Le Dernier Exorcisme (The Last Exorcism)

Sur le papier, Le Dernier Exorcisme s’avérait prometteur, que ce soit d’un point de vue narratif (regrettant d’avoir indirectement commis la mort d’un enfant, un exorciste décide d’exposer les arnaques de sa pratique mais doit désormais faire face à un vrai cas de possession démoniaque) ou que ce soit d’un point de vue esthétique (un docu-menteur, idéal pour faire flipper l’audience). Seulement, un gouffre sépare clairement le projet initial du résultat final.

Premier souci, Daniel Stamm voudrait croiser L’Exorciste (l’histoire tourne autour d’un pasteur et d’une adolescente possédée) et Le Projet Blair Witch (le tout est filmé à la manière d’un reportage TV) mais le cinéaste n’a ni l’étoffe ni le savoir-faire de William Friedkin ou du duo Myrick/Sanchez.
Stamm a beau avoir signé une œuvre similaire par le passé (A Necessary Death ― qui a d’ailleurs motivé le choix d’Eli Roth pour la mise en scène du Dernier Exorcisme), le bonhomme ne semble avoir rien compris au style visuel qu’il utilise. Avant tout, ce n’est pas parce que l’on est censé assister à un documentaire que l’on doit se coltiner des flous incessants, des réglages de focus très grossiers et des plans exagérément branlants ! Un coup d’œil sur la facture visuelle des reportages télévisuels actuels aurait suffi à contourner cet écueil massif qui, inévitablement, salit le rendu esthétique et fatigue rapidement le spectateur.
De surcroît, Daniel Stamm n’est même pas foutu d’assumer ses choix de mise en scène jusqu’au bout. De fait, une bande-sonore a été ajoutée à ce qui est censé être du direct. Les cadrages (légitimes et compréhensibles) du cameraman alternent régulièrement avec des contre-champs et des plans d’insert, qui rendent le spectacle techniquement incohérent en supposant la présence d’un second cadreur. Qui plus est, la présence de la caméra ne trouve pas toujours de justification valable.

Second handicap majeur du métrage : Le Dernier Exorcisme ne suscite pas le moindre frisson ! Le scénario de Botko et Gurland repose sur des scènes d’effroi convenues et inefficaces, quand celles-ci ne sont pas carrément absurdes ou piquées à des métrages précédents ― à l’image de la séquence où la possédée écrase un chat à coups de caméra (sans briser l’optique, trop balèze !), directement volée au [REC] de Balagueró et Plaza.
En outre, au moment même où l’histoire semble (enfin) commencer et donc cesser les scènes de remplissage pour apporter un dénouement en bonne et due forme, Le Dernier Exorcisme tire brusquement sa révérence, de surcroît par l’intermédiaire d’un final prévisible, sans saveur ni surprise, et aussi inefficace que le reste de l’œuvre.

En somme, que retenir de positif du film de Daniel Stamm ? En dehors de quelques scènes appréciables (les passages où Cotton Marcus explique solennellement les trucs et astuces de son « métier »), de compositions discrètes mais qui font leur petit effet, et de la performance magistrale d’Ashley Bell (touchante lorsqu’elle joue les jeunes filles innocentes et ingénues, troublante lorsqu’elle simule la folie), rien ne semble pouvoir sauver Le Dernier Exorcisme du naufrage. Mieux vaut revoir en boucle L’Exorciste et Le Projet Blair Witch qu’accorder une seule seconde à la purge de Daniel Stamm !