RAMBO III
(1988) Réalisé par
Peter MacDonaldÉcrit par
Sylvester Stallone & Sheldon LettichMusique de
Jerry GoldsmithAvec
Sylvester Stallone, Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spiros Focas, Sasson Gabai, Doudi Shoua, Randy Raney, Marcus GilbertSYNOPSIS :Rambo s’est retiré dans un monastère bouddhiste thaïlandais. Le colonel Trautman réclame son aide pour une dangereuse mission en Afghanistan. Rambo refuse. Mais lorsqu’il apprend que son ami a été fait prisonnier par les Soviétiques, Rambo déferle comme un ouragan sur ses ennemis. Déterminé, il s’attaque à toute une armée sans oublier son objectif premier : récupérer Trautman.- « Qui êtes-vous ?
- Ton pire cauchemar. »
Avant que la Guerre Froide ne tire sa révérence,
Stallone et
MacDonald se chargent d’affirmer la toute-puissance du continent américain vis-à-vis de l’URSS par l’intermédiaire de
Rambo III, mettant en scène – comme le précédent film – un nouveau conflit entre armée russe et soldats états-uniens. Si l’opus de
Peter MacDonald perd heureusement le patriotisme gerbant de
Rambo II, son scénario ne se soumet pas moins aux poncifs habituels. Ainsi, il faudra s’accoutumer, sur un premier versant, aux sempiternels soviétiques sadiques, cruels et souvent écervelés (le gros dur étranglant Rambo avant d’exploser en mille morceaux pendu au bout d’une corde) – réservant par ailleurs des tortures somme toute gentillettes à leurs prisonniers américains – ; et, sur un autre versant, aux clichés de Moudjahidin afghans, distribuant de jolis discours moralisateurs et pacifiques…
Le scénario de
Rambo III a beau ne pas aller au-delà des stéréotypes de base, il s’avère bien moins grand-guignolesque que celui de son prédécesseur. Certes, subsistent l’aspect héroïque et increvable du protagoniste, des apparitions très théâtralisées (le surgissement de l’eau, la préparation au combat – parodiée à la perfection dans
Hot Shots 2) et certaines lacunes en guise d’originalité (l’interrogatoire musclé de Trautman n’est que la copie fébrile des tortures subies par Rambo dans le volume de 1985, et le passage où Rambo cautérise sa plaie n’est que la version amplifiée du moment où il recousait son bras dans le premier
First Blood). Ceci étant,
Sylvester Stallone et
Sheldon Lettich se sont limités à des scènes d’action indéniablement tonitruantes (la bataille finale) mais avant tout plausibles (si l’on ferme les yeux sur l’affrontement entre le tank et l’hélicoptère…).
Il faut dire que
Peter MacDonald s’y prend un peu mieux que son collègue
George Cosmatos. La mise en scène ne se montre pas aussi efficace que celle de
Ted Kotcheff, rabâche souvent les mêmes plans (ne cadrant que les yeux du héros, ou Rambo se précipitant, à pied ou à cheval, vers la caméra tandis qu’il fuit une explosion) et pâtit parfois d’une platitude pesante. Mais le réalisateur livre aussi d’alléchantes prises de vue aériennes (la poursuite des hélicoptères, le mitraillage des rebelles afghans, les mouvements de grue au-dessus du tank) et des scènes de guerre burnées, préfigurant le carnage sans ambages de
John Rambo. Dommage que le produit de
Peter MacDonald réponde plus fréquemment aux attentes des producteurs qu’à un investissement personnel et créatif.
Rien de transcendant du côté des acteurs.
Sylvester Stallone se la pète moins que dans
Rambo II mais a définitivement oublié le caractère sensible et traumatisé de son personnage-fétiche. Et les rôles secondaires apparaissent plus pathétiques que véritablement touchants. Il est juste appréciable de voir
Richard Crenna se lâcher un peu en laissant tomber son imperméable et un jeu rigide au profit d’un retour sur le front et d’une prestation enfin à la hauteur du comédien.
En marge de ses collaborateurs,
Jerry Goldsmith nous convie à ce qui pourrait être à la fois la synthèse et la suite des deux précédents chapitres. D’une part, le compositeur approfondit et remodèle les thèmes-phare de la saga (
Another Time reprenant les airs de
It’s A Long Road ;
The Showdown faisant écho aux partitions ronflantes de
Rambo II). De l’autre,
Goldsmith introduit des mélodies enivrantes (
Afghanistan) et des thématiques tribales détonantes (
Preparations, Pesha War, The Game). Malheureusement, le montage de
Rambo III a tendance à minimiser la puissance du score et à privilégier un visuel déjà moins accrocheur…
Plus convaincant que
Rambo II, moins réussi que le
First Blood original, le volet de
Peter MacDonald se révèle inégal mais permet de clore la trilogie
Rambo sous des auspices favorables. Et, 20 ans plus tard,
Sylvester Stallone fera renaître la saga de ses cendres pour lui redonner encore plus d’éclat. Merci,
Sly.
NOTE : 13.5/20