Le Cake-Walk Infernal (1903)

S’inspirant d’une danse à l’appellation étrange, le « Cake-Walk » (la « Danse du Gâteau »), Georges Méliès s’amuse volontiers à détourner l’acception figurée du terme pour lui conférer une signification bien plus concrète. Ainsi, tels des Indiens cherchant à faire tomber la pluie, créatures infernales et danseurs de l’Au-Delà s’agitent dans un rythme effréné jusqu’à faire apparaître un gâteau démesuré, duquel surgit le Diable. Et, avant de retourner — peut-on le supposer — à ses vacations maléfiques, Satan espère bien profiter de la danse qu’on lui a réservé et épater son audience avec ses tours malicieux.

Dommage que les accompagnements musicaux de l’époque n’aient pu subsister de quelque manière que ce soit car, ainsi dépourvu, Le Cake-Walk Infernal pâtit de leur absence, les compositions actuelles ne faisant qu’esquisser le charme et la fougue de cette musique d’antan. Malgré tout, l’œuvre parvient à la fois à amuser grâce à ses danses déchaînées et à la jovialité contagieuse de Georges Méliès (gesticulant dans tous les sens sous les traits du Diable), et à surprendre par l’emploi d’effets pyrotechniques qui, en surimpression, se mêlent harmonieusement au jeu des figurants, créant une illusion parfaite.

Néanmoins, l’absence de la musique d’origine n’aidant guère, Le Cake-Walk Infernal témoigne de quelques « baisses de rythme » et « redondances » (toujours difficile de l’affirmer lorsqu’il s’agit d’un métrage de 4 minutes…). Cependant, l’univers personnel et inspiré de Méliès finit tout de même par nous séduire et nous convaincre.