance pour le Scanner qui les reçoit – au même titre que les hallucinations auditives chez le psychotique. Contrôlé, un tel pouvoir devient une arme puissante mais réduit son hôte à l’état de cobaye pour les scientifiques ou les personnes avides de gloire et d’autorité. Pour le coup,
Scanners pourrait s’interpréter comme la transition entre
Rage (pour son côté clinique et son rapport à la psychopharmacologie) et
Videodrome (pour le rapprochement effectué entre le cerveau humain et l’ordinateur, la machine). À noter que la création de nouveaux Scanners par l’injection d’Ephemerol aux femmes enceintes, tel qu’avancée dans le film, sera reprise bien des années plus tard dans la saison 9 d’
X-Files – au cours de laquelle une formule chimique est mélangée à l’eau de la ville pour créer une nouvelle race de super-soldats chez les consommatrices enceintes.
Concernant le scénario,
Cronenberg ne vise pas l’étalage de scènes gore, gratuit et facile, auquel on aurait pu s’attendre. Tout au contraire, le cinéaste parvient à doser efficacement ce contenu sanglant pour mieux se concentrer sur l’intrigue en elle-même et l’évolution psychologique du personnage central. Il serait idiot de bouder notre plaisir pour autant. Tandis que certains reprochent à
Cronenberg d’avoir trop espacé les séquences gore de
Scanners, le métrage n’en vaut pas moins son pesant de cacahuètes en la matière. De cette implosion crânienne (culte) à ce face-à-face ultime entre les 2 Scanners – où s’enchaînent gonflement et explosion de veines, arrachage d’une partie du visage, liquéfaction de la cage thoracique, implosions oculaires, et chairs calcinées – ; en passant par des fusillades tournant à la boucherie pure et dure.
Contrairement à d’autres œuvres du réalisateur telles que
Crash et
Frissons, le score musical de
Scanners se trouve en parfaite adéquation avec l’image. Alors qu’il nous convie généralement à des compositions monotones, voire lassantes,
Howard Shore dessert ici une bande-son magistrale, pondérant avec minutie le thème principal (grandiose) et des sons stridents, plus expérimentaux. Un accompagnement atypique, décuplant la force du visuel de
Cronenberg – quoique encore balbutiant si on le compare à ses métrages ultérieurs. Enfin,
Scanners met en scène des acteurs convaincants dans l’ensemble, en dépit d’imperfections notables.
Michael Ironside, une fois n’est pas coutume, prête à son ego (Darryl Revok) son faciès unique et toute sa prestance.
Jennifer O’Neill (Kim) se permet une prestation des plus justes et des plus remarquables. De leur côté,
Stephen Lack (Cameron Vale) et
Patrick McGoohan (Dr Ruth) tiennent une performance honorable mais gâchée par l’attitude trop caricaturale de leur personnage respectif.
Sans atteindre le rang de chef-d’œuvre (mais sans aucun doute celui de film culte !),
Scanners marque une date importante dans la carrière de
David Cronenberg. Le début d’une longue collaboration avec l’univers de la bizarrerie et du gore crasseux, et qui trouvera son point d’orgue 2 années plus tard dans les griffes de
Videodrome.
Réalisation : 3/5
Histoire : 4.5/5
Acteurs : 3.5/5
Musique : 5/5Non content de porter des lunettes noires XXL au beau milieu d'un laboratoire, il faut en plus que le figurant nous fasse voir la ficelle qui tire sa chaise...Non mais des fois !! Note : 16/20