Saga TOXIC AVENGER

Réalisé par Michael Herz & Samuel Weil
Écrit par Joe Ritter

D’après une histoire de Lloyd Kaufman
Avec Andree Marenda, Mitchell Cohen, Pat Ryan Jr., Jennifer Babtist, Cindy Manion, Robert Prichard, Gary Schneider, Mark Torgl







À première vue, Toxic Avenger présente tous les défauts qu’un métrage puisse comporter. Le film est réalisé avec les pieds ; pâtit d’une image dégueulasse, d’une tenue de caméra branlante, de maquillages spéciaux bidon, d’une mise en scène scabreuse, d’un montage foireux au possible. Les acteurs font, tous sans exception, preuve d’une prestation surenchérie. Le score se réduit à un concentré de musiques pop/kitsch, plaquant les morceaux un peu au hasard sans se soucier du visuel. Le scénario nous réserve un monstre débonnaire et cucul-la-praline, évoluant au sein d’une histoire très gnangnan. Mais Toxic Avenger est-il un navet pour autant ? Bien au contraire. Le métrage de Michael Herz et Samuel Weil révèle des aspects tellement kitsch et dérisoires qu’ils en deviennent savoureux. On prend un malin plaisir à découvrir cette histoire emplie d’invraisemblances, de situations grand-guignolesques, de gags exagérés, de personnages tous plus ravagés les uns que les autres, de combats sur-chorégraphiés, de meurtres ridicules, de répliques salasses et de dialogues franchement craignos.







Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, un jeunot un tantinet retardé tombe dans un baril de déchets toxiques. Métamorphosé en une brute épaisse et défigurée, il compte bien régler leurs comptes à tous les malfrats de la ville et venir en aide aux plus démunis. En gros, Toxic Avenger nous extirpe la version enlaidie et crétinisée de Rococop. Sauf que le métal est remplacé par un tutu cramé à l’acide, et le visage de marbre par une gueule à coucher dehors ! Une sorte d’anti-héros rendu le plus ridicule possible, en somme. Et le scénariste s’acharne tellement à le décrédibiliser qu’il en devient touchant. Il en va de même pour l’ensemble des personnages, par ailleurs. Entre des gangsters décérébrés, des poufiasses machiavéliques, des machos frappadingues, des benêts en tout genre, des responsables politiques véreux, un commissaire nazi, une blondasse aveugle pas très futée… inutile de préciser que les clichés vont (volontairement) bon train. Refusant catégoriquement de se prendre au sérieux, et aussi mal foutu soit-il, Toxic Avenger est une fière réussite. Petite perle de kitsch ultra débile, le film de Herz et Weil se savoure de bout en bout et garantit une plâtrée de fous rires. À prendre au 200e degré et la tête reposée, ceci dit…









Petit hommage à l'Elephant Man de David Lynch...

Note : 15/20

Réalisé par Michael Herz & Lloyd Kaufman
Écrit par Gay Partington Terry & Lloyd Kaufman

Musique de Barrie Guard
Avec Ron Phabio, Phoebe Legere, John Altamura, Rick Collins, Rikiya Yasuoka, Tsutomu Sekine







Après un premier opus savoureusement kitsch, Michael Herz rempile pour un second volet somme toute assez décevant. Ce qui faisait la force de Toxic Avenger – à savoir les musiques kitsch, les personnages exagérément stéréotypés, les maquillages gore précaires, les situations grotesques en série – a hélas disparu au profit de gags intermittents bien pensés mais baignant dans un scénario poussif, prenant des détours inutiles et ennuyeux – telle toute cette partie se déroulant au Japon où Melvin (le Toxic Avenger) est censé retrouver son père biologique, qui n’est en fait qu’un prétexte pour nous présenter la culture et les coutumes orientales. Dans cette suite, point de blaireaux écervelés ni de couillons lambda, juste une population gentillette et un gourou apocalyptique désirant mettre un terme à Tromaville. Acteurs et personnages sentent un peu le réchauffé et convainquent bien moins que dans le précédent épisode. Quoique certains ont de quoi vous soutirer quelques sourires (le catcheur nain, la montagne de muscles prenant des cours de danse, etc.).





La réalisation s’avère un peu mieux soutenue que dans le premier segment bien que plans mal cadrés, image granuleuse, et maquillages navrants, subsistent. Contrairement à son prédécesseur, Toxic Avenger II possède un vrai score musical. Mais ce qui pouvait passer pour un gage de qualité se transforme bien vite en défaut. En effet, finies les chansons ultra kitsch et musiques inspirées de vieux films fantastiques, place à des ambiances sonores médiocres et des morceaux kitsch juste anecdotiques. Quant aux scènes gore, autant tirer un trait dessus… Ici, rien de particulièrement sanguinolent ni écœurant. Chaque « meurtre » est suggéré un maximum et apparaît bien trop propret pour attirer notre attention. Au final, Toxic Avenger II n’affiche que peu ou prou d’utilité. On rit par moments, mais on s’ennuie beaucoup et on oublie très vite ! À ne voir que par curiosité…





Note : 9.5/20

Réalisé par Michael Herz & Lloyd Kaufman
Écrit par Gay Partington Terry & Lloyd Kaufman

Musique de Christopher Demarco
Avec Ron Fazio, Phoebe Legere, John Altamura, Rick Collins, Lisa Gaye, Jessica Dublin, Michael Kaplan





Après un miteux Toxic Avenger 2, Lloyd Kaufman et Michael Herz nous offrent une suite plus convenable. Seulement, avec ce 3e segment, la saga du monstre de Tromaville s’essouffle gravement. L’autodérision répond toujours à l’appel mais ressasse sans arrêt les mêmes ingrédients utilisés dans le second épisode (le narrateur parlant explicitement des films Toxic Avenger 2 et 4, par exemple). De surcroît, l’histoire ne se permet que peu de créativité. Dans ce volet, Toxie se fait embobiner par Apocalypse, Inc. – firme capitaliste par excellence dont le leader n’est autre que le Diable en personne – et vient à les aider dans leur expulsion des habitants de Tromaville. Mais ce n’est qu’après être devenu un col blanc haï de tous que Toxie prend conscience des agissements véritables de l’entreprise. Si les gags sont nombreux, ces derniers n’opèrent pas nécessairement et nous confrontent à un humour crétin parfois lourdingue. Quant à Toxie lui-même, on se lasse vite de ses grognements incessants et tous identiques. Idem en ce qui concerne les autres personnages. La blondasse décérébrée, et fiancée au monstre puant, est contrainte de faire dans la surenchère pour contourner le déjà-vu – les auteurs ont essayé d’innover en faisant disparaître sa cécité mais l’effet déçoit rapidement (adieu sa maladresse légendaire et son attitude cucul-la-praline !). Même les apparitions de Melvin (Toxie avant sa transformation) sont gâchées par la prestation hideuse de l’acteur remplaçant.







Le début du métrage laissait présager un opus gore et cradingue – via une main broyée dans un lecteur VHS, une éviscération, un enfoncement de manche à balai dans le crâne d’un loubard et une décapitation sauvage – alors que les ¾ de l’œuvre sont réservés à des dialogues imbéciles, des affrontements cartoonesques (Toxie devant survivre aux 5 niveaux du jeu Doom, entre autres), des retournements fébriles. Reste un final assez dégueulbif dans lequel le héros toxique se putréfie vivant avant de reprendre sa forme humaine d’antan.
Outre ce scénario oeuvrant pour la redite, Toxic Avenger 3 pâtit de trucages et maquillages spéciaux précaires, d’une mise en scène exagérée, d’une tenue de caméra trop brouillonne pour valoir son pesant de cacahuètes, et d’une bande-son volontairement kitsch qui agace plus qu’elle ne convainc (on retiendra cependant l’utilisation de l’excellent morceau Down on Me de Janis Joplin).
En bref, malgré ses innombrables défauts, Toxic Avenger 3 demeure une suite recevable et supérieure au deuxième volet. On oscille constamment entre le B et le Z mais certains gags et passages rebutants valent le coup d’œil (à condition d’apprécier la saga du mutant toxique et de savoir prendre un film au 12e degré, cela va de soi !).







Note : 11/20

Réalisé par Lloyd Kaufman

Écrit par Trent Haaga, Patrick Cassidy, Gabriel Friedman & Lloyd Kaufman
Musique de Wesley Nagy
Avec David Mattey, Clyde Lewis, Heidi Sjursen, Paul Kyrmse, Joe Fleishaker, Lisa Terezakis, Michael Budinger





Après deux suites décevantes – pour lesquelles les scénaristes s’excusent en début de métrage – surgit ce Toxic Avenger IV, opus à la réputation confortable mais… injustifiée ! En fait, les seuls mérites de ce segment renvoient à l’amélioration des maquillages spéciaux (la gueule de Toxie ne se réduit plus à un masque ressemblant à un pet coulant, les trucages sont décelables au premier regard mais néanmoins réussis), à l’abondance de passages gore (extirpations de viscères à la main, crâne écrasé par une voiture, membres disloqués, têtes en charpies, énucléations, effusions de sang, étalage de chair, etc.), et à son scénario inventif, loin des redites des deux épisodes précédents. Mais, si l’histoire prend suffisamment de distance avec l’épisode premier, cela ne l’empêche pas de contenir plus de défauts que de qualités. Pour faire court, une explosion dans un institut pour enfants handicapés provoque une brèche spatio-temporelle, suite à laquelle Toxie se trouve propulsé, avec deux patients psychiatriques, dans une dimension parallèle à l’opposé de la sienne. Ainsi, Tromaville devient Amortville, cité dans laquelle règnent le chaos, la prostitution, la drogue, la violence et l’injustice. Toxie devra donc remettre les pendules à l’heure dans ce beau bordel tandis que Noxie, son double maléfique transporté à Tromaville, tentera de corrompre la dimension dans laquelle il vient de mettre les pieds. Soit un scénario alambiqué mais qui se suit avec un certain intérêt.





Seulement voilà, Toxic Avenger IV innove tant qu’il perd tout le charme du volet de 1984. Pis encore, l’histoire n’a de cesse de tourner en rond, de traîner en longueur, et de décevoir par un fond aussi creux. Comme pour palier ce développement soporifique, les scénaristes optent pour des séquences porno soft d’une navrante inutilité, ainsi qu’un humour lourdingue qui oublie d’être drôle en plus de se résumer à de vieilles blagues scatophiles. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines puisque Lloyd Kaufman révèle une flagrante absence de talent. Les plans sont mal cadrés, le montage est trop brut, la mise en scène quasi inexistante, la chorégraphie des combats bougrement ridicule.
Hormis Lisa Terezakis (dévoilant une prestation touchante dans le rôle de Sweetie Honey), les pseudo acteurs jouent comme des brêles. À commencer par Heidi Sjursen – remplaçante de la très fun Phoebe Legere – faisant dans la surenchère permanente, drôle au début mais rapidement irritante jusqu’à devenir infecte.
Quant à la bande-son, celle-ci n’était déjà pas bien fameuse dans les opus antérieurs (malgré un charme léger), elle est ici bafouée au plus haut point. Wesley Nagy ne s’emmerde pas à préparer des partitions et préfère apposer des chansons rock ou techno sur l’image (dégueulasse) de Lloyd Kaufman. En somme, le mélomane aguerri ne risque pas de trouver son compte à travers ce fiasco musical.





Au final, les maigres bons points de l’épisode se voient contrebalancés par toute une flopée de défauts handicapants. Toxic Avenger IV n’est sauvé que par quelques gags plutôt bien trouvés (Dieu ordonnant à Toxie de dire au Pape qu’il arrête de parler de Lui), des jeux de mots plaisants (quand Toxie brandit les bras sectionnés de l’une de ses victimes et que quelqu’un s’écrie : « He’s armed ! ») et des scènes gore à profusion. Le reste ne dépasse guère le niveau du Toxic Avenger précédent.



Note : 11/20