MIRRORS (2008) Réalisé par
Alexandre AjaÉcrit par
Alexandre Aja & Grégory LevasseurD’après le scénario original de
Kim Seong-HoMusique de
Javier NavarreteAvec
Kiefer Sutherland, Paula Patton, Cameron Boyce, Erica Gluck, Amy Smart, Jason Flemyng, Mary Beth Peil, John ShrapnelN’ayant pas été convaincu par le remake de
La Colline A Des Yeux (et encore moins par
Haute Tension et son twist foireux !), je percevais d’emblée
Mirrors comme une révélation du réel talent d’
Alexandre Aja ou, au contraire, comme une confirmation de sa créativité très relative… Bilan des courses : malgré la grande symbolique et l’attrait horrifique qui gravitent autour des miroirs et leurs reflets,
Mirrors ne constitue rien d’autre qu’un film d’horreur moyen et dispensable. La faute en revient à un script poussif, plat, qui use de rebondissements faciles et convenus pour tenter de créer une tension. Tension qui ne viendra finalement jamais ou ne sera, au mieux, qu’esquissée.
Certes, les « meurtres » de l’œuvre se montrent particulièrement sordides (l’auto-égorgement, l’écartement maxillaire) mais
Aja les expose avec un tel académisme et leur survenue s’avère si saugrenue que le spectateur assiste, sans effroi ni intérêt, à cet enchaînement de scènes-choc dépourvues de charme. De surcroît, le scénario de
Levasseur et
Aja s’embourbe dans des explications parapsychologiques d’une candeur navrante, en sus de longueurs considérables et de relations entre personnages surfaites, qui poussent l’audience à ne jamais embarquer dans l’intrigue et le parcours du protagoniste. Arpentant sans cesse des sentiers battus,
Mirrors s’inspire, de surcroît, largement de ses prédécesseurs pour attirer son public :
SAW II pour son ambiance et son enquête policière,
SAW IV pour ses exécutions jusqu’au-boutistes et la « qualité » de son intrigue…
On ne pourra cependant pas reprocher au cinéaste français de ne pas avoir soigné son approche –
Aja jouant ingénieusement avec les effets d’optique et les réverbérations pour faire écho au scénario. En dépit de ces touches personnelles, la mise en scène semble manquer d’ambition et plombe, par conséquent, le rythme du film – déjà maltraité par le script des deux compères. Au bout du compte, on ne retiendra de
Mirrors que son retournement final pour sa beauté, son élégance et sa puissance, aussi bien en termes technique (
Aja nous fait enfin part de l’étendue de son talent, en mariant plans intimistes et mouvements grandioses) que scénaristique (les auteurs préférant une conclusion digne de ce nom à une happy-end ou un final classique).
Il ne faudrait pas non-plus accuser
Alexandre Aja et
Grégory Levasseur d’être les seuls responsables d’une telle déception.
Kiefer Sutherland fait preuve d’une prestation correcte mais ne dépasse guère le niveau de ses interprétations télé – d’ailleurs, le comédien renforce notre impression de moins assister à un film d’horreur qu’à un épisode fantastique de
24 Heures Chrono (et il suffit de ne connaître que quelques bribes de la série pour s’en apercevoir !).
Paula Patton perd toute crédibilité quand elle joue les mères aimantes ou se trimballe en décolleté plongeant (bonjour les tentatives – désolantes et ratées – pour augmenter le sex-appeal du métrage)… Le reste du casting n’apporte que le minimum syndical en matière d’interprétation. Et le film original –
Into The Mirror – lorgne davantage, paraît-il, du côté du navet que du chef-d’œuvre. Reste un thème principal absolument superbe ainsi qu’une trame sonore globale d'honnête facture.
À moins d’un miracle ultérieur, il semble difficile de prêter à
Alexandre Aja et
Grégory Levasseur le potentiel que certains leur avancent depuis
Haute Tension ou
La Colline A Des Yeux.
Mirrors peine à intéresser son spectateur et l’on oublie, de toute manière, très vite cette série B mineure et mal dosée…
NOTE : 11/20