Admettons-le d’emblée : il faudrait être sincèrement allumé pour trouver la moindre qualité à
Zombi 3. Bien loin du respectable — mais perfectible —
Zombi 2,
Lucio Fulci signe ici un nanar pur jus, certes culte, mais qui accumule tout de même les pires écueils propres aux séries Z. La participation (officieuse) de
Bruno Mattei aura donc laissé quelques traces douloureuses...
Du côté du scénario tout d’abord, puisque
Claudio Fragasso s’est visiblement donné beaucoup de mal pour retirer toute crédibilité à son ouvrage. Non content de calquer sa trame principale sur celle du
Jour des Morts-Vivants (le conflit entre militaires et scientifiques),
Zombi 3 en profite aussi pour plagier le
Contamination de
Luigi Cozzi (l’évolution de la pandémie) et le
Crazies de
George Romero (l’armée tirant à vue en prenant pour prétexte l’éradication des contaminés), en plus de pomper son final à la fois sur
La Nuit des Morts-Vivants (le rescapé se faisant buter par les autorités),
Dawn of the Dead du même
Romero (les survivants s'échappent en hélicoptère) et le
Thriller de
Michael Jackson (on entendrait presque le rire dément de
Vincent Price au moment où l’animateur radio se tourne vers la caméra !).
Mais
Fragasso ne s’arrête pas là puisqu’il ne trouve rien de mieux à faire que de polluer son script de rebondissements absurdes et simplistes (l’attaque de la tête décapitée est tout de même à inscrire dans le marbre !) et — surtout — de personnages tellement superficiels (voire artificiels) qu’ils deviennent immédiatement antipathiques. Cela va des jeunes insoucieux, qui débitent des dialogues cons comme la pluie et parfaitement inutiles, aux chefs de l’armée malintentionnés ; en passant par les scientifiques manipulés, les bidasses qui s’extasient comme des jouvenceaux dès qu’ils aperçoivent une greluche et qui ne savent pas se déplacer autrement qu’en faisant des galipettes, leurs compères en blouse blanche qui sautent comme des puces avec leurs mitraillettes en plastique ; sans omettre l’indispensable héroïne chétive, qui vient se blottir dans les bras du héros valeureux dès qu’une mouche fait un pet de travers — un couple de héros qui se met évidemment à parlementer indéfiniment lorsque l’épilogue approche, quand bien même une horde de morts-vivants lui colle aux basques !
Dans un tel cadre, on se doute pertinemment que des figurants mal payés élevés au rang d’acteurs ne feront guère de miracle. Ce que confirme sans peine le casting de
Zombi 3, l’ensemble des interprètes faisant ici montre d’un jeu excessif, inexpérimenté et jamais convaincant. Toutefois, il paraît difficile de blâmer les comédiens (bien qu’aucun ne manifeste le moindre talent) au vu du mépris affiché par
Lucio Fulci (et ses assistans officieux, donc) en ce qui concerne la direction d’acteurs et la mise en scène. Nanti de cadrages se foutant de la gueule du monde (au moins, on a le temps de bien voir les chaussures des soldats), de focus mal réglés, d’effets spéciaux précaires (oh les jolis oiseaux en plastique), de maquillages vieillots, d’une photographie merdique (alternant entre des décors trop sombres et des éclairages flashy), d’un doublage anglais on ne peut plus approximatif (soit dit en passant, le doublage français est à mourir de rire !), et de séquences dirigées à l’aveuglette (jamais vu une noyade aussi réaliste !),
Zombi 3 est un fiasco technique à part entière, qui incarne parfaitement tout ce qu’il ne faut pas faire au cinéma.
Quitte à évoquer les tares de ce projet, impossible de faire l’impasse sur la musique de
Stefano Mainetti tant le (pseudo) compositeur s’acharne pour annihiler toute forme de tension à grands coups de morceaux synthétiques dépersonnalisés, dignes du Club Dorothée.
Dans certains cas, toutes ces maladresses et bévues auraient donné du charme à l’ensemble et l’auraient rendu attachant. Hélas,
Zombi 3 ne compte pas plus de charme que de potentiel, si ce n’est sa capacité à œuvrer dans le comique involontaire. Seules deux options s’offrent donc à vous en visionnant le navet de
Lucio Fulci : soit partir en fous rires toutes les 5 secondes, soit mourir d’ennui. Vous voilà prévenus !