Freddy – Les Griffes de la Nuit
(A Nightmare on Elm Street) – 1984Écrit & Réalisé par
Wes CravenMusique de
Charles BernsteinAvec
Robert Englund, Heather Langenkamp, Johnny Depp, John Saxon, Ronee Blakley, Amanda Wyss, Nick Corri Si, de nos jours, Freddy Krueger compte parmi les
boogeymen les plus mythiques (aux côtés de Jason Voorhees, Leatherface et Michael Myers), force est de constater qu’une telle réputation revient davantage à la longévité de la saga et à la marginalité du personnage qu’à la qualité des épisodes. Malgré un concept de départ n’ayant rien perdu de sa puissance – à savoir les meurtres commis par un tueur onirique, à la main gantée de lames, et au visage brûlé –,
Les Griffes de la Nuit souffre d’une forme un tantinet datée, au mieux tellement ringarde qu’elle en devient plaisante, au pire navrante. Un côté vieillot qui comprend donc : une mise en scène surfaite. Des dialogues simplistes – que la VF n’arrange pas, soit dit en passant (dont le superbe Nancy prononcé Nan-ssi !). Des partitions au synthé à la fois très kitsch et bourrées de charme. Ainsi qu’un script accumulant volontiers incohérences et exagérations ; en sus d’un dénouement plutôt grotesque (Nancy et ses pièges à la
MacGyver !) et d’une séquence finale rasoir (la disparition grand-guignolesque de la mère, le twist ultime, bon…). Tout ceci amenant à réévaluer le talent réel de
Wes Craven. Autant le cinéaste a définitivement marqué le monde de l’horreur de son sceau (grâce à
Scream, La Dernière Maison sur la Gauche, Les Griffes de la Nuit, pour ne citer que ceux-là), autant les scénarii et la réalisation mis en œuvre laissent souvent à désirer.
D’un autre côté, ces imperfections mises à part,
Wes Craven n’occulte pas à
Freddy son lot de scènes chiadées, exploitant intelligemment l’aspect fantasmagorique de l’histoire. Telles que la main gantée surgissant du bain, le sang jaillissant du lit de Glen, les pieds de Nancy s’enfonçant dans les marches de l’escalier, le spectre de Tina traîné dans le couloir, ou encore la silhouette de Freddy émergeant progressivement du mur. Tout autant de passages cultes qui nous rappellent avec force pourquoi
A Nightmare on Elm Street demeure un grand film d’horreur. D’autre part, il ne faudrait pas oublier que, détachés de cette mise en scène foutraque, les comédiens font preuve d’une performance respectable.
Robert Englund campe ni plus ni moins le rôle-phare de toute une carrière.
Heather Langenkamp et
John Saxon s’en sortent correctement. Et, quoiqu’il se trouve à des années-lumière de sa prestation pour
Pirates des Caraïbes,
Johnny Depp ne commet aucun faux pas.
Comme beaucoup de métrages horrifiques de cette génération,
Freddy n’échappe pas aux outrages du Temps. La forme en prend un coup dans les valseuses, le fond un peu moins. Pas de quoi remettre en cause le statut de culte revenant (à juste titre) à l’œuvre mais suffisamment pour que cette dernière perde de son impact. La période étant aux remakes et aux préquelles, l’on se dit qu’un bon dépoussiérage ne ferait pas de mal à
Freddy – à moins de remplacer
Robert Englund (dont le rôle reste indétrônable !) et d’oublier de corriger les erreurs notoires commises par
Craven en 1984… L’avenir parlera.
Note : 14/20