The Wizard of Gore (1970) Réalisé par
Herschell Gordon LewisÉcrit par
Allen KahnMusique de
Larry WellingtonAvec
Ray Sager, Judy Eler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau, Don Alexander, John Elliot, Karin AlexanaATTENTION LES GENS !!Si, comme moi, vous pensiez que
Lewis ne pouvait pas faire pire que
Blood Feast ou qu’il n’existait pas de merde plus horrible que
House of the Dead ; sachez que nous nous trompions. Car le titre de Dieu de la Série Z revient sans conteste à
The Wizard of Gore ! Imaginez : pendant 1h35, un magicien de pacotille fait des tours sur une scène de théâtre ou face à une caméra de télévision. Dans chacune de ses interventions, Montag le Magnifique torture une spectatrice avant de la ramener à la vie, indemne. Mais, peu de temps après, chaque cobaye est retrouvé baignant dans son sang. Et il faudra une demi-douzaine de meurtres pour que deux journalistes – qui ont assisté à toutes les représentations du magicien ! – comprennent qu’il existe un lien entre les morts atroces de ces jeunes femmes et les expérimentations scéniques de Montag. Bref, l’histoire traîne en longueur, ne possède aucun rythme, aucun attrait, ennuie profondément et multiplie les incohérences à tour de bras. Mais, pour apprécier
The Wizard of Gore à sa juste valeur, il suffit de prêter attention à la grande créativité du récit :
_
Prologue : Montag se décapite puis revient à la vie pour faire son spectacle (ça, c’est de la magie !).
_
Acte I : Montag choisit une personne du public, lui tronçonne le buste puis la ressuscite (en arrivant même à réparer la robe qu’il vient de mettre en charpie !) avant que ladite personne ne soit retrouvée éventrée quelques heures plus tard. Deux journalistes discutent de la scène entre eux.
_
Acte II : Montag hypnotise une spectatrice, lui enfonce un pieu dans la tête, puis la ramène à la vie, sans aucune égratignure. La jeune femme sera découverte la cervelle à l’air un peu plus tard. Les deux journalistes en discutent entre eux.
_
Acte III : Montag sélectionne sa future proie, l’installe sur une table et lui aplatit l’abdomen avec une machine de son cru. Heureusement, le magicien la ramène indemne. Mais devinez ce qui lui arrive par la suite… Et, pendant ce temps-là, que font les journalistes ? Ils discutent de la situation, bien sûr ! Mais ils pensent cette fois à avertir leurs supérieurs.
_
Acte IV : Montag attache les mains de deux spectatrices puis leur enfonce un sabre dans la gorge en prenant soin de lacérer leur œsophage. Encore une fois, Montag le Magnifique réussit à les sauver mais son succès n’est que de courte durée puisque les cobayes sont retrouvés ensanglantés peu après. Et comme les journalistes sont des personnes intelligentes et logiques, ils n’envisagent à aucun moment de prévenir la police et décident d’inviter Montag à leur émission-télé pour qu’il y fasse son show… Montag hypnotise tous les téléspectateurs par le biais de l’émission, leur ordonne de s’immoler sur le champ lorsqu’un des journalistes surgit pour le stopper et le jeter dans le feu au passage. Puis les journalistes en discutent entre eux.
_
Épilogue : le couple de journalistes continue à s’interroger sur les exactions du magicien lorsqu’un retournement ridicule nous renvoie au prologue en concluant son récit par : « La fin… ou le commencement ? ».
En gros, si vous avez réussi à supporter ces 95 minutes de merde sur pellicule, il ne vous reste plus qu’à revenir au début de la bande pour tenter d’y découvrir la moindre subtilité. Et encore, le scénario est probablement ce qu’il y a de plus recevable dans
The Wizard of Gore. Car, de son côté,
Herschell Gordon Lewis semble faire tout ce qui est en son pouvoir pour convaincre les sceptiques que les films d’horreur ne feront jamais partie du 7e Art ! Avec ses plans mal cadrés, sans cesse flous ou tremblotants ; ses ombres de caméra passant sur le visage des acteurs ; son doublage sonore pourrave et ses bruitages ridicules ; sa mise en scène soit calamiteuse soit inexistante (à vous de choisir, les deux propositions sont acceptables !) ; et surtout son montage foireux, réutilisant volontiers les mêmes prises de vue ou des rushes défectueux pour prolonger une scène, s’emmêlant les pinceaux entre les plans d’insert gore et les cadrages sans trucage ;
The Wizard of Gore fait plus penser à une grotesque parodie de film d’horreur qu’à une œuvre révolutionnaire se prenant au sérieux. Ce que souligne très bien la prestation de ces figurants voulant jouer aux acteurs. En roue libre, ces derniers passent leur temps à mimer de fausses expressions, à déglutir des dialogues prolixes sans intonation ou à se fendre la poire dans un coin du plateau. Histoire de refermer le couvercle en apothéose,
Larry Wellington élabore des accompagnements sonores tantôt abrutissants tantôt casse-couilles.
Du coup, seules deux solutions s’offrent au spectateur : rire de l’humour involontaire de l’œuvre, ou se crever les yeux et se percer les tympans pour être sûr de ne jamais retomber sur une merde pareille. Mais, paradoxalement, il me paraît important que tout cinéphile visionne
The Wizard of Gore. Non pas pour lui découvrir une quelconque qualité (votre esprit serait déjà corrompu ou grillé !), mais pour voir à quoi ressemble le pire film qu’il puisse exister, et toutes les erreurs que les futurs cinéastes doivent absolument éviter. Remarquez, en regardant
The Wizard of Gore, on comprend mieux pourquoi les films de genre ont mis si longtemps à s’imposer sur le devant de la scène et à être pris au sérieux par le plus grand nombre. En fin de compte, on se dit que
Lewis a causé plus de tort au cinéma gore qu’il ne l’a révolutionné…
Scénario : 0.25/5
Musique : 0.25/5
Réalisation : 0/5
Acteurs : 0/5NOTE : 0.5/20