Escape from New York ― Expanded Score (2000) de John Carpenter & Alan Howarth

Loin d’être un orchestrateur, John Carpenter reste un compositeur d’ambiance avant tout. Dans la même mouvance que Halloween ou Christine, le score d’Escape from New York se compose ainsi majoritairement de courtes partitions tantôt inquiétantes, tantôt stimulantes, tantôt les deux à la fois, mais qui n’aspirent jamais à devenir des compositions à part entière, se contentant souvent d’un rythme, d’une boucle aguicheuse. Un parti pris qui sert évidemment le film mais a plutôt tendance à desservir ce score ; à un point tel que l’on peut se demander si, pour apprécier l’ouvrage, l’auditeur ne doit pas davantage compter sur la nostalgie qu’il éprouve que sur la qualité esthétique de ce qu’il écoute... C’est notamment vrai avec des titres comme Over the Wall ou Engulfed Cathedral et leurs notes suraiguës quasi inaudibles, comme Orientation ou Descent into New York, dont le tempo n’avance que d’un iota ou deux sur toute la longueur. Pis encore, l’album s’ouvre sur un Main Title à la fois vieillot et léthargique qui, au mieux, ressemble beaucoup trop à une version faiblarde du Love Theme de Terminator ou, au pire, à un générique de série TV du style de Madame Est Servie !

De petites exceptions viennent confirmer la règle : The Bank Robbery et Across the Roof se démarquent ainsi quelque peu de leurs homologues, le premier grâce à un beat funky complet, ayant su varier ses ambiances ― exactement ce qu’il manque à The Duke Arrives ou President in the Train ―, le second grâce à une composition de piano sublime, jouant brillamment les équilibristes entre poésie et effroi. Et puis, allons bon ! ne soyons pas mauvaise langue, il faut bien avouer que des morceaux comme Back to the Pod #2 / The Crazies Come Out n’ont rien perdu de leur efficacité ou de leur saveur, celui-ci en particulier puisqu’il marie habilement musique d’ambiance et bruitages.

Petite consolation pour les fans les plus nostalgiques, cette version Expanded regorge de répliques du film, de versions alternatives et même de gros délires comme Everyone’s Coming to New York ! Malheureusement, disons-le tout net, le score finit par être un brin emmerdant, la faute à des boucles simplistes et fainéantes qui accusent en sus le poids des années..