Hellraiser V : Inferno (2000) Réalisé par
Scott DerricksonÉcrit par
Paul Harris Boardman & Scott DerricksonMusique de
Walter WerzowaAvec
Craig Sheffer, Nicholas Turturro, Nicholas Sadler, Matt George, Noelle Evans, Sasha Berrese, Doug BradleyAprès la SF poussiéreuse (
Le Pacte), le film d’horreur (
Hellbound), le grand-guignol (
Hellraiser III) et le fantastique futuriste (
Bloodline),
Hellraiser s’essaie au thriller horrifique via cet
Inferno. Un inspecteur, Joseph Thor, mène l’enquête sur un dénommé Ingénieur, personnage mystérieux venant d’enlever un enfant, laissant des traces derrière lui pour jouer avec les nerfs dudit inspecteur. Peu à peu, Joseph commet des faux-pas qui le conduiront tout droit à la folie comme en Enfer… Tiens, mais j’y pense : où est Pinhead dans tout cela ? Comment ça, il n’apparaît que 5 minutes dans l’ensemble du métrage ? On est dans un
Hellraiser, oui ou merde ? Bon d’accord, on aperçoit des Cénobites de temps en temps – quoiqu’un humanoïde au visage immaculé, sapé comme un motard et qui s’amuse à faire des vidéos de ses propres meurtres, j’appelle pas ça un Cénobite ! – mais c’est bien Pinhead que l’on aperçoit sur l’affiche, à ce que je sache…
Puisque Pinhead se contente d’apparaître uniquement en guest-star et que les Cénobites sont d’affreuses caricatures, on peut compenser la perte avec les autres personnages de l’épisode, j’espère ? Non-plus ?! Ah oui, merde, en effet. Un flic qui sniffe de la coke, se tape des putes, délaisse sa famille, se la joue intellectuel avec des questions existentielles et des énigmes à dormir dehors, qui nous raconte ses malheurs et ses tourments en voix-off – histoire de plagier
Max Payne à 100% –, qui combat des karatékas habillés en cow-boy, qui est campé par un
Craig Sheffer horriblement pathétique et incapable de retranscrire la moindre émotion ; dans le genre clichés bruyants, on ne fait pas mieux. Remarquez, le protagoniste ne fait pas le voyage seul. À ses côtés, on trouvera un coéquipier qui attend de se faire poignarder dans le dos pour tenter d’arrêter son collègue en dérive. Un psychiatre affilié à la brigade criminelle – déjà, j’ignore depuis quand ce sont des médecins de formation qui doivent suivre des flics en consultation, mais bon… –, bourré de stéréotypes et de non-sens (le type semble habiter dans son bureau !). Et même la pute que va voir l’inspecteur agit de manière biaisée – cette conne embrasse le client, l’enlace tendrement, et jouit comme une pucelle durant leur acte de chair !!!
Visiblement, le but de
Derrickson et
Boardman n’était pas de contribuer à l’évolution de la saga
Hellraiser (comme avait su le faire
Peter Atkins dans les 3 segments précédents). Le film tourne autour de l’inspecteur, de sa psychose latente et de son enquête ; les références aux autres opus sont traitées en de brèves anecdotes (la boîte dorée par-ci, l’apparition furtive d’un Cénobite par-là) ; et l’on pourrait penser à un thriller tout ce qui a de plus commun sans ces clins d’œil concis. Quant au final, l’on pourra y déceler une vision de l’Enfer plutôt intéressante – le flic est condamné à revivre son cauchemar éternellement, sans issue possible – mais pourrie par un scénario tournant en rond, usant des flashes-forward à outrance. Mais ce final nous laisse également dans une grande incertitude à propos du score du film. Tandis qu’il se cantonnait à un accompagnement musical digne d’un téléfilm du dimanche tout du long,
Walter Werzowa semble se réveiller en fin de parcours pour nous balancer un thème sublime (composé d’attaques grandioses et de chœurs prenants) à travers la tronche. Entre deux déceptions,
Scott Derrickson se révèle être meilleur réalisateur que scénariste. Si le rendu n’irait pas casser 3 pattes à un canard, force est de déceler des passages couillus (l’arrivée dans l’hôpital, en particulier) non-négligeables.
Ne vous y trompez pas pour autant,
Hellraiser V est une arnaque en bonne et due forme. Un personnage principal rasoir, des acteurs au rabais, une histoire bafouant la série des
Hellraiser, une musique inégale, des invraisemblances à en pleuvoir, et deux auteurs qui nous prennent pour des cons. À peu de choses près, on se croirait dans
Halloween 3…
Note : 7/20