Le Parrain, 3e Partie (The Godfather, Part III) – 1991 Réalisé par
Francis Ford CoppolaÉcrit par
Mario Puzo & Francis Ford CoppolaMusique de
Carmine Coppola & Nino RotaAvec
Al Pacino, Diane Keaton, Talia Shire, Andy Garcia, Eli Wallach, Joe Mantegna, George Hamilton, Bridget Fonda, Sofia CoppolaIl est loin le temps où
Marlon Brando était Vito Corleone. Avec les années,
Mario Puzo et
Francis Ford Coppola se sont éloignés du matériel original, un peu trop même. Ce qui fait que cette
3e Partie ne peut être considérée comme une réelle suite au chef-d’œuvre de 1972, plutôt comme un
mob-movie indépendant. En effet, l’heure n’est plus à la mafia, aux règlements de compte, aux trafics illégaux ; mais à la religion chrétienne, à la course au pouvoir, à la religion chrétienne, aux histoires de famille, et encore à la religion chrétienne. En dépit d’une tendance à tout ramener à la religion,
Le Parrain, 3e Partie n’est pas un mauvais métrage. Certes, le rythme est lent, le film long, et provoque une inexorable envie de dormir. Mais si l’on va plus loin, on découvre une histoire intéressante, fonctionnant à la perfection et qui ne manque pas de retournements. En bref, à vouloir innover coûte que coûte,
Coppola et
Puzo en ont oublié l’essence même du
Parrain original mais ce, dans le dessein de nous pondre un
mob-movie neuf, moderne.
Comme à son habitude,
Coppola amène une réalisation sans prétention, assez conventionnelle mais toujours signée de son sceau (jolis travellings, jeu avec l’obscurité, mise en scène inégalable). Le fait que ce soit
Carmine Coppola qui tienne les rênes à la musique, et non-plus
Nino Rota (se contentant ici d’apporter quelques musiques additionnelles), donne le petit coup de jeune dont avait besoin la saga du
Parrain. On se souvient des thèmes fébriles de
Rota dans les deux premiers volets ; la présence de
Carmine Coppola ne pouvait être que bénéfique. Malheureusement, ce regain de qualités ne se fait pas sans amener de nouveaux défauts ; appuyant en effet l’aspect moderne que cherche à prendre le scénario, et détruisant par là-même la magie du premier opus.
Dans cette
3e Partie,
Al Pacino cesse d’être Michael Corleone. L’homme ne fait plus qu’interpréter son personnage comme il en interpréterait n’importe quel autre. On sent
Pacino usé. Michael Corleone est devenu un papy rongé par le remords et le chagrin, bien loin de l’image qu’il donnait de lui dans les deux premiers volets du
Parrain. Corleone est fatigué, et va jusqu’à oublier qu’il est le
Don d’une grande famille de la Mafia Italienne. On pourra tout de même se consoler avec la présence de 2 habituées du
Parrain :
Diane Keaton (Kay) et
Talia Shire (Connie).
Keaton incarne son personnage, pour une ultime fois, avec justesse. Concernant
Shire, ce n’est pas tant sa performance qui lui fait défaut mais plutôt son personnage – prenant une tournure assez inattendue, passant de la sœur pacifiste qu’on connaît à une sœur revancharde, marchant sur les traces de son frère.
Andy Garcia ne s’investit pas complètement dans son rôle, donnant parfois l’impression de ne pas être à sa place, mais sa prestation demeure honorable. En dehors de son physique peu enviable et de son jeu basique,
Sofia Coppola s’en sort correctement.
En somme, on sent le fossé - creusé par les années - qui sépare cette
3e Partie de ses prédécesseurs. La modernité est au rendez-vous, certes, mais la magie n’est plus. L’équipe du
Parrain a beau former une grande famille (
Coppola, Puzo, Rota, Pacino, Keaton, Shire), elle s’éloigne ici beaucoup trop de ce qui faisait la force du
Parrain, 1ère Partie. Elle nous convie à un
mob-movie sympathique mais qui ne peut combler toutes nos attentes.
Réalisation : 3/5
Histoire : 3/5
Acteurs : 2.5/5
Musique : 2.5/5Note : 11/20