FRANKENSTEIN (1931) INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSRéalisé par
James WhaleÉcrit par
Garrett Fort & Francis Edwards FaragohD’après le roman de
Mary Wollstonecraft ShelleyAvec
Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward van Sloan, Dwight FryeEn adaptant le roman culte de
Mary Shelley,
James Whale donne naissance à l’un des personnages les plus importants de l’horreur. Sorti la même année que
Dracula,
Frankenstein constitue assurément une perle du cinéma d’époque. Mais, contrairement à ce premier (plat et vieillot),
Frankenstein a conservé toute sa fraîcheur et tout son impact – malgré les tics un tantinet ridicules de la créature. Ce, grâce à l’implacable réalisation de sieur
Whale, nous faisant part de travellings ébouriffants tout en tirant profit de maquillages spéciaux plutôt impressionnants pour l’époque. Car, même si la franchise a perpétué son héritage tout au long du 20e siècle (ne serait-ce qu’avec
La Fiancée…,
Le Fils…,
Le Fantôme de Frankenstein et le remake de 1996), c’est avant tout l’œuvre de
James Whale que l’on retiendra. Censurée autant par les organisations catholiques (pour l’affirmation de Frankenstein, quant au fait d’être Dieu) que par les distributeurs (pour le meurtre de la petite fille, toujours aussi cruel et terrifiant à l’heure actuelle), cette première version de
Frankenstein apparaît comme un précurseur en la matière, en raison de son audace et de son avancée technique.
Outre ses rapports à la religion, le script de
Garrett Fort et
Francis Faragoh met en avant une réflexion quant à l’intérêt de la science dans l’histoire de l’Homme, et quant aux concepts d’inné et d’acquis chez l’être humain (via le cerveau du criminel, implanté dans le crâne du monstre). L’on pourrait également s’interroger sur les relations qu’entretiennent le conte de
Frankenstein et la mythologie grecque. Bien que l’on ait rapidement qualifié la créature de
Prométhée moderne (alors que
Prométhée n’a fait que tromper
Zeus pour donner le feu aux hommes), c’est essentiellement avec le mythe d’
Œdipe que
Frankenstein tisse des liens. L’un tue son père d’un coup de bâton, épouse sa mère puis se crève les yeux (image de castration symbolique par excellence). L’autre tente de conquérir une figure maternelle (la fiancée du savant), tue son créateur, puis périt dans les flammes. Mais, d’un autre côté, le monstre n’incarne-t-il pas simplement la part d’ombre du savant ? Le meurtre du créateur ne serait alors plus l’exécution du Père oedipien mais le triomphe du Mal sur le Bien. Mal qui n’a d’autre dessein que de finir dans les flammes de l’Enfer…
Bref, les interprétations du métrage de
James Whale vont bon train et résument à elles seules pourquoi cette première adaptation cinématographique n’a rien perdu de son éclat. Hormis la réalisation surprenante de
Whale et le scénario culotté de
Fort et
Faragoh,
Frankenstein puise sa force dans l’inoubliable prestation de
Boris Karloff. De la même manière que
Bela Lugosi et
Christopher Lee demeureront les figures emblématiques du film de vampires,
Boris Karloff est devenu indissociable de son personnage-phare, et inversement.
Sans être parfait (on relèvera certaines facilités dans la mise en scène comme dans le script), le
Frankenstein de
James Whale fait partie de ces films incontournables que l’on ne se lasse pas de redécouvrir. Et vous, que pensez-vous de
Frankenstein ?
Note : 14/20NOTE SUR LES BONUS DE FRANKENSTEIN :Contrairement au DVD de L'Étrange Créature du Lac Noir, le making et les autres bonus de Frankenstein sont loin de faire sensation. Le making se montre relativement plat et ennuyeux. Et le court-métrage Boo ne nous tirera que difficilement un sourire... Dommage.