Il est des métrages qui ne méritent pas leur sale réputation... Et d’autres qui la méritent amplement ! Conspué un peu partout dans le monde,
I Know Who Killed Me s’impose comme un tâcheron monumental, un nanard authentique qui en dit long sur les capacités artistiques de ses auteurs... Sur la direction de
Chris Sivertson en premier lieu. Ce dernier accouchant d’une mise en scène surfaite (juste sauvée par un traitement louable des couleurs), tantôt composée de plans scolaires, simplistes, tantôt animée par des mouvements de caméra ringards (wouhou, quel travelling magnifique pour introduire le plan de la maison !?), qui versent clairement dans la démonstration au lieu de servir la narration ou de témoigner d’un quelconque savoir-faire.
D’ailleurs, la démonstration semble être le maître-mot de ce projet. Démonstration technique donc, plombée par des sons additionnels trop superficiels pour être crédibles, des transitions colorisées ou des fondus dignes d’un montage familial. Mais aussi démonstration de maquillages spéciaux, plutôt réussis il faut bien l’avouer (quoique les prothèses en latex sautent parfois aux yeux !), qui donnent lieu à des scènes de tortures appréciables pour les fans du genre mais purement gratuites (encore une fois, aucune utilité pour le récit, ou si peu). Démonstration de charme pour
Lindsay Lohan, dont le formes avantageuses sont constamment mises en avant (sa garde-robe ne contient visiblement que des fringues moulantes...), notamment à travers de multiples scènes de gogo-dancing ou de baise, toutes redondantes, ennuyeuses, poussives et inévitablement futiles, qui ne doivent leur existence qu’à un scénario creux et emmerdant.
Parlons-en du scénario justement. Non content d’enliser son récit dans des longueurs et lenteurs insupportables,
Jeffrey Hammond pompe en plus les grandes lignes d’
I Know Who Killed Me aux séries
MillenniuM et
X-Files, en particulier à l’épisode
Oubliette de la saison 3. Ledit épisode nous contait l’histoire de deux jeunes femmes psychiquement et physiquement liées, l’une étant l’ancienne victime d’un ravisseur, l’autre la nouvelle victime de ce dernier. Et durant ce calvaire, l’ancienne victime subissait malgré elle les sévices infligés à la nouvelle captive. Or, que raconte
I Know Who Killed Me ? Une jeune femme, Aubrey Flemming, se fait enlever et torturer avant d’être retrouvée agonisante sur un bord de route. À son réveil, elle prétend s’appeler Dakota Moss et s’aperçoit rapidement qu’elle entretient un lien physique et psychique avec la vraie Aubrey Flemming, Dakota subissant elle aussi les sévices endurés par la captive. L’originalité n’est donc pas de mise et rend le développement du script pour le moins prévisible. Qui plus est, la beauté et la violence psychologique de l’épisode d’
X-Files laissent place à un récit sans charme ni surprise ni attrait — ce que n’aident pas les acteurs en roue libre, toujours en surface par rapport à leur rôle —, dont les tenants et aboutissants sont devinés dès la moitié du film.
Le tout ceinturé par un score guère séduisant, nanti d’une part de chansons pop pour ados jamais distrayantes, et d’autre part d’un thème principal faussement enivrant mais réellement chiant, doublé de mélodies de synthétiseur inaudibles, plus agaçantes que stressantes. Avec un tel tableau, pas étonnant qu’
I Know Who Killed Me se soit ramassé devant les audiences du monde entier, et que
Chris Sivertson se soit vu « offert » le Razzie Award du pire réalisateur ! Il paraît que
The Lost — l’ancien métrage de
Sivertson, débarqué plus tard que son cadet dans nos contrées — démontre le véritable talent du cinéaste... Accordons lui tout de même le bénéfice du doute et ne résumons pas (encore) sa carrière à ce seul échec. Peut-être y a-t-il du bon chez
Sivertson... En tout cas, il n’y en a aucun dans
I Know Who Killed Me, c’est certain !