HYPER TENSION
(Crank – 2007) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSÉcrit & Réalisé par
Mark Neveldine & Brian TaylorMusique de
Paul HaslingerAvec
Jason Statham, Jose Pablo Cantillo, Amy Smart, Dwight Yoakam, Glenn Howerton, Carlos Sanz, Efren Ramirez, Reno WilsonSYNOPSISCe matin-là, le tueur à gages Chev Chelios se réveille avec une douloureuse surprise : il a été empoisonné pendant son sommeil au « Cocktail de Pékin », un poison puissant qui provoque un arrêt cardiaque si le taux d’adrénaline descend en-dessous d’un certain seuil. Dans une terrible course contre-la-montre — et bientôt contre la ville entière (!) —, Chelios parcourt les rues de Los Angeles à la recherche d’un antidote et, au passage, de son bourreau...Avec
Crank (comprenez « excentrique »),
Mark Neveldine et
Brian Taylor s’essaient au jeu difficile de l’action en temps réel. Nul doute qu’entre les mains d’autres cinéastes,
Hyper Tension (une traduction au poil, pour le coup) aurait été un échec cuisant. Mais, contre toute attente, la bande de
Mark Neveldine et
Brian Taylor s’impose comme une série B burnée, délurée, dans la droite lignée des actioners des années 70/80, et qui constitue un hommage vibrant aux jeux
Grand Theft Auto et consorts. Un hommage qui se retrouve inévitablement dans le script de
Neveldine et
Taylor (pour son univers branché mafia et gangsters) mais aussi et essentiellement dans leur mise en scène.
Pourvue de prises de vue subjectives entraînantes, de mouvements speedés alléchants, jamais casse-gueule, d’un montage à la fois nerveux et sophistiqué, de plans osés (la cascade à bord de l’hélicoptère), et surtout d’ébouriffants plans-séquence en caméra à l’épaule (l’entrée dans le repaire d’Orlando est un pur plaisir !), la réalisation renforce l’impression d’être aux manettes d’un
GTA sous acide. Une impression également relayée par la bande sonore supervisée par
Paul Haslinger, dont les morceaux tantôt agressifs tantôt doucereux soutiennent parfaitement le délire graphique de
Neveldine et
Taylor, et rappellent directement les chansons entendues dans
Grand Theft Auto (
San Andreas majoritairement).
Beaucoup ont reproché à
Hyper Tension une sévère baisse de rythme. Mais force est de reconnaître que
Neveldine et
Taylor vont surtout jusqu’au bout de leurs ambitions. Soit d’inverser complètement le fonctionnement habituel d’un récit. Ainsi, au lieu de recourir à un rythme allant crescendo, les auteurs préfèrent progresser a contrario en entrant directement dans le vif du sujet, sans détour ni tergiversation, pour ralentir ensuite l’action effrénée du début. Dès lors, la réaction (et probablement la déception) du spectateur semble compréhensible. Il est en effet déroutant, d’une part, de retrouver toute l’énergie d’un
dénouement dès les
premières images (et en sus de voir le rythme diminuer petit à petit), et, d’autre part, d’atteindre la (quasi) sérénité d’un
premier acte de scénario standard dans la
dernière partie de
Crank ! Le schéma ordinaire étant inversé, il paraît normal que ce qui s’avère être une évolution différente mais cohérente du récit passe pour un essoufflement scénaristique.
La démarche des cinéastes une fois comprise, le public n’a plus qu’à apprécier le spectacle. Et quel spectacle ! Comment ne pas exploser de rire face à un
Jason Statham surexcité et plus délirant que jamais, qui court sans pouvoir s’arrêter après s’être rempli les veines d’épinéphrine, décide de se frotter à un gang de Blacks armés jusqu’aux dents, danse comme un cinglé dans un taxi (sur fond de guimauve country !), se « gaufre » littéralement la main, sniffe de la coke à s’en faire péter les narines, pénètre dans un centre commercial… au volant de sa voiture ! Quand il se trimballe en pyjama hospitalier et avec une gaule de cheval en pleine ville, braque son flingue sur un patient dans un hôpital, fait l’équilibre sur une moto avant de se viander contre un trottoir, se stimule à coup de défibrillateur, ou encore quand il encule sa femme au beau milieu de la rue !
Tout autant de situations déglinguées et hilarantes, qui rattrapent amplement les (faux) essoufflements du récit, même si les fans avides que nous sommes pouvaient espérer un rythme bourrin tout au long de l’œuvre — surtout en fin de métrage, où un affrontement plus déjanté (à coups de batte de base-ball, de machette, d’armes lourdes ou même de tronçonneuse !) aurait été plus jouissif que ces gunfights plutôt anodins. Quoi qu’il en soit,
Hyper Tension est une vraie réussite, cela va sans dire, dont on attend impatiemment la suite. Et, vite, que les producteurs filent l’adaptation cinématographique de
Grand Theft Auto à
Neveldine et
Taylor, avant que d’autres réalisateurs ne viennent anéantir le projet !
NOTE : 16.5/20