RESIDENT EVIL
(2002) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSÉcrit & Réalisé par
Paul W.S. AndersonMusique de
Marco Beltrami & Marilyn MansonAvec
Milla Jovovitch, Eric Mabius, Michelle Rodriguez, James Purefoy, Martin Crewes, Colin SalmonAttendue depuis la sortie de
Resident Evil 2 en jeu vidéo, cette adaptation cinéma – pour laquelle
George Romero était au départ pressenti – aura déçu nombre de fans de la saga de
CapCom et déchaîné les foudres des critiques et cinéphiles. Difficile d’en vouloir aux profanes tant le métrage de
Paul W.S. Anderson accumule les lieux communs et s’inspire des œuvres de morts-vivants passées sans jamais les dépasser. De surcroît, le scénariste et réalisateur a recours à des rebondissements faciles pour provoquer le suspens (apparitions soudaines, climax musicaux), développe une tenue de caméra qui est loin d’être sans faille (les travellings autour des acteurs sont vraiment chiants) en sus d’une mise en scène hautement perfectible.
Ainsi, les cadavres « s’envolent » à la moindre balle reçue. Il faut attendre plus d’une demi-heure avant de voir apparaître le premier mort-vivant. Les fusillades deviennent rapidement barbantes en raison d’un rythme mal soutenu. Les attaques des morts-vivants – déjà eux-mêmes guère effrayants – s’avèrent bien trop polies si on les compare aux orgies gore des jeux
CapCom. L’introduction massive d’arts martiaux ne colle pas du tout avec l’esprit de
Resident Evil. Et le scénario laisse place à des maladresses non négligeables : les deux amnésiques qui recouvrent la mémoire exactement au même moment, les rayons-laser qui charcutent les soldats mais qui épargnent totalement le matériel servant à neutraliser la Reine Rouge… Bref,
Paul Anderson semble avoir pondu un navet en bonne et due forme.
Et pourtant, il serait injuste de fermer les yeux sur la fidélité dont
Anderson fait preuve vis-à-vis des jeux
CapCom (même si cette première adaptation n’arrive pas à la cheville des
Resident Evil originaux). En effet, le scénariste prend soin de rendre hommage aux trois premiers jeux vidéo. Que ce soit dans les décors (le manoir, le train, les laboratoires d’Umbrella, les égouts, la fontaine), les personnages (Max est, à l’instar d’un certain Leon Kennedy, un nouveau flic de Raccoon City et part à la recherche de sa sœur, soit la situation inverse de Claire Redfield dans
Resident Evil 2) et leur progression au sein de l’infrastructure (détours obligés, recours au plan vidéo), ou dans l’histoire même (la présence du Virus T et des Lickers, l’attaque du train par la créature).
Ceci dit, il arrive aussi au scénariste de refourguer des éléments faciles et regrettables des jeux
CapCom (la disparition pas toujours justifiée des corps), ou de prendre certaines libertés malvenues (la mutation du Licker). Qui plus est, les personnages (relativement) bien écrits sont souvent campés par des acteurs au jeu mécanique (
Martin Crewes, en tête de file) voire complètement foireux (
Michelle Rodriguez est encore plus fausse que
Milla Jovovitch, c'est dire !). Et seuls quelques-uns arrivent à se démarquer du lot (
Eric Mabius,
Heike Makatsch, notamment). Enfin, pour ce qui est de la musique, le duo
Beltrami-Manson nous réserve un thème principal captivant ainsi que de belles mélodies additionnelles, bien que certaines compositions trop hardcore ou trop techno nuisent au paysage musical de
Resident Evil.
En fin de compte, on ne s’y trompera guère, l’adaptation de
Paul Anderson se destine premièrement et presque exclusivement aux adeptes des jeux
Resident Evil. Les autres n’y verront qu’un film de morts-vivants basique, prévisible et/ou bancal. Et l’on ne pourrait guère le leur reprocher. Quoi qu’il en soit, ce premier
Resident Evil ouvre le bal à deux autres adaptations, elles aussi perfectibles et critiquables mais d’un niveau déjà supérieur.
NOTE : 12.5/20Clin d'oeil au Jour des Morts-Vivants de George A. Romero.