Sleuth de Kenneth Branagh Synopsis: Un écrivain célèbre accueille dans son château l'amant de sa femme, un acteur au chômage qui le presse d'entamer les procédures de divorce. Mais le septuagénaire cocu réserve quelques surprises à l'impétueux jeune homme.Sleuth est une nouvelle adaptation de la pièce de théâtre d’
Anthony Shaffer, dont une première adaptation a été faite au cinéma en 1972, par
Joseph L. Mankiewicz. Cette fois-ci, c’est
Kenneth Branagh, responsable du chef-d’œuvre qu’est l’adaptation d’
Hamlet en 1996, qui réalise ce film mettant en vedette
Michael Caine (présent dans la première version cinématographique, dans le rôle de l’amant) et
Jude Law.
Dans cette nouvelle version cinématographique, l’idée de mettre en avant un troisième personnage, celle de la maison, est vraiment excellente. Les décors de cette demeure son unique, par les choix du cinéaste, vis-à-vis les cadrages et l'éclairage, qui transforme ce lieu à la composition complexe, en véritable témoin du conflit psychologique qui s'y trame. Dès la première scène du film (vue plongeante fixe, du haut de la maison), on a déjà une démonstration du type de réalisation qu’utilisera
Kenneth Branagh. C’est-à-dire très particulière! Mais, il y a aussi les décors qui sont très particuliers (high-tech), par des murs coulissants, lumières changeantes et clignotantes et un système de surveillance omniprésent. Tout se dispositif domotique est directement commandé par une télécommande jalousement conservée dans les mains de l'écrivain quelque peu paranoïaque. Sujet de maîtrise de l'espace, cette télécommande est la véritable métaphore du film qui pose la question de la charge du pouvoir, charge convoitée alternativement par les deux protagonistes.
Sleuth est un véritable film machiavélique aux dialogues vifs et grinçants, l'austérité de l'intrigue et l'extrême économie des moyens de mise en scène font de la performance des deux comédiens le clou du film. L'affrontement psychologique des deux personnages tourne à l'affrontement des générations: si Milo Tindle a pour lui la jeunesse, le charme et la confiance en soi, le vieil écrivain a pour lui l'expérience, le sang-froid et une certaine classe dans sa façon de se comporter et de s'exprimer. L'interprétation de
Jude Law est par moments un peu trop forcée, un peu trop soulignée par une gestuelle et des grimaces envahissantes, surtout dans le troisième acte. Alors, que l'interprétation de
Michael Caine est en tout point remarquable. Parfaitement juste de bout en bout, il donne sans effort à son personnage toute la crédibilité exigé par le rôle, ses silences et son immobilisme témoignant de sa grande maîtrise actorale.
N’ayant pas vu la version de
Joseph L. Mankiewicz, je ne peux pas dire quel film est le meilleur. Mais, je peux confirmer, que la version de
Kenneth Branagh est excellente. Le jeu des acteurs,
Michael Caine et
Jude Law, mérite le visionnement de ce film.
Note: 17/20