Frontière(s)

Frontière(s) était attendu pas tous les amateurs de films d'horreur, de survival. Le film est prêt depuis 2006 mais a tarder à montrer le bout de son nez dans les salles obscures. Ce genre cinématographique est en déclin et on le voit bien à la combinaison de salles que l'on lui attribue, hélas. Qu'en est-il de ce fameux Frontière(s), surpasse t-il le joli Haute Tension ou le magnifique et jouissif A L'Intérieur ? La réponse est non mais ce n'est pas une énorme déception pour autant car le film possède certes ses défauts mais regorge aussi de qualités plutôt louables.
Les idées de mise en scène de Xavier Gens sont intéressantes mais il faut reconnaître que les 10 premières minutes sont assez barbantes et nous désorientent car nous avons affaire à une certaine vision fictive - qui aurait très bien pu se produire à un échelon moins exagéré dans la réalité - de la France depuis 2002 avec la montée en puissance de l'extrème droite. Mais le réalisateur ne caractérise pas spécialement son message, ce que lui reproche certaines personnes ayant assistées à la projection du film dans des festivals, bien avant sa sortie en salles. A la rigueur cette vision d'un futur chaotique sert plutôt de prétexte à la suite des évènements et on ne peut vraiment le critiquer là-dessus.
Par contre, le vrai problème provient des dialogues clichés et surtout d'une interprétation de la jeunesse des banlieues plutôt décevante dans un premier temps puis vient le moment où la tension arrive et monte crescendo, là leur contribution ne se résume qu'à des réflexes primaires donc les dialogues ne sont plus utiles.
Toutefois, David Saracino et Karina Testa, sortent du lot et sont très convaincants, portant à eux seuls le film. D'ailleurs on attend avec impatience le court métrage Paris by Night of the Living Dead de Grégory Morin, dans lequel ils seront confrontés à des morts vivants dans un Paris apocalytique. Ils sont inséparables ces deux là depuis leur contribution dans le film de Djamel Bensalah Il Etait une Fois dans l'Oued. Samuel Le Bihan par contre n'assure pas tellement, il en fait un peu trop dans un rôle de bête humaine auquel on ne croit que furtivement, ses premiers instants face à la caméra sont assez marrants car il joue les gros bras décérébré avec ses muscles saillants et couverts d'huiles afin de lui donner une dimension de gros costaud plutôt cliché et dont on se serait particulièrement passé. Estelle Lefebure quant à elle nous livre une prestation de petite catin démoniaque bluffante de naturel dans un rôle à contre emploi.


On peut dénombrer pas mal d'incohérences dans sa violence au réalisme incertain comme lorsque l'un des personnages se fait lyncher à coups de barre de fer assez lourde, on le voit cracher du sang, on pense évidemment qu'il peinera à se relever, qu'il a à coup sûr des cotes de cassées et puis on le voit se relever sans mal en mimant à peine la douleur de son fardeau. Puis après une course poursuite en voiture il finit son chemin dans un fossé et là encore il se relève de nouveau, avec encore moins de peine. Il aurait pu jouer dans Terminator avec cette hargne incommensurable, c'est dire.
Passons maintenant aux qualités du film car il en possède quand même. Pour un premier film Xavier Gens s'en sort plutôt bien et malgré pas mal de failles, il faut lui reconnaître un sens particulier lorsqu'il utilise le langage des armes comme au tout début du film, car malgré une introduction post générique décevante gâchée par un casting hasardeux et des dialogues pas top top, il filme une petite fusillade très fluide et bien mise en scène. Par contre la fusillade du final n'est pas utile et ne sert pas vraiment le scénario, sinon l'autre atout de Mr. Gens c'est inévitablement son génie lors des scènes chocs où l'hémoglobine (Aïe, la scène de la découpe avec la scie circulaire !) et le maquillage (l'un des jeunes qui finit avec le visage brûlé) épousent une certaine forme qui accouche d'un rendu ahurissant de réalisme. On ressent les inspirations du cinéaste, on pense à Massacre à la Tronçonneuse, Motel Hell, Descent et Le Sous-Sol de la Peur entre autres. Des références en la matière et une inspiration qui puisent assez bien dans ces recettes du genre.
De nombreux moments sont assez marquants comme une scène de claustrophobie bien prenante et qui n'a rien à envier au Descent de Neil Marshall ou encore et surtout une scène de boucherie lors de laquelle un jeune sera suspendu la tête en bas par des crochets crochetés à ses chevilles.
On peut saluer le travail, certes inégal, de Xavier Gens mais avec son petit budget il a réussit un premier film qui mérite sa place dans le rang des nouveaux films de genre Français tels que Haute Tension, A L'Intérieur et Calvaire (un film très psychologiquement atteint). Bravo à ce réalisateur qui promet, il a tout de même réussi à être embauché pour la réalisation d'un film de commande américain tel que Hitman, qui d'ailleurs est sorti avant son premier film.
Frontière(s) n'est pas si décevant et mérite amplement que l'on s'y attarde, surtout pour les amateurs du genre, vous n'allez pas bouder votre plaisir !

J'en suis aux 50 premières minutes et je ne peux que soulever les mêmes déceptions que toi : dialogues pathétiques, acteurs de seconde zone, tenue de caméra tremblant plus que de raison dans les scènes d'action... Par contre, je trouve Le Bihan absolument excellent dans son rôle. Remarque, peut-être qu'il en fait des tonnes dans le reste du film mais, dans ce que j'en ai vu, l'acteur trouve à mon sens sa meilleure prestation depuis le début de sa carrière. Les scènes dans la mine foutent en effet bien les pétoches. J'ai été fort surpris, d'ailleurs.

Ah au fait, Joel Lefrançois (le boucher obèse) est l'ancien metteur en scène théâtral à ma mère et il m'a moi-même dirigé dans l'une de ses pièces de théâtre (quand j'étais en CE2).

INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS



Écrit & Réalisé par Xavier Gens
Musique de Jean-Pierre Taies
Avec Karina Testa, Samuel Le Bihan, Maud Forget, Estelle Lefébure, Aurélien Wiik, David Saracino, Chems Dahmani, Amélie Daure, Joël Lefrançois, Jean-Pierre Jorris







Ce n’est un secret pour personne, le cinéma de genre français en est encore à ses balbutiements et se porte au plus mal. Après un essai gore mais peu concluant (Haute Tension, ridiculisé par son twist final), une série B imparfaite (Sheitan) et une poignée de nanars risibles (Promenons-Nous dans les Bois, Le Pacte des Loups), le cinéma horrifique nous réserve Frontière(s), premier jet du scénariste et réalisateur Xavier Gens. S’il est vrai que la violence graphique atteint un niveau encore inédit en France, force est d’admettre que le cinéaste ne fait que copier – tantôt maladroitement tantôt avec justesse – la recette de ses compères américains.







Du Massacre À La Tronçonneuse de 1974 (la scène du repas, le personnage du boucher un peu balourd) à celui de 2003 (la tenue de caméra, les styles d’exécution) en passant par Hostel (l’arrivée dans un gîte, les séquences de tortures), Xavier Gens oscille entre l’hommage honnête et le plagiat sans âme. Non seulement influencé par ses homologues d’outre-Atlantique, Frontière(s) semble également s’inspirer de bandes européennes, en particulier Sheitan (le synopsis est sensiblement le même) et Isolation (pour son atmosphère cradingue et son déroulement à la campagne). Du coup, la narration ne permet aucun effet de surprise ; et le spectateur n’a plus qu’à se contenter de l’enchaînement de plans gore et de la photographie léchée de l’œuvre (bien que les nuits américaines soient torchées avec les pieds) pour éviter l’ennui et la consternation.







Et encore, difficile d’apprécier le spectacle au vu des personnages et acteurs atrocement mauvais qui composent le tableau. Les protagonistes ne sont que des simulacres déshumanisés (il faut voir les clichés de racailles et de salopes que Gens nous pond). Les textes sont récités platement, qui plus est par des acteurs débutants et en surenchère permanente : Karina Testa (Yasimne) en fait des tartines et pourrit irrémédiablement la puissance du dénouement final (c’est bien beau de simuler un état de choc, encore faut-il le faire correctement !) ; Jean-Pierre Joris joue très mal les sadiques nazis ; le quatuor de racailles sonne faux du début à la fin ; et tous entretiennent des relations surfaites… Au final, Frontière(s) n’est sauvé que par la performance frappadingue de Samuel Le Bihan (excellent en bouseux facho) et les prestations honorables de Joël Lefrançois (dans un rôle « taillé sur mesure ») et Maud Forget (surprenante).





À nouveau, les maigres points forts de l’ouvrage sont contrecarrés par pléthore de défauts et de maladresses. Outre les stéréotypes ambulants et les références mal dosées parcourant le script, Xavier Gens pourvoie son scénario de dialogues soit inutiles soit pathétiques (les adieux de Sami à sa petite amie sont dignes d’un épisode de Sous Le Soleil !), de scènes-cliché (la scream-queen qui s’arrête de courir alors qu’elle est poursuivie, le blaireau qui se prend des coups de crosse mais se relève sans problème…), et de passages mal rythmés (la fusillade, le dîner). Et le tout est délicatement assaisonné d’une musique virant parfois au gnangnan pur et dur, et d’une réalisation qui sait se montrer crétine (il ne suffit pas de faire gigoter sa caméra dans tous les sens pour insuffler de la tension !).



Pour résumer, Frontière(s) n’est qu’un pétard mouillé de plus, à ranger sur l’édifice navrant du cinéma d’horreur français. Nul doute qu’avec un scénario un peu plus original, des personnages vraiment humains, une tenue de caméra moins branlante et des acteurs principaux expérimentés, Frontière(s) aurait pu marquer un tournant dans le genre frenchy. Car Xavier Gens sait aussi nous concocter des séquences généreusement gore (l’exécution de Le Bihan, putain de merde !) ou flippantes (la scène de la mine). Pour l’heure, Frontière(s) s’oublie vite, très vite…



Réalisation : 3/5
Musique : 3/5
Acteurs : 2/5
Scénario : 1.5/5


NOTE : 9.5/20



Joli reflet dans la portière...

Synopsis: Alors que l'extrême droite arrive au second tour de l'élection présidentielle, un groupe de jeunes braqueurs débarque dans une auberge en pleine forêt. Celle-ci est située dans une ancienne friche minière et ses tenanciers sont particulièrement sordides.



Frontière(s) n’est pas un film, dont j’attendais grand chose. Mais, j’espérais au moins, que ce ne soit pas aussi décevant que Sheitan. Et, au final, il s’est avéré bien meilleur que le film de Kim Chapiron. Je ne dis pas que ce film est super bon, mais que ce n’est pas la catastrophe annoncée, par bien des gens.



Commençons tout d’abord, par le scénario de Xavier Gens. L’histoire, qu’il a concoctée, est une sorte de mélange des films, comme Sheitan, Hostel et The Texas Chainsaw Massacre. Elle n’a rien de bien extraordinaire, mais je crois que le but premier de Gens, c’était de rendre hommage aux films d’horreurs des années 70, surtout le fameux film culte de Tobe Hooper, The Texas Chainsaw Massacre. La prémisse de base est assez semblable : des amis sont en route vers une destination, mais ils font un arrêt à la campagne et ils se retrouvent malheureusement, au mauvais endroit, au mauvais moment. Alors, ils devront affrontés une famille complètement barge. Certes, c’est une histoire très classique et clichée, repris dans de nombreux films. Mais, c’est quand même très efficace. La descente aux enfers, de nos quatre amis, est plutôt intéressante. Personnellement, je me foutais pas mal, de ce qui allait leur arriver. Je ne me suis pas trop attaché, à nos amis de la banlieue, qu’à la famille barge de la campagne. Le plus emmerdant, c’est la finale, qui semble durée une éternité et qui est loin d’être le meilleur moment du film. Aussi, j’aurais aimé, qu’il développe et nous montre plus, les fameux « enfants monstres ». Ça aurait pu donner de bonnes scènes terrifiantes.



Autre élément, qui vient gâcher le métrage, c’est la plutôt mauvaise réalisation de Xavier Gens. Dès le départ, il nous sert une réalisation épileptique. Ça n’a rien à voir, avec ce que l’on a pu voir dans la saga Saw. Dans Frontière(s), ça m’a quasiment fait vomir, tellement que ça bougeait trop. Pour ce qui est du reste du film, c’est mieux, mais sans être des plus génial. Xavier Gens va nous offrir quelques bons plans et quelques bonnes séquences bien rythmées, mais le reste va laisser à désirer. La meilleure scène est certainement celle, qui se déroule dans la mine. Une séquence très réussis et très angoissante. Le passage, avec la caméra amateur, était vraiment extra. En ce qui concerne les fameuses scènes réalistes et éprouvantes, je n’ai rien trouvé, de si dérangeant que ça. Ça été plaisant de voir de bonnes scènes gores et sanglantes de qualités (l’explosion de la tête), mais comme bien d’autres personnes, j’ai vu plus troublant que ça. Les meurtres sont intéressants, et nous sont assez bien présentées.



Sinon, pour le casting, il n’y a pas grand monde, qui s’est vraiment forcé. Samuel Le Bihan est celui, qui s’en sort le mieux, dans le rôle de Goetz, l’un des fils néo-nazis. Dans le cas des acteurs, qui incarnent les jeunes de la banlieue, ils sont déjà beaucoup mieux, que ceux vue dans Sheitan. Leur jeu est moins pénible. J’ai bien aimé, le personnage de Farid. Certes, il est cliché comme personnage, mais c’est celui qui m’a paru le plus sympathique et brillant de la gang. Tandis, que pour les interprètes des néo-nazis cannibales, ils sont plus ou moins crédibles. Leurs personnages sont parfois trop grotesques. Le pire est le père de famille, avec son accent allemand.



Au final, sans être génial, Frontière(s) est un bon petit survival français, bien gore et sanglant. Certes, le film manque grandement d’originalité, autant niveau scénario que réalisation, les acteurs sont plutôt mauvais et il est très loin de révolutionner le genre, mais il vaut tout de même le détour. Les meurtres sont le point fort de ce film. À chaque meurtre, j’espérais que le prochain soit aussi violent. Un véritable plaisir!

Note: 15/20

Tout de même, je trouve que la comparaison avec Sheitan n'est pas tenable. Sheitan bénéficiait au moins d'une mise en scène et d'un scénario un peu plus originaux, en plus d'acteurs - amateurs et professionnels - bien plus convaincants.

Non vraiment, je trouve que Sheitan remporte l'adhésion haut la main, alors que Frontière(s) oscille davantage entre la série B navrante et la série Z...

Moi, c'est tout le contraire, du moins pour le scénario et les acteurs. Pour la réalisation, je te l'accorde. Je m'étais royalement emmerdé devant ce Sheitan.