MOTEL 2
(Vacancy 2 : The First Cut — 2009) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSRéalisé par
Eric BrossÉcrit par
Mark L. SmithMusique de
Jerome DillonAvec
Agnes Bruckner, David Moscow, Scott Anderson, Brian Klugman, Arjay Smith, Trevor WrightLe premier volet à peine sorti, voilà que
Mark L. Smith remet le couvert avec
Motel 2. Souvent considérée comme inférieure à son prédécesseur, cette suite (ou plutôt cette préquelle) est en effet loin d’arriver à la cheville de son modèle. À tel point, d’ailleurs, que la moindre comparaison entre les deux opus constitue une offense envers le premier
Motel ! À mille lieues donc du film d’horreur haletant et futé de 2007,
Mark Smith se fourvoie ici dans un thriller inintéressant, parfaitement inoffensif, plus proche d’un film pour ados que du métrage réaliste et sérieux que constituait
Vacancy. Un point qui caractérise l’ensemble de l’œuvre et plus spécifiquement les protagonistes de ce second volume.
Le couple de parents brisés, humains et touchants du premier
Motel laisse ainsi place à une galerie de jeunes personnages, tous aussi superficiels, stéréotypés et antipathiques les uns que les autres. De cette blondasse peroxydée, qui parvient à se démarquer du cliché de la bimbo pour s’enliser dans celui de la future mère super courageuse (le coup de la jeune femme enceinte, merci on a déjà donné !), en plus du classique statut de scream-queen. À ce crétin de petit copain, auquel il est impossible de s’identifier à moins d’être mû par une personnalité aussi transparente que la sienne ! Sans oublier le sempiternel Black de l’histoire, dont la présence s’avère totalement accessoire (en gros, le scénariste ou les producteurs ont pensé qu’il fallait un Afro-Américain dans le récit pour forcer l’identification du public Noir aux personnages), et qui passe bien évidemment son temps à scander des injures, faire des blagues ou raconter des conneries. Un cliché discriminatoire et affligeant, qui souligne un peu plus la bassesse de cette préquelle.
Hélas, les protagonistes ne sont pas les seuls à pâtir d’une écriture aussi surfaite. Le spectateur doit en sus se farcir un scénario convenu, simpliste, quand celui-ci ne verse pas directement dans le grand-guignol (la nana qui reste 5 minutes en apnée avant de flinguer le gérant ; 200 victimes en 3 ans, ben voyons...). Comble de tout,
Mark L. Smith ne semble pas avoir compris que le but d’une préquelle est de paraître cohérente avec le premier chapitre.
- Spoiler:
Au lieu de raccorder logiquement les deux ouvrages (pour cela, il aurait suffi de tuer l’héroïne et d’endiguer les preuves du premier massacre), l’auteur opte pour un dernier acte candide, où les « Méchants » sont punis et où la « Gentille » s’en sort bien vivante, quitte à faire passer les flics du coin pour des grosses taches incompétentes (en bâclant l’affaire du motel).
La conclusion de ce
First Cut annihile ainsi toute vraisemblance et toute continuité avec son prédécesseur, comme si le scénariste désirait décrédibiliser cette suite de fond en comble.
Un constat d’autant plus regrettable que le début de
Motel 2 laissait présager une préquelle d’honnête facture. Les premiers personnages (le couple de jeunes mariés) avaient beau émerger à leur tour d’un paquet de poncifs navrants, l’évolution des gérants du motel s’avérait aussi logique que passionnante. De simples voyeurs, ils franchissent le pas du snuff movie après avoir assisté en direct au meurtre de l’une des clientes, trouvant dans ce marché l’occasion d’accroître leurs bénéfices. Une accroche réussie, inédite, qui exploite subtilement (mais sans doute involontairement !) l’intrication entre pulsion scopique et pulsion de mort, même si la facilité avec laquelle les gérants commettent leurs premières exactions et le reste du développement viennent anéantir ce début prometteur.
Par ailleurs, il serait injuste de blâmer uniquement
Mark Smith. Nul doute, en effet, que
Motel 2 doit aussi sa caducité à la platitude de la mise en scène, à la banalité de la tenue de caméra (au mieux basique, au pire vomitive avec ses tournoiements minables et ses tremblements incessants), à la fadeur de la photographie (nantie de couleurs laides et d’éclairages ridicules — l’héroïne est censée être dissimulée dans l’obscurité alors qu’un projecteur lui éclaire le visage en permanence ! — en plus d’un grain numérique immonde), à l’anonymat de la bande-son (non, sérieusement, y avait de la musique dans
Motel 2 ?!), ainsi qu’au jeu approximatif de l’ensemble des comédiens (seul
David Moscow arrive à sauver les meubles). En somme, hormis son premier acte,
The First Cut ne présente rien de bien intéressant à se mettre sous la dent ; et le métrage d’
Eric Bross se range sans détour dans la catégorie des suites inutiles parues en DTV. Ne perdez pas votre temps avec ce navet et repassez-vous plutôt le premier
Motel !
NOTE : 7/20