Sailor & Lula (Wild At Heart)

Écrit & Réalisé par David Lynch

Musique d’Angelo Badalamenti
Avec Nicolas Cage, Laura Dern, Willem Dafoe, J.E. Freeman, Diane Ladd, Crispin Glover, Harry Dean Stanton, Calvin Lockhart, Isabella Rossellini





Dans la même lignée que Blue Velvet, David Lynch sort Sailor & Lula, concentré nerveux de sexe, de violence et de chairs ensanglantées. S’ouvrant sur un prologue d’une extrême sauvagerie – dans lequel Sailor explose le crâne d’un rival à mains nues ! –, Sailor & Lula laisse bientôt place à un road-movie décapant, prenant le temps d’installer son intrigue et de développer ses personnages, entrecoupant son récit d’histoires subsidiaires toutes plus délurées les unes que les autres (un cousin frappadingue, persuadé que les Extraterrestres ont l’apparence de gants de cuisine ; un ami de la famille, violeur de gamines). Pour édulcorer l’édifice, Lynch s’équipe d’un casting haut en couleurs, composé de Laura Dern (métamorphosée en pétasse niaise, ayant le feu au cul - soit la parfaite antithèse de son rôle dans Blue Velvet !), Nicolas Cage (se la pétant tellement qu’il transforme son personnage trash en un ringard pathétique), Diane Ladd (inoubliable en mère possessive et immorale), Isabella Rossellini (méconnaissable dans ce rôle de tueuse à gages déglinguée), et Willem Dafoe (aussi hilarant qu’antipathique dans la peau de ce malfrat aux chicots pourris).





À travers cette sorte de Bonnie & Clyde personnalisé et de prémisse au Pulp Fiction de Tarantino, David Lynch délivre sa vision des années trash, peuplée d’enfoirés pervers, de sociopathes allumés et de jeunes naïfs et insoucieux. Au-delà, l’auteur d’Eraserhead adopte une réalisation toujours aussi élégante et soignée, alternant prises de vue intrusives, plans serrés et hallucinations psychédéliques. De son côté, Angelo Badalamenti s’en donne à cœur joie sur cette bande-son vintage, mêlant des accords punk-rock aux chants doucereux d’Elvis Presley.
De cette alchimie parfaite entre acteurs haut de gamme, score alléchant et réalisation chiadée, résulte un métrage vous saisissant aux tripes. Où romance et violence se conjuguent harmonieusement, pour le plus grand désarroi de l’audience. Après des égarements stylistiques du nom d’Elephant Man et Dune, Sailor & Lula permet de retrouver avec force le David Lynch des années 70, en moins déjanté, moins atypique mais toujours fidèle à lui-même.








Note : 15/20



Cameo hilarant de Jack Nance !