Chandramukhi – L’Esprit Frappeur (2003) Écrit & Réalisé par
P. VasuChandramukhi se veut une comédie d’horreur typiquement indienne. Avec tout ce que cela implique de traditionnel et de culturel. Concernant l’histoire, la créativité n’est guère au rendez-vous, pompant volontiers sur ce que le Cinéma US a fait de meilleur –
L’Exorciste, Amityville, entre autres – pour le refourguer à la sauce indienne. Ainsi, il est question d’une famille s’installant pour quelques temps dans une maison hantée par l’esprit de Chandramukhi, une sorcière immolée dans l’ancien temps. C’est alors que Chandramukhi s’empare de l’une des hôtes et commence à disséminer l’angoisse au sein de la famille.
Mais ne vous attendez à aucune scène violente ni même angoissante ; la culture cinématographique indienne fait de la caricature, l’exagération et la surenchère de la mise en scène ses maîtres-mots. En effet, tradition oblige, le récit se voit perpétuellement entrecoupé de chansons chorégraphiées desservant peu ou prou l’intrigue, tournant souvent autour des bienfaits du Seigneur, de l’amour, de la morale, et d’autres thèmes aussi gnangnan les uns que les autres. Ceci dit, c’est ce qui fait également tout le charme de cette culture ; le seul problème revenant au fait que le métrage dure près de 3 heures et que 45 minutes sont réservées aux chants. Donc, on a tendance à appuyer sur Accélérer au moment où les acteurs poussent la chansonnette, et le film ne s’en porte pas plus mal.
Niveau réalisation,
P. Vasu adopte une tenue de caméra dont les influences américaines se font ressentir. Travellings musclés, combats virevoltants, plans-séquences parfaitement millimétrés, montage énergique voire nerveux… Une réalisation qui vaut son pesant de cacahuètes, en somme, et qui permet de passer un agréable moment. Mais la puissance de
Chandramukhi réside en grande partie dans la prestance de
Rajini, la Superstar indienne incarnant ici Saravanane, sorte de sage indien dragueur – chanteur – charmeur – bagarreur – psychiatre et exorciste à ses heures perdues. Bien sûr, l’ensemble de la troupe tend à verser dans la surenchère (Ganga possédée, avec ses yeux grand ouverts telle une démente ; le cousin un peu couillon et naïf sur les bords) mais ce jeu exagéré nous fait d’autant plus apprécier
Chandramukhi et donne lieu à des situations comico-burlesques bien sympathiques.
En définitive, les chansons cucul-la-praline récurrentes s’avèrent lassantes, l’histoire ressemble à beaucoup d’autres, les acteurs ne délivrent pas une performance inoubliable… mais
Chandramukhi constitue une plongée dans la culture cinématographique indienne pour le moins intéressante.
Réalisation : 4/5
Histoire : 3/5
Musique : 2.5/5
Acteurs : 3.5/5Note : 13/20