Freddy 5 : L’Enfant du Cauchemar (1989)
(A Nightmare on Elm Street : The Dream Child)Réalisé par
Stephen HopkinsÉcrit par
Leslie BohemD’après une histoire de
John Skipp, Craig Spector & Leslie BohemMusique de
Jay FergusonAvec
Robert Englund, Lisa Wilcox, Kelly Jo Minter, Danny Hassel, Erika Anderson, Nick Mele, Joe Seely, Whitby Hertford De tous les opus de la saga,
Freddy 5 est probablement celui qui me laisse le plus perplexe.
L’Enfant du Cauchemar (titre élaboré en deux secondes et demi mais qui, au moins, s’applique parfaitement au sujet central du film) cumule en effet autant de défauts que de qualités. D’un côté,
Stephen Hopkins fait preuve d’une réalisation exemplaire, enchaînant à tour de bras travellings somptueux et passages filmés caméra à l’épaule – dans des décors souvent glauques et sinistres –, pour un résultat tenu d’une main de maître. D’un autre,
Freddy 5 souffre d’une mise en scène discutable – où les acteurs vont et viennent un peu n’importe comment – et d’effets spéciaux particulièrement laids (dont des fonds d’écran fauchés). Et l’on pourrait rester aussi mitigé concernant le scénario de
Leslie Bohem. Autant ce dernier aborde des points cruciaux de la série – tels que la « conception » brutale de Freddy Krueger, la relation trouble entre le tueur défiguré et sa mère – ou des éléments ne manquant pas d’attrait (la transmission des rêves et cauchemars du bébé à sa génitrice, la scène des escaliers, la « résurrection » de Freddy, l’échographie « poussée »). Autant noie-t-il le métrage de
Stephen Hopkins dans un flot d’incohérences (où réalité et rêves sont confondus, sans explication ni logique recevables) et de bourdes innommables.
Et, pour le coup, la liste est longue ! Alors que le rythme demeurait soutenu grâce aux apparitions décapantes de Krueger, le voilà plombé par une touche mélodramatique des plus pathétiques : en mourant, Dan laisse derrière lui une concubine enceinte, devant se battre pour garder son bébé face aux parents du défunt d’une part, et face à Freddy d’autre part. Bref, à peu de choses près, on se croirait dans un épisode larmoyant des
Feux de l’Amour… Pis encore, Freddy se transforme définitivement en un (grand) guignol proprement infidèle au personnage créé par
Wes Craven. L’heure n’est plus à la terreur mais à la déconnade pure et dure, quitte à faire de Krueger un simple « bouffon de l’horreur ». Autre mauvaise surprise de l’épisode, les personnages se voient octroyés d’un doublage français calamiteux. Du coup, on ne comprend strictement rien à ce que baragouine Freddy. La mère à Dan paraît plus fausse qu’elle ne l’est en réalité. Et Alice se retrouve avec une voix de gamine, en plus d’être incapable d’articuler correctement le nom Krueger (qu’elle prononce
Grougueur !). Mais, ne nous méprenons pas, la VF n’est pas seule responsable d’une telle aberration.
Robert Englund et
Whitby Hertford (Jacob) exceptés, aucun des comédiens n’est foutu de tenir une performance digne de ce nom – dont une
Lisa Wilcox (Alice) et une
Kelly Jo Minter (Yvonne) des plus abjectes. Et comment faire impasse d’une bande-son aussi kitsch, semblant vouloir appuyer la médiocrité et le ridicule de certaines scènes, quand bien même
Hopkins s’époumonerait à relever le niveau…
Pour résumer, un début prometteur et une première partie bien amorcée ne parviennent à couvrir que difficilement le nombre incalculable de défauts qui accablent
Freddy 5. S’il n’est pas le plus mauvais de la saga,
L’Enfant du Cauchemar peine à rester à la surface et boit la tasse à plusieurs reprises. Dès lors, il devient ardu de définir si ce 5e chapitre présente oui ou non un quelconque intérêt au sein de la saga… Et vous, comment vous positionneriez-vous ?
Note : 10/20