CURSED
(2005) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSRéalisé par
Wes CravenÉcrit par
Kevin WilliamsonMusique de
Marco BeltramiAvec
Christina Ricci, Joshua Jackson, Jesse Eisenberg, Judy Greer, Scott Baio, Milo Ventimiglia, Kristina AnapauConsidéré comme un nanar foireux par l’ensemble des critiques et cinéphiles,
Cursed semble aller dans le sens des derniers efforts d’une poignée d’autres réalisateurs (
Brian Yuzna, Tobe Hooper, pour ne citer qu’eux). D’ailleurs, le fait que le scénariste du navrant
Souviens-Toi…L’Été Dernier soit derrière les mannettes vient conforter un peu plus nos craintes. Pourtant, sans se dégager du statut de série B pour ados, le film de
Wes Craven s’apprécie sans trop de difficultés et remplit correctement le cahier des charges.
Et ce, majoritairement grâce au second degré qui émane du script de
Williamson. En effet, si le ton stagne du côté du premier degré en début de métrage, le basculement s’effectue progressivement jusqu’à une explosion finale n’hésitant pas à recourir à l’humour burlesque pour illustrer son propos (le passage où la louve-garou fait un doigt d’honneur à
Christina Ricci est à mourir de rire !). De même,
Williamson ponctue
Cursed de séquences tantôt drôles (le coming-out de l’homophobe, l’apparition du chien-garou) tantôt sanguinolentes (les attaques du loup-garou, le cauchemar d’Ellie), séquences qui permettent au film de
Craven de ne pas (trop) susciter l’ennui chez son auditoire. Et l’amalgame entre la transmission de la lycanthropie et le virus du SIDA a au moins le mérite de montrer le mythe du loup-garou sous un autre jour.
Bien sûr,
Williamson ne pouvait pas mettre de côté toutes ses mauvaises habitudes d’écriture. Résultat : le scénariste n’a pas d’autre meilleure idée que d’inclure à nouveau un accident de voiture comme point de départ de l’histoire. L’ensemble du métrage se compose d’un développement sans aucune finesse, de retournements prévisibles, de moments de panique faciles (reposant entièrement sur des envolées musicales et des surgissements furtifs), de relations hermétiques entre des clichés d’ados mal dans leur peau. Du coup,
Cursed nous donne la fâcheuse impression que
Kevin Williamson (et
Wes Craven, par la même occasion) n’arrive pas à se défaire du registre du teenage movie.
D’autant que
Wes Craven ne prend même pas le temps de personnaliser son œuvre. Parfaitement anonyme, la mise en scène de
Cursed s’avère juste bonne à faire quelques clins d’œil à des métrages d’épouvante antérieurs. En sus,
Craven n’évite pas les bourdes techniques habituelles (les ordinateurs qui font bip-bip à la moindre manipulation n’est qu’un exemple parmi d’autres) et se contente souvent du minimum syndical pour donner vie au loup-garou de son œuvre (vive les effets spéciaux cheap et les costumes dégotés dans le farce & attrapes du coin !). De son côté,
Marco Beltrami ne se fatigue pas plus en composant un score basique qui passe inaperçu tout au long du film (alors que
Beltrami possède aussi d’indéniables talents de compositeur, comme le prouve la bande-son de
666, La Malédiction).
Alors oui,
Cursed est un film mineur, dépourvu d’originalité et de créativité. Mais il est certain que le métrage de
Wes Craven ne méritait pas tous les quolibets qu’il a reçus. Le produit ne crée pas de sensations fortes, certes, mais
Cursed se trouve être un divertissement des plus corrects. Surtout grâce à la performance – toujours aussi impeccable – de
Christina « Mercredi »
Ricci.
NOTE : 11/20