THE WOODS (2005) Réalisé par
Lucky McKeeÉcrit par
David RossMusique de
John FrizzellAvec
Agnes Bruckner, Patricia Clarkson, Rachel Nichols, Lauren Birkell, Bruce Campbell, Emma Campbell, Kathleen MackeyVictime de remontages intempestifs et d’un budget révisé en cours de route, le second film de
Lucky McKee aura connu bien des péripéties avant de rendre sa version définitive. Une version imparfaite mais qui est loin d’être le tâcheron que certains avancent.
The Woods pâtit certes d’un final brouillon, d’un montage parfois approximatif, d’effets spéciaux moyens et de choix narratifs pas toujours percutants (les hallucinations auditives de la protagoniste). Mais de tels éléments ne sauraient mettre en branle la puissance de l’œuvre. D’autre part, beaucoup se sont arrêtés sur la ressemblance entre le film de
McKee et
Suspiria. Bien que les deux métrages partagent en effet plusieurs points communs – dont leur décor (une école pour filles au milieu des bois) et leur intrigue (une élève persécutée par des sorcières) –, il ne faut pas longtemps à
The Woods pour se démarquer du classique de
Dario Argento et donc trouver son identité propre. Ne serait-ce qu’au niveau du scénario et des personnages qui le parcourent. À bien y regarder, Heather Fasulo apparaît comme la parfaite antithèse de la protagoniste de
Suspiria. Ici, les adolescentes candides sont remplacées par des jeunes femmes rebelles (Heather), antipathiques (Samantha) ou mystérieuses (Ann, Marcy). Les personnages ne faisant pas tout,
The Woods est également pourvu de séquences angoissantes (la poursuite dans les bois, les visions d’Heather), jouissives (le combat à mains nues entre Heather et Samantha, les coups de hache du final) ou répugnantes (la scène du vomis, le suicide d’Ann).
Comme mentionné plus haut, le script trouve aussi ses limites. Mais l’investissement de
McKee dans le projet est tel que ces imperfections passent au second plan. Au lieu de se reposer sur ses lauriers après la réputation solide que lui a valu
May,
Lucky McKee peaufine son approche et transforme ce qui aurait pu être une série B sans saveur en une œuvre radieuse. Épaulé par une photographie glaciale et un excellent score (mêlant des chœurs somptueux à des sons perçants),
McKee nous convie à des prises de vue renversantes et des jeux de perspectives tout aussi réussis.
L’autre point fort de
The Woods (que l’on aurait tort de négliger) revient sans conteste à son casting. Outre les apparitions fort convenables de
Bruce Campbell (touchant dans la peau de ce père effacé),
The Woods peut reposer sans crainte sur les jeunes épaules d’
Agnes Bruckner (très juste), de
Lauren Birkell et de
Kathleen Mackey (toutes deux troublantes). Sans oublier les prestations inquiétantes de
Patricia Clarkson et
Marcia Bennett.
Pour résumer, The Woods ne concurrence évidemment pas May mais ne risque pas non-plus de faire de l’ombre à la carrière de Lucky McKee. Tout au contraire, The Woods nous prouve à quel point le talent d’un cinéaste peut sauver du naufrage un film aux griffes d’une production bordélique.
Réalisation : 4/5
Histoire : 3.5/5
Acteurs : 3.5/5
Musique : 4.5/5Note : 15.5/20