CHRYSALIS (2007) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSRéalisé par
Julien LeclerqÉcrit par
Julien Leclerq, Franck Philippon, Nicolas Peufaillit & Aude PyMusique de
François Roy & Jean-Jacques HertzAvec
Albert Dupontel, Mélanie Thierry, Marthe Keller, Claude Perron, Estelle Lefébur, Alain Figlarz, Marie Guillard SYNOPSISParce qu'il s'agit de l'assassin de sa femme, David Hoffmann, lieutenant à la police européenne, accepte de reprendre du service pour traquer un dangereux trafiquant soupçonné d'une série de meurtres. Une enquête qui le mènera vers une clinique à la pointe de la technologie, dirigée d'une main de fer par le professeur Brügen. Quand la vérité se loge au coeur du souvenir, la mémoire se révèle un bien précieux, objet de toutes les convoitises. Pourtant, certains souvenirs ne s'effacent jamais…À l’heure actuelle, les films de science-fiction français se comptent sur les doigts de la main. S’il est fortement influencé par ses aînés américains (
Minority Report et
Total Recall en particulier), le film de
Julien Leclerq nous montre que la SF n’est pas du seul ressort des cinéastes d’outre-atlantique. Bien entendu, un tel pari trouve aussi rapidement ses failles. Que ce soit dans sa mise en scène – parfois excessive (l’opération du cœur) –, ou son scénario – nanti d’un dénouement pas toujours cohérent (pourquoi Hoffman se retrouve-t-il seul face à Nikolov alors que sa partenaire lui collait aux basques ?) et d’un twist final assez convenu –,
Chrysalis a tendance à faire dans la surenchère pour couvrir ses imperfections. Des imperfections peu ou prou gênantes en réalité mais qui laissent à penser que les Frenchies ont encore du chemin à faire avant de signer un métrage de SF entièrement satisfaisant.
Pour autant, l’œuvre de
Leclerq est loin d’être un échec cuisant. Il ne faudrait pas tourner le dos aux indéniables qualités dont
Chrysalis nous délecte. À savoir une réalisation burnée, tirant profit d’une photographie exemplaire (décuplant la froideur de l’image par ses nuances de gris), de combats minutieusement calculés, de mouvements de caméra prodigieux (la poursuite de Nikolov, la traversée de l’hôpital étage par étage), et d’effets spéciaux renversants. Mais aussi un script ingénieux, livrant une vision du futur aussi pessimiste que cohérente. Un score guère novateur à la première écoute mais qui distille une ambiance sonore à la fois enivrante, inquiétante et grinçante. Et, avant tout, une troupe d’acteurs d’une implacable justesse.
Albert Dupontel est encore plus froid et plus bourrin que dans
Le Convoyeur. La prestation de
Mélanie Thierry nous saisit aux tripes par tant de naturel.
Claude Perron (la protégée de toujours d’
Albert Dupontel) n’a jamais été aussi talentueuse que dans ce rôle de commissaire glacial. Et
Marthe Keller trouve son parfait alter ego dans la peau de ce médecin tantôt séducteur tantôt tyrannique. On pourrait reprocher à
Estelle Lefébur ou à
Marie Guillard d’en faire parfois des tonnes. Mais la performance de leurs collègues nous fait vite oublier leurs erreurs de parcours.
Pour résumer, si
Chrysalis ne constitue pas la claque dans la gueule espérée, il prouve que la SF française revient sur le devant de la scène, plus bruyante que jamais. Espérons désormais que le genre ne retombe pas aux oubliettes et que le métrage de
Julien Leclerq ne soit qu’un commencement au sein de cette renaissance…
Réalisation : 4/5
Acteurs : 3.5/5
Histoire : 3.5/5
Musique : 3.5/5Note : 14.5/20