La Mentale
de Manuel Boursinhac
(2002)
Driss vient tout juste de sortir de prison et trouve un petit boulot dans un marché, jusqu'au jour où son cousin Yanis, qui a pris du galon dans le milieu du crime, vient le solliciter pour un gros coup mais ce qu'ignore Driss c'est que s'il accepte cette propositon, il va devoir en payer le prix. Le milieu du banditisme n'est pas nouveau dans le cinéma, il a même été prolifique a une certaine période.
La Mentale vient changer la donne à un moment où le cinéma Français est en perte de vitesse et essaye, avec un savoir moins éloquent que les originaux, de copier les modèles américains tout comme la petite période du genre horrifique qu'elle a connu avec des films comme
Brocéliande ou encore
Promenons-nous dans les bois. Le film de
Manuel Boursinhac arrive à un moment où le spectateur se lasse des productions hexagonales pour s'axer principalement sur les films étrangers, américains pour la plupart. Il rate donc le coche, du moins il ne trouve pas son public, ce qui est navrant. La bonne période aurait été celle où
36 Quai des Orfèvres est sorti sur nos écrans, là, la critique aurait mieux accueillit le film.
Son sujet est traité dans un environnement qui n'a jamais exploré auparavant pareil thème, ne bénéficiant que de scénarios tournant autour d'enfants d'immigrés qui passent leur journée à glander, voler ou insulter les forces de l'ordre. Non là cet environnement, la banlieue, traîte d'un sujet délicat, dans le sens où le film pourrait se vautrer dans des stéréotypes mais au lieu de çà nous avons droit à une intrigue prenante de bout en bout et qui réserve des moments de pur réalisme mais surtout une scène tétanisante qui refroidi instantanément, un instant qui rappelle l'une des scènes terrible du film
Los Angeles, Police Fédérale (To Live & Die in L.A). Les acteurs sont bluffants de vérité, seul
Samuel Le Bihan peine à se greffer au milieu mais sa prestation est tout de même remarquable à l'exception d'une scène l'opposant à l'un de ses jeunes frères qui souhaite en découdre avec un caïd d'une génération un cran au-dessus de lui, là le jeune qui incarne son petit frère lui vole son autorité car son jeu est magnifiquement interprété. Un élément (pas énorme tout de même) pourrait amener à reconsidérer ce film, c'est l'utilisation d'un argot banlieusard qui se mélange au langage tzigane avec certaines expressions maghrébines.
Le film renvoit au polar d'antan, on pourrait citer
Melville, d'ailleurs la critique de l'époque se moquait du film en les accusant de plagier le style de ce cinéaste. L'idée d'un tel projet nous la devons au grand frère de
Samy Naceri.
La Mentale ne sombre à aucun moment dans la facilité, l'équipe du film ne mise pas sur l'action et préfère se concentrer sur une atmosphère remarquable qui regorge de moments marquants comme la ténébreuse scène de la chambre froide et son final, tout en retenue, qui nous explose à la gueule. Un reproche : certains dialogues manquent légèrement d'écriture mais ce détail est excusé par la teneur du récit qui mène à un joli final. Un final qui rappelle férocement l'un des chefs d'oeuvre de
Sam Peckinpah. Le code la voyaucratie est respecté, dans un milieu où le grand banditisme régie quelques règles élémentaires que retranscrit son réalisateur avec une maestria étonnante de réalisme.
17/20