La Chose d’un Autre Monde
(The Thing from Another World) – 1951Réalisé par
Christian NybyÉcrit par
Charles LedererD’après l’histoire de
John W. Campbell, Jr. (
Who Goes There ?)
Musique de
Dimitri TiomkinAvec
Kenneth Tobey, Robert Cornthwaite, Margarat Sheridan, James Arness, Douglas Spencer, James Young, Dewey Martin, Robert Nichols, William Self, Eduard Franz, Sally Creighton Au cours d’une expédition polaire, des scientifiques découvrent un vaisseau spatial enfoui dans la glace. Après avoir fait exploser la coque, ils en extirpent le corps d’un humanoïde. Bientôt, le visiteur extraterrestre va reprendre vie et attaquer tout humain qu’il croise sur son chemin.
Typique des métrages de Science-Fiction des années 50,
La Chose d’un Autre Monde exhale un irrésistible charme. De cette musique grondante, imposante, signée
Dimitri Tiomkin. À cet Extraterrestre humanoïde, effrayant par tant de mutisme et de mystère. En passant par ces effets spéciaux diablement convaincants, supplantant même le travail de
Ray Harryhausen. Et par ce scénario élégamment construit, suscitant presque autant d’intérêt que d’admiration aux yeux du fana de SF d’antan.
Bien entendu,
La Chose d’un Autre Monde ne pouvait gagner la majesté des films de son époque sans en endurer les imperfections. Ainsi, le suspense tombe à plat la plupart du temps. Si les références divines se montrent plutôt discrètes, la suprématie de l'armée américaine sur les forces « étrangères » reste de mise. En sus de raccourcis, le script accumule sans gêne les facilités, telles que l'atomisation de la soucoupe volante écrasée pour « dégeler la glace et mieux voir l'appareil » (?!). D'autre part, le scénariste se voit presque contraint d’établir une relation amoureuse entre les deux personnages principaux (Nikki et Hendry).
Robert Cornthwaite (Dr Carrington) surjoue continuellement tandis que les autres acteurs récitent leur texte sans conviction ni intonation. Mais surtout, le débat sur la science (de rigueur) prend rapidement la forme de dialogues surfaits et débités à toute vitesse – il faut voir les protagonistes cracher leur paquet de répliques en moins de 10 secondes ! Ceci dit, au lieu de provoquer l’ennui, ce genre de vices ne fait qu’accroître le charme de l’œuvre. Tout comme cette traduction française tantôt littérale (des expressions ou termes anglais sont retranscrits bêtement en français) tantôt approximative.
Avant tout, le film de
Christian Nyby trouve toute sa résonance dans le contexte socio-politique de l’époque. 4 ans après l’affaire de Roswell, en plein climat de Guerre Froide, les Etats-Unis sont traversés par une vague de paranoïa, de doute, de trahison, de complot gouvernemental et de désinformation. Désormais, la menace ne vient plus du sol mais du ciel. D’aucuns sauront reconnaître, à travers cette fascination pour les soucoupes volantes et cette peur d’être envahi par l’Inconnu, les avatars de la bombe atomique et de la conquête de l’Espace. D’ailleurs, la réplique finale de
La Chose d’un Autre Monde n’est-elle pas : «
Surveillez le ciel. De jour et de nuit. Surveillez-le. Surveillez sans cesse le ciel » ?! Un bon moyen pour maintenir la paranoïa d’un peuple tout en nourrissant un imaginaire collectif…
De nos jours, une telle connotation politique fait plus sourire que réfléchir, mais elle ne participe pas moins à la puissance et au charme du film. S’il est principalement destiné aux fans de SF,
La Chose d’un Autre Monde s’impose également comme une œuvre culte que l’on aurait tort d’oublier.
Note : 15/20