MAX PAYNE(2008) Réalisé par
John MooreÉcrit par
Beau Thorne, Shawn Ryan & Thomas H. FentonMusique de
Marco BeltramiAvec
Mark Wahlberg, Mila Kunis, Beau Bridges, Chris O’Donnell, Ludacris, Donal Logue, Joel Gordon, Kate BurtonLittéralement descendu en flèche, voire conspué, depuis sa sortie en salles,
Max Payne s’est trouvé très peu d’émules pour défendre son parti. Un constat des plus regrettables lorsqu’on prend la « peine » d’apprécier le spectacle et de percevoir la fidélité du film par rapport aux jeux
Rockstar. Certes, l’adaptation de
John Moore se révèle vite imparfaite en raison d’un contenu moins sanglant, moins violent, plus aseptisé que le jeu vidéo, en plus d’en reprendre les grandes lignes narratives sans jamais les transcender. On pointera également un manque cruel de gunfights, un score musical anodin – qui ne se dispense pas de morceaux appréciables, ceci étant – ainsi qu’un traitement discutable des personnages principaux (Max Payne se montre moins dur, moins torturé que dans le jeu ; Mona Sax ressemble très peu au protagoniste original).
Toutefois, force est d’admettre que
John Moore et ses scénaristes ont su conserver la saveur et la marginalité du jeu vidéo. Que ce soit dans son ambiance (alternant visions cauchemardesques et réalité crue), ses décors (New York, glacial et sordide), sa photographie (les sublimes couleurs froides du présent s’entrechoquant aux couleurs chaudes du passé de Max Payne) ou son histoire. À ce propos, si le scénario s’éloigne très peu du matériau d’origine (la trame est la même : hanté par le meurtre de sa femme et de son enfant, Max Payne poursuit les responsables, quitte à enfreindre la loi et se mettre en danger),
Beau Thorne, Shawn Ryan et
Thomas Fenton sont parvenus à développer une nouvelle intrigue (celle de cette drogue surpuissante, destinée à améliorer la résistance et l’endurance des soldats), un brin trop surnaturelle de prime abord mais qui s’avère en parfait accord avec les jeux vidéo une fois approfondie.
Bien que le niveau de cette adaptation demeure inférieur aux opus
Rockstar, il est tout aussi certain que
Max Payne version
John Moore ne méritait pas un tel dénigrement de la part des cinéphiles et des fans du jeu vidéo. On aurait, d’un côté, aimé voir plus de ralentis, plus de virulence, plus d’affrontements armés mais
John Moore a, d’un autre côté, sûrement eu raison de pondérer ces séquences, dont l’abondance aurait pu lasser et écarter le spectateur de la quintessence du métrage. Et puis, même si les scénaristes et le metteur en scène ont fait preuve d’avarice en la matière, il ne faudrait guère omettre les passages somptueux qu’ils nous ont aussi offert : le superbe travelling au ralenti où le junkie se fait emporter par une Valkyrie ; les envolées, flingue au poing, de Max Payne ; le gunfight au fusil à pompe passé en
bullet time ; les hallucinations du héros, sous l’emprise de la drogue. Les scènes ont beau se compter sur les doigts d’une seule main, elles ne restent pas moins imprégnées sur la rétine du spectateur.
En somme, ces seuls éléments suffisent à descendre les critiques injustes dont l’adaptation de
John Moore a souffert, même si cette dernière déçoit quelque peu au vu de la grandeur des jeux vidéo et des attentes que tout fan était en droit de placer dans un tel projet.
Max Payne mérite donc d’être reconsidéré à sa juste valeur ; et l’on se dit finalement qu’un 2e volet pourrait venir corriger les erreurs du premier tout en contentant les fans de la première heure.
NOTE : 13/20