Petit à petit, le cinéma de genre émerge des quatre coins de l’Europe pour s’imposer sur le marché international. Nouvelle preuve avec
Dead Snow (ou plutôt
Død Snø), slasher norvégien à maigre budget, qui n’hésite pas à taper dans le gore qui tache et le délire graphique pour servir son propos. Citant et s’inspirant très ouvertement d’
Evil Dead et du second
Vendredi 13,
Dead Snow nous conte les mésaventures d’une bande de jeunes partis s’installer pour les vacances de Pâques dans un chalet retiré de la Norvège, où ils devront bientôt faire face à une horde de nazis morts-vivants affamés.
Précisons-le d’emblée,
Dead Snow mise beaucoup sur son cadre original (les vastes montagnes enneigées du Nord de l’Europe) pour nous faire oublier la banalité de son postulat de départ. Les deux premiers actes fleurent le déjà-vu à plein nez (on se croirait presque dans un remake nordique d’
Evil Dead). Et , parce que la première moitié de l’ouvrage assume mal son second degré comme son niveau d’autodérision, l’humour s’avère beaucoup trop convenu et bas de gamme pour nous soutirer le moindre sourire.
De surcroît, sans être antipathiques, les protagonistes se cantonnent aux poncifs d’usage : le geek fana de films d’horreur, la fille facile, le copain un peu crétin, le couple d’amoureux... Des personnages sans réelle personnalité, en somme, qu’il nous importe peu de voir périr. Un sentiment guère aidé par le jeu tantôt correct tantôt bancal des acteurs (tous amateurs, visiblement), dont seuls
Bjorn Sundquist (le vagabond) et
Vegar Hoel (Martin) parviennent à se dépêtrer.
Un scénario peu original (si l’on octroie l’arrivée des nazis morts-vivants) et souvent redondant (bien qu’amusants et gore, les multiples affrontements du 3e acte finissent par lasser), qui côtoie hélas une mise en scène et une photographie des plus anodines (juste sauvée par le travail effectué en post-production), en sus d'un score trop discret et d’une direction d’acteurs parfois scabreuse (combats au poing minables, acteurs qui en font des tonnes sans faire rire).
On aurait tort de tourner le dos à la bande de Tommy Wirkola, quoi qu’il en soit. En dépit d’un faible budget (qui se ressent dans les masques portés par les nazis), le cinéaste norvégien nous convie à une dernière partie généreusement gore et suffisamment délirante pour gagner notre approbation. On retiendra tout particulièrement les passages où Hanna défonce un corbeau à mains nues parce qu’il coasse trop bruyamment ; où Erlend se fait ouvrir le crâne en deux (les maquillages spéciaux sont impressionnants) ; où un Nazi se fait trucider avec une faucille et un marteau ; ou encore où Vegard reste suspendu dans le vide, se tenant aux intestins d’un nazi éventré (!). Tout autant de séquences à la fois burlesques et sanguinolentes, qui évoquent volontiers
Braindead, Undead, Evil Dead (à nouveau),
Resident Evil, La Nuit des Morts-Vivants et les films de
Lucio Fulci. Des références solides qui séduisent inévitablement bien que
Dead Snow ne cherche jamais à transcender ses modèles.
Évidemment perfectible et pétri de défauts, le métrage de
Tommy Wirkola nous laisse néanmoins sur une bonne impression. Loin du nanardesque
Lac des Morts-Vivants de
Jean Rollin,
Død Snø mériterait une meilleure reconnaissance à travers le monde, même si
Quentin Tarantino et son
Inglorious Basterds risquent de lui faire définitivement de l’ombre. Affaire à suivre.