Vote ou Crève(Homecoming)
(Masters of Horror – 1x06) Réalisé par
Joe DanteÉcrit par
Sam HammD’après la nouvelle de
Dale Bailey (
Death & Suffrage)
Et si les soldats morts au combat revenaient à la vie pour voter ? Tel est le postulat de départ de
Vote Ou Crève, sans conteste l’un des meilleurs épisodes de cette première saison. Ce volet s’impose comme un pamphlet musclé à l’égard du parti républicain et de la politique de
Bush en particulier. Et
Sam Hamm n’y va pas de main morte. La menace terroriste n’a ainsi jamais existé mais a uniquement servi de prétexte pour envoyer les troupes en Iraq et favoriser la ré-élection de Bush. Chaque soldat est par conséquent mort pour un mensonge ; et les autorités préfèrent se cacher derrière de la fausse compassion et du patriotisme plutôt que de reconnaître leurs torts et honorer les militaires disparus.
Mieux encore, le scénariste lève le voile sur la manipulation exercée par les media sur les intentions de vote des téléspectateurs, et sur les élections truquées – ravivant au passage l’affaire des bulletins disparus en Floride lors des élections
Bush/Gore. Mais surtout,
Vote Ou Crève dénonce la course au pouvoir qui anime chaque parti politique, prêt à tout pour remporter les élections.
Sam Hamm va même plus loin en mettant en exergue le contrôle de la presse exercé par les campagnes électorales ; et en stipulant sans détour que la politique de Bush ne visait qu’à « faire croire aux idiots qu’ils sont intelligents » afin d’orienter leur vote.
Pour ce qui est de l’histoire en elle-même,
Sam Hamm ne se contente pas d’une satire sociale virulente. Il injecte suffisamment de second degré et d’humour noir à son scénario pour nous captiver de bout en bout, en sus d’un hommage à la saga des morts-vivants de
Romero (l’agression commise dans le cimetière, le slogan de
Zombie repris à longueur de temps). Mais
Joe Dante n’est pas étranger à l’affaire. Développant une mise en scène implacable, des prises de vue sublimes, des mouvements de caméra hors-pair, le réalisateur de
Gremlins fait d’un simple épisode de série un moyen-métrage burné.
Ceci dit, l’épisode a aussi ses limites. Le visuel numérique amène une photographie inégale. Le milieu du récit comprend certaines longueurs. L’histoire laisse place à une poignée de bourdes (le grand-frère du protagoniste est mort depuis une vingtaine d’années mais est à peine décomposé) et elle privilégie trop souvent des discours pas toujours pertinents, au détriment de scènes d’action et de passages gore. De surcroît, bien qu’en phase avec leurs personnages, les comédiens ne transcendent jamais leur statut d’acteurs de seconde zone. Il en faudrait cependant un peu plus pour mettre à mal le potentiel de
Vote Ou Crève. Dans la droite lignée de
George Romero, Joe Dante et son scénariste accouchent d’une œuvre engagée et politiquement incorrecte.
NOTE : 16/20Bel hommage à deux grands réalisateurs de genre : George A. Romero
et Jacques Tourneur.