Street Trash (1986) Réalisé par
Jim MuroÉcrit par
Roy FrumkesMusique de
Rick UlfikAvec
Bill Chepil, Mike Lackey, Vic Noto, Jake Arakawa, Nicole Potter, Miriam ZuckerDans la même lignée que
Toxic Avenger et
Bad Taste,
Jim Muro sort
Street Trash, un délire à part entière alliant subtilement scènes gore, humour noir et burlesque, et satire sociale sous-jacente. Ce qui fait malheureusement défaut au film, c’est son absence de fil conducteur. En fait,
Street Trash ressemble davantage à un assemblage de saynètes – toutes plus déjantées les unes que les autres – qu’à un métrage à proprement parler. D’où un grand passage à vide (de 45 minutes) dans lequel le scénariste nous confronte à l’enquête d’un inspecteur désireux d’exterminer tous les clochards résidant dans une casse automobile. Soit une histoire subsidiaire mollassonne, assez classique, et s’éloignant beaucoup trop de l’intrigue de départ – à savoir la découverte, au fond d’une cave, d’un alcool faisant littéralement fondre son buveur – mais qui permet d’introduire une satire retentissante, mettant sur le tapis la discrimination socio-économique, le racisme comme l’autoritarisme, le machisme, la Guerre du Vietnam et la xénophobie.
Mais
Street Trash, c’est aussi et surtout du gore cradingue à profusion. Corps putréfiés et pustulés, fontes de cadavres, explosion digestive, meurtres barbares, décapitation à coup de bombonne de gaz, écoulements de liquides jaunâtres ou bleuâtres, visage tuméfié, émasculation… Tout y passe ! En dépit d’un manque de moyens évident, les maquillages spéciaux de
Jennifer Aspinall s’avèrent rudimentaires mais bougrement efficaces. On regrettera seulement que les deux premières scènes gore soient séparées par un intervalle d’1 heure… De son côté,
Jim Muro fait preuve d’une réalisation aussi séduisante que branlante en raison de son aspect amateur et fait à l’arrache. Un aspect amateur également entretenu par les personnages eux-mêmes – allant du flic fasciste aux clochards débiles en passant par l’ancien soldat ruiné par la Guerre – et la prestation des comédiens dont le jeu (souvent exagéré et faux) ne fait que conférer que plus de charme à
Street Trash. Sans oublier les compositions kitsch et délurées de
Rick Ulfik.
En bref, voilà un autre film qui aurait gagné à n’être qu’un moyen-métrage (qui s’explique d’ailleurs par le fait que
Street Trash n’était, à la base, qu’une nouvelle de
Jim Muro). Détaché de ce développement étiré et creux,
Street Trash se révèle être un divertissement hors-normes, se dégageant de tout sérieux, se concluant en une apothéose gore ultra jouissive. Nul doute que le film de
Muro est à découvrir et redécouvrir par tous les fans du cinéma de genre.
Note : 15/20