10x06 : La Vérité Est Ailleurs — 2e partie (My Struggle II) 1re diffusion américaine : 22 février 2016
1re diffusion française : 10 mars 2016
Écrit & Réalisé par
Chris CarterD’après une histoire de
Chris Carter, du
Dr Margaret Fearon & Dr Anne Simon ENFIN !
Enfin,
Chris Carter signe un épisode de qualité ! Ce qui ne lui était pas arrivé depuis… eh bien, depuis la fin de la série en 2002 ! Pourtant, le début n’augurait rien de bon. De fait,
Carter reprend le même début stupide que la première partie de ce diptyque en posant sur une table (d’opération cette fois puisque c’est Scully qui s’exprime) des captures d’écran des épisodes précédents ou des photos de promo. Même s’il vient compléter cette séquence par des flashes vidéo, l’ineptie est toujours aussi forte.
Mais rapidement cette 2
e partie prend un autre tournant. En effet,
Chris Carter parvient à réunir les anciennes et la nouvelle mythologies avec un certain brio. Parce qu’il opte pour une narration posée et limpide, les briques s’assemblent entre elles avec cohérence. Et, au lieu de renier les éléments mythologiques des premières saisons comme il semblait le faire dans l’épisode d’ouverture, le scénariste fait le pont entre ce nouveau complot tournant autour de la contamination de l’ADN par le gouvernement et tout ce qui touchait auparavant aux abductions, aux expérimentations faites sur Scully, au vaccin contre la variole… Ce faisant,
Chris Carter en profite même pour expliquer à demi-mot pour quelle raison l’apocalypse — qui devait ici prendre les traits d’une invasion extraterrestre planétaire — n’a pas eu lieu le 21 décembre 2012 ; en réalité, l’apocalypse a commencé mais sous une autre forme : la mort programmée d’une partie de la population par la manipulation de leur ADN.
Il est par ailleurs agréable de pouvoir retrouver l’agent Monica Reyes (
Annabeth Gish) même si sa participation reste encore anecdotique et même si l’on regrette de ne pas trouver l’agent Doggett à ses côtés. Sur ce point, on aurait largement préféré que ce soit Doggett et Reyes qui viennent en aide à Mulder et Scully plutôt que ces agents Einstein et Miller, fades et incarnés par des acteurs pas terribles (merde,
Lauren Ambrose joue maintenant comme un pied, quelle déception pour les fans de
Six Feet Under !). En faisant revenir Doggett et Reyes, nous aurions pu nous croire 13 ans en arrière quand ils mettaient tout en œuvre pour épargner à Mulder une condamnation à mort… Mais ça, c’était le bon temps ! Espérons que
Robert Patrick et
Annabeth Gish acceptent de rempiler si la série était amenée à se poursuivre dans une 11
e saison…
En tout cas, pour l’heure, tout s’éclaire et le spectateur retrouve vite d’anciennes sensations que seuls
Darin et
Glen Morgan étaient parvenus à nous faire retrouver jusqu’ici. Bon, tout n’est pas net non plus, il faudra encore nous expliquer les liens entre l’EBE retrouvée à Roswell et celles que nous avions connues dans la série jusqu’à maintenant (soit infestées d’huile noire, soit capables de prendre l’apparence de n’importe qui), la raison pour laquelle la demoiselle de l’épisode d’ouverture s’est fait exploser… Mais
My Struggle II redonne en tout cas un peu d’espoir à des fans qui en avaient marre de se prendre des douches froides depuis 2008.
Le fait que
Chris Carter signe un scénario de qualité nous permet aussi de comprendre ce qui dysfonctionnait en parallèle dans cette 10
e saison. En premier lieu, force est de constater que la musique de
Mark Snow n’est plus ce qu’elle était : froide, impersonnelle, tout juste fonctionnelle et jamais mélodieuse. Alors que
X-Files avait été la première série à témoigner de thèmes musicaux forts, nous nous retrouvons ici avec un score de très faible qualité, encore moins convaincant que celui d’
I Want To Believe, c’est dire !
L’autre élément qui frappe le plus est le manque cruel de personnalité de la série. Autrefois, vous pouviez tomber sur un épisode et reconnaître immédiatement la patte des
X-Files (même en l’absence de Mulder et Scully). Ici, la photographie est dépourvue de charme ; la technique est sans intérêt (alors que putain ! des réalisateurs comme
Rob Bowman, Kim Manners, David Nutter ou même
Chris Carter avaient su par le passé relevé la facture technique de la série) ; et la mise en scène s’engouffre dans les tics de la nouvelle génération des séries TV. Un dernier point particulièrement fort dans la scène de combat de l’épisode, filmée sans âme, où l’action prend le pas sur le suspense alors que la série avait toujours su faire l’inverse jusqu’à présent.
Enfin, la volonté de systématiquement vouloir contenter les fans en multipliant les clins d’œil finit par desservir l'entreprise au lieu de venir l'enrichir. Que des références soient disséminées ici et là tout en demeurant discrètes, oui cela reste plaisant — comme lorsque
Darin Morgan nous laisse ses fameux "
easter eggs" dans ses épisodes. Mais que
Chris Carter reprenne des séquences entières de la série, soi-disant pour faire plaisir aux fans (ou peut-être à soi-même plutôt...), ça n'est plus de l'ordre du clin d’œil : ça devient du réchauffé ! Ainsi, le séquençage du génome de Scully, la disparition de Mulder et son agression chez lui ont déjà été vus dans le diptyque
Redux ; l'apparition de L'Homme à la Cigarette en grand brûlé renvoie à une scène similaire où c'était lui, en version jeune, qui interrogeait un rescapé des radiations dans
L'Épave ; la confrontation entre Mulder et L'Homme à la Cigarette est un parallèle fait avec l'épisode
Coma (voir partie
ANECDOTES ci-dessous) ; ce final où un vaisseau extraterrestre vient survoler un pont où se trouve Scully a carrément été piqué à
Patient X ; et la projection de ce rai de lumière par un OVNI triangulaire sur l'un des protagonistes a lui-même été vu au tout début de la série, dans l'épisode
Gorge Profonde. Et j'en oublie certainement... Bref, au bout d'un moment, l'argument référentiel ne tient plus et cède la place à un grand manque de créativité.
Carter se serait-il permis une telle fainéantise il y a 13 ans ? Il suffit d'observer avec quelle inventivité il liait
Requiem à l'
épisode pilote pour se dire que non.
Cette 10
e saison se clôt donc sur un épisode imparfait mais néanmoins convaincant, qui donne envie d’en voir plus. À condition toutefois que
Chris Carter lâche un peu la bride et fasse revenir ceux qui avaient largement contribué à l’essor des
X-Files :
David Nutter, Rob Bowman, Vince Gilligan, Frank Spotnitz, Glen Morgan & James Wong, Darin Morgan et tous ceux que j'oublie !
NOTE : 14,5/20
ANECDOTESC'est la même rue que Mulder arpentait, seul au monde, dans l'épisode
Je Souhaite après qu'il ait souhaité la paix sur Terre... Alors qu'elle ait été déserte dans ce dernier, elle est ici noire de monde.
Toute la scène de confrontation entre Mulder et L'Homme à la Cigarette est un clin d'oeil explicite à l'épisode
Coma, dans lequel Mulder tenter de sauver non pas l'humanité mais Scully.
C'est la première fois que ces images sont réintégrées dans le générique. On ne les avait pas revues depuis la fin de la saison 7.