Evil Twins (Simon Says)

Alors, tentons de résumer la chose… Cinq jeunes — rappelant ceux de Massacre à la Tronçonneuse — partent à bord d’un van (qui ressemble à celui de Massacre à la Tronçonneuse) pour camper dans les bois, comme dans Vendredi 13. En cours de route, ces stéréotypes ambulants s’arrêtent à une boutique, aussi étrange que celle de Massacre à la Tronçonneuse, où un inquiétant vendeur — semblable à l’auto-stoppeur de Massacre à la Tronçonneuse — leur apprend que son frère jumeau est dangereux. Bien entendu, le spectateur rodé ou un tantinet perspicace comprend d’emblée qu’il n’existe pas (ou plus) de frère jumeau depuis longtemps et que nous avons à faire à un énième psycho killer tendance schizophrène. Mais bon, faisons comme si nous étions comme William Dear, c’est-à-dire dépourvus de matière grise…


En cours de route, nos jeunes crétins croisent un auto-stoppeur — oui, comme dans Massacre à la Tronçonneuse — mais, étant donné qu’ils ont déjà vu Massacre à la Tronçonneuse et que le scénariste ne voudrait surtout pas faire dans le réchauffé, nos joyeux drilles ne s’arrêtent pas et l’une des bimbos sans cervelle ni personnalité du groupe se contente de montrer sa poitrine à cet auto-stoppeur quelque peu décontenancé. Avant d’arriver à destination, tels les protagonistes de Massacre à la Tronçonneuse, nos cinq amis finis au jus de chaussette marquent une pause au cimetière du coin où d’inquiétants personnages — tout droit sortis de Massacre à la Tronçonneuse — nous content l’histoire de ce jumeau démoniaque, ayant décimé son frère et ses parents dans un violent accès de folie.


Une fois arrivés à leur campement de fortune — qui juxtapose un fac-similé de Cristal Lake —, les protagonistes s’empressent de se séparer. La greluche du lot s’en va faire un footing. L’adepte de la gonflette va chercher du bois dans la forêt, accompagné d’une salope de service qui se révèle être son ex, tandis que sa petite amie — une chieuse un brin trop prude, évidemment — reste seule au campement. Et, bien sûr, le drogué de la bande — qui n’a d’autres sujets de conversation que son herbe et l’état second dans lequel il se trouve en permanence — retourne à la boutique craignos, où il découvre une chambre froide — semblable à l’abattoir de Massacre à la Tronçonneuse —, contenant des corps humains en charpies.


Si le reste du script s’arrête temporairement de violer ses modèles, il redouble de facilités, de lieux communs et d’absurdités. Ainsi, après que la greluche partie courir se soit fait attraper par le jumeau psychopathe puis découper en morceaux et rassembler jusqu’à constituer un fétiche macabre — toute ressemblance avec la scène d’introduction de Massacre à la Tronçonneuse serait fortuite —, le scénariste comprend que son chef-d’œuvre prendrait rapidement fin s’il continuait sur cette lancée, ce qui constituerait une atroce déception pour le public. C’est pourquoi William Dear introduit inopinément de la viande fraîche à l’ouvrage : une autre bande d’amis, venus faire du paintball dans les bois, que le tueur de l’histoire s’empresse de zigouiller à coups de pioches — comme dans Meurtres à la Saint-Valentin.


Cette digression digérée, nous revoici donc avec nos quatre blaireaux de départ qui n’en finissent plus de se retrouver et de se séparer, et surtout d’agir avec le moins de cohérence possible. Au lieu de détaler comme des lapins, nos chers couillons préfèrent rester au campement. Lorsque le jumeau cintré vient les taquiner, nos quatre demeurés mettent des plombes avant de comprendre qu’il est le tueur. Du coup, la salope du groupe et la tête à claques bodybuildée se font massacrer grâce à d’ingénieuses machines confectionnées par le tueur, qui envoient des centaines de pioches en direction des proies. Des machines tellement ingénieuses d’ailleurs que le tueur n’a jamais besoin de les recharger en objets contendants… Il faut croire que le jumeau possède une fabrique de pioches dans le coin, ou qu’il se déplace à la vitesse de la lumière pour recharger ses canons, ou encore qu’il est doué des mêmes pouvoirs magiques que Merlin l’Enchanteur ou Mary Poppins. Mais n’allez surtout pas croire que c’est le scénario de William Dear qui ne tient pas la route !


Bref, les deux survivants du massacre (la chieuse et le camé, suivez un peu !) se font traquer sans relâche jusqu’à se faire coincer par le détraqué. À la surprise générale, le scénariste nous apprend qu’il n’y a jamais eu deux frères tueurs mais un seul cinglé qui oscille entre sa personnalité et celle de son jumeau (on ne s’y attendait pas du tout…). Après avoir joué le héros prêt à tout pour défendre celle qu’il aime en secret, le drogué se fait ligoter à un arbre puis immoler vivant. Trop accaparé par la cuisson de son barbecue humain, le tueur ne s’aperçoit pas que l’héroïne s’est échappée. Résultat : alors que le jumeau s’approche du drogué parti en fumée, la chieuse traverse l’arbre sur lequel finissait de cramer le camé (trop forte la gonzesse !) pour déchiqueter le tueur une bonne fois pour toutes. Rideau !


Vous l’aurez compris, Evil Twins — ou, plus exactement, Simon Says — n’est qu’une compilation de scènes plagiées à Massacre à la Tronçonneuse, Vendredi 13, Meurtres à la Saint-Valentin, et au remake de La Maison de Cire (qui, je le rappelle, pompait la majorité de son développement sur le Massacre à la Tronçonneuse de Marcus Nispel). Compilation qui s’adjoint également de clichés navrants, d’incohérences mémorables, de dialogues dignes d’un gamin de 6 ans, et d’enchaînements chaotiques (les personnages passent d’une situation à l’autre de manière abrupte). Sans surprise aucune, la mise en scène, les effets numériques dégueulasses et la photographie ne valent pas un pet de lapin. À vrai dire, seule l’immolation du hippie (dont le cri de souffrance s’avère fort déconcertant) permet de nous sortir de cet ennui mortel, traîné depuis la séquence d’introduction. En tout cas, une chose est certaine : vous pouvez faire votre vaisselle ou votre repassage, aller payer vos impôts ou décrotter le cul d’un vieux, ce sera toujours plus utile et intéressant que de visionner Simon Says !