La Chose (The Thing) – 1982Réalisé par
John CarpenterÉcrit par
Bill LancasterMusique d’
Ennio MorriconeAvec
Kurt Russell, A. Wilford Brimley, T.K. Carter, David Clennon, Keith David, Richard Dusart, Charles Hallahan, Peter Maloney, Richard Masur, Donald Moffat, Joel Polis, Thomas Waites En visionnant
The Thing, on se dit que
John Carpenter avait plus qu’un clin d’oeil anodin en tête lorsqu’il faisait regarder
La Chose d’un Autre Monde aux deux gamins d’
Halloween, 4 ans plus tôt. À l’heure actuelle, si
The Thing n’est après tout qu’un film d’horreur/SF sans prétention, on ne peut que lui reconnaître son statut de précurseur en la matière. Ainsi, il y a fort à parier que l’œuvre de
Carpenter ait inspiré
David Cronenberg pour son remake de
La Mouche – n’oublions pas que la version de 1986 reprend les grandes lignes d’un film des années 50 pour y développer des thèmes radicalement différents et particulièrement gore ! Mais aussi
Alien 3 pour l’utilisation du chien comme hôte de la mutation. Et, bien sûr,
X-Files pour l’intelligence des fluides extraterrestres, le vaisseau enfoui dans la glace, la séquestration des scientifiques dans une station polaire (intégralement reprise dans l’épisode
Ice de la saison 1).
Précurseur, oui mais pas uniquement. En effet,
The Thing emprunte à son tour des éléments déjà existants. Tels que la possession d’un humain pour transporter un parasite et la combustion des corps pour y mettre fin (
Alien). L’usage de maquillages spéciaux craspec et gore (« propre » au cinéma de
Cronenberg, Fulci et
Romero – pour ne citer que ceux-là). Paradoxalement, c’est probablement de
La Chose d’un Autre Monde que
Bill Lancaster et
John Carpenter s’inspirent le moins pour bâtir cette version. À tel point qu’il serait impossible de déterminer si nous sommes en présence d’un remake, d’une fausse suite ou d’un film complètement à part. Hormis l’emploi des mêmes décors,
The Thing prend une tout autre direction scénaristique. Adieu l’humanoïde extraterrestre à la carrure imposante ; bonjour les formes d’insectes géants, les amas de chair, les mutations en tout genre, les mâchoires acérées et gigantesques. Aux oubliettes les meurtres gentillets et filmés hors-champ ; et place à de sordides exécutions d’animaux ou d’humains, à des décapitations écœurantes, des arrachages de membres, des corps en décomposition ou en pleine transformation. Finie l’happy-end de rigueur ; l’heure est à un final glacial, sans concession.
Au grand dam du fan de
Carpenter, le réalisateur lésine sur la créativité technique (si l’on excepte quelques prises de vue subjectives et mouvements de caméra bougrement réussis) pour laisser plus de place au génie des maquilleurs et concepteurs d’effets spéciaux. Un certain laxisme se fait également ressentir du côté de la bande-son. Non pas que le grand
Ennio Morricone ait perdu la main, loin de là ! Mais plutôt qu’il se contente d’un thème central ronflant pour garnir le score. De ce fait, les partitions collent convenablement au film de
Carpenter mais l’on était en droit d’espérer une bande-son plus vaste et plus diversifiée de la part du compositeur. Niveau casting, chacun sait se montrer convaincant en s’effaçant entièrement derrière le rôle qui lui est assigné – mention spéciale pour
Kurt Russell, jouant parfaitement juste. Et ce, bien que tous soient fustigés par la performance des husky
et bien que certains personnages n’échappent pas à un bon paquet de stéréotypes (le Black qui se la joue rebelle de bas étage, écoute de la soul, gambade uniquement en rollers, bon…).
Sans être le meilleur
Carpenter (
Halloween demeure indétrônable !) ni atteindre le rang de chef-d’œuvre,
The Thing n’a pas à rougir devant les classiques de la SF et de l’horreur. Évidemment,
The Thing cuvée 1982 n’a pas le charme du métrage de 1951 mais il présente au moins le mérite de prendre ses distances avec le produit original afin d’amener des thématiques nouvelles. Soit tout l’intérêt de faire un remake… N’est-ce pas, messieurs les producteurs ?!
Et vous, comment considérez-vous
The Thing ?
Note : 14.5/20