RAMBO II : LA MISSION
(Rambo – First Blood Part II) – 1985 Réalisé par
George Pan CosmatosÉcrit par
Sylvester Stallone & James CameronD’après une histoire de
Kevin JarreMusique de
Jerry GoldsmithAvec
Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Steven Berkoff, Julia Nickson-Soul, Martin Kove, George Cheung, Andy Wood SYNOPSIS :Condamné aux travaux forcés, John Rambo est libéré à condition de retourner au Viêt-Nam rejoindre les prisonniers américains qui y sont encore gardés. Il retrouve le camp et outrepasse sa mission en libérant un de ses compatriotes. Désavoué par les autorités américaines puis capturé et torturé par l’armée vietnamienne, Rambo parvient finalement à s’échapper…« Cette fois, on y va pour gagner ? »
On ne s’y trompera pas : le fait que
James Cameron et
Sylvester Stallone planchent sur le scénario de
Rambo II assure au spectateur la découverte d’une suite explosive. Mais s’il est indéniable que la présence d’un réalisateur de blockbusters et d’une icône du cinéma de guerre des années 80 se ressent dans la
quantité de scènes d’action, il en va tout autrement au sujet de la
qualité de l’œuvre globale. Et, autant les imperfections notables du premier volet se trouvaient noyées dans la force et l’originalité qu’il véhiculait, autant les surenchères permanentes du film de
Cosmatos tendant à ridiculiser l’ensemble, contraignant par la même occasion
Rambo II à appartenir à une période cinématographique révolue.
En réalité, on ne saurait déterminer avec exactitude si la cause revient à la prestation de
Stallone, au scénario ou à la mise en scène de
George Cosmatos… Sans doute un peu des trois. Avec, d’un côté, un script qui vomit des clichés gnangnan (la relation amoureuse entre Rambo et l’espionne) ou patriotiques (la tirade finale, faisant presque honte au roman de
David Morrell) et qui multiplie les exagérations (Rambo surgissant subitement de l’eau pour grimper à bord de l’hélicoptère, ou faisant semblant d’être mort pour surprendre son adversaire, ou encore se recouvrant entièrement de terre en deux-temps trois-mouvements pour mieux se fondre dans le paysage) ; de l’autre côté, une réalisation sans saveur, s’évertuant davantage à filmer de près – et jusqu’à l’usure – la musculature de l’acteur principal qu’à soigner sa tenue de caméra (répétitive et plus que basique) ; et, au milieu de ces deux extrêmes, un
Sylvester Stallone qui prend visiblement beaucoup de plaisir à exagérer le côté (super)héroïque de son personnage – bien loin de la prestation rigoureuse et investie dont il faisait montre dans le premier chapitre. De surcroît, la tournure initiale que prend le scénario de
Stallone et
Cameron demeure plus que discutable. En effet, vu la personnalité décrite dans le premier
First Blood, on voit mal Rambo accepter de retourner combattre au Viêt-Nam, surtout pour faire honneur au drapeau américain…
Un constat plutôt regrettable, en somme, d’autant plus que
Rambo II ne se dispense pas de tout intérêt pour les fans de l’opus de 1982. Car, bien que l’action se déroule trois ans plus tard, le métrage de
George Cosmatos se veut une préquelle maquillée du
Rambo de
Ted Kotcheff – d’ailleurs, il ne fait aucun doute que ce deuxième volume aurait constitué un retour en arrière en bonne et due forme s’il avait été réalisé à notre époque. Ainsi, cette suite nous permet d’assister à la fois aux tortures infligées à Rambo, aux compétences surpuissantes de cet ex-béret vert, à la trahison et aux manigances orchestrées par l’armée américaine. Autant d’éléments qui étaient déjà succinctement abordés dans le
First Blood original.
Jerry Goldsmith, de son côté, s’engage autant à respecter la ligne conductrice de ses compositions de 1982 (en exploitant plus en avant le thème principal de l’œuvre) qu’à adapter son travail au matériau proposé (via des partitions ronflantes et nerveuses). Malheureusement, à trop vouloir s’harmoniser avec le rendu graphique de
Rambo II,
Goldsmith fait lui aussi dans la surenchère (tout particulièrement avec les morceaux
Preperation et
Bowed Down) et perd rapidement de sa superbe.
Au bout du compte, le film de
George Cosmatos dénombre tellement de défauts que ces derniers lui donnent un certain charme et confèrent un brin de nostalgie à ce second numéro. Il est indéniable que
Rambo II appartient à une autre époque et qu’il restera à jamais tapi derrière l’ombre de son aîné (et de son cadet). Mais qui pourrait blâmer les gamins de la génération 80 de prendre leur pied devant un tel spectacle ? Nostalgie, quand tu nous tiens…
NOTE : 12/20