CABIN FEVER (2003) INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSRéalisé par
Eli RothÉcrit par
Eli Roth & Randy PearlsteinMusique de
Nathan Barr & Angelo BadalamentiAvec
Rider Strong, Jordan Ladd, James DeBello, Cerina Vincent, Joey Kern, Arie Verveen, Giuseppe Andrews2 ans avant le très bon
Hostel,
Eli Roth s’attelait à son premier long-métrage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que
Cabin Fever n’annonçait pas la carrière du jeune cinéaste sous les meilleurs auspices. Non seulement inintéressant, le scénario se viande de surcroît dans les poncifs du film d’horreur. Sur fond de décors et personnages secondaires à la
Massacre À La Tronçonneuse, une sempiternelle bande de jeunes troufions, adorateurs de feux de camp (
Vendredi 13, pour ne citer que celui-ci), part s’installer dans un chalet au cœur de la forêt (
Evil Dead). Troufions parmi lesquels l’on discernera le grand crétin du groupe, et les deux amis de longue date dont la future relation amoureuse sombrera dans une mièvre romance. N’oublions pas non-plus cette espèce de gamin autiste, se prenant pour un karatéka lors d’une séquence dont on perçoit mal la logique comme l’utilité… Alors oui,
Eli Roth rend ici hommage à ses films d’horreur favoris mais il en résulte un scénario décousu, au dénouement faiblement cohérent (mettre la barbarie naissante du protagoniste sur le compte de l’infection s’avère trop facile pour être crédible), au final très mal tourné en plus de copier honteusement celui de
La Nuit des Morts-Vivants (ce blaireau gueulant qu’il est sain et sauf hôte toute la subtilité du métrage de 1968), et ne sachant trouver son équilibre entre premier et second degré – les scènes de fin tournant d’ailleurs à la farce pure et dure alors que le film se voulait sérieux (et chiant) jusqu’ici.
Vous l’aurez compris ; par sa grande prévisibilité et son laxisme profond en matière de créativité,
Cabin Fever se montre soporifique dans le meilleur des cas, irritant dans le pire. L’histoire progresse si mollement qu’elle donne parfois l’impression d’y aller à reculons. Contrairement à
Hostel, les scènes de sexe (heureusement implicites) ne servent aucunement à instaurer une ambiance ou installer des sous-intrigues ; d’ailleurs, lesdites scènes ne servent strictement à rien si ce n’est tenter de réveiller les hormones d’un spectateur las. Et n’espérez pas échanger votre ennui contre des passages gore puisque
Cabin Fever n’en comporte aucun, hormis un « doigté poisseux » et une épilation sous-cutanée (tous deux assez déconcertants, il est vrai).
Loin de son score d’
Hostel (aussi terrifiant que sublime),
Nathan Barr alterne entre thèmes d’horreur basiques et musiques funky ou country guère stimulantes. Un académisme poussé, en somme, que rejoint volontiers un
Eli Roth réalisateur. Quelques prises de vue et mouvements de caméra exceptés, le produit final se trouve à mille lieues de la splendide réalisation d’
Hostel. Et, quitte à faire de l’académisme le maître-mot du film,
Cabin Fever « met en scène » (façon de parler, vu la légèreté de l’affaire…) des acteurs triés sur le volet, ni vraiment bons ni foncièrement mauvais mais très peu convaincants.
Romero, Del Toro, Carpenter, Tarantino… voilà des patronymes pour lesquels le premier long-métrage fut un coup de maître. Concernant
Eli Roth, c’est plutôt d’un coup dans l’eau dont il s’agit. Avec
Cabin Fever,
Roth se cherche encore et ne trouve pas son public. Heureusement, il y eut
Hostel…
Double cameo de la part d'Eli Roth
...Note : 10/20