REST STOP (2006) Écrit & Réalisé par
John ShibanMusique de
Bear McCrearyAvec
Jaimie Alexander, Joey Mendicino, Deanna Russo, Diane Luise Salinger, Michael Childers, Curtis Taylor, Joey LawrenceCela a beau être la première fois que
Rest Stop défile sous mes yeux, une impression tenace de déjà-vu persiste. Non seulement prévisible, le métrage de
John Shiban préfère s’inspirer de ses prédécesseurs plutôt que d’amener un quelconque vent de fraîcheur à un genre en train de se mordre la queue via des multitudes de remakes, de préquelles et de pâles copies. Dans cette histoire, une fille à papa en fugue joue au chat et à la souris avec un détraqué sur une aire de repos. En gros,
John Shiban compulse les plagiats (plus ou moins discrètement) de sorte que son film gagne en attrait.
Massacre À La Tronçonneuse version 2003 – pour son héroïne en détresse, son grain de pellicule jauni et ses personnages secondaires malsains (les résidentes du mobil home étant ici remplacées par une famille de religieux roulant en camping-car !).
Halloween, 20 Ans Après – le passage où Michael Myers dérobe une voiture sur une aire de repos semble avoir donné le la à
Shiban…
Haute Tension – pour son atmosphère un brin irréelle, son psycho-killer mystérieux, ses séquences gore.
Duel – pour le semblant de tension émanant de la course-poursuite entre l’héroïne et le tueur.
Hostel – en raison des tortures que le kidnappeur inflige à ses victimes.
X-Files – sachant que le personnage du prêtre azimuté tenu par Michael Childers sort tout droit de l’épisode
La Morsure du Mal (
7x09 – Signs & Wonders) ; quoi de plus normal, me direz-vous, lorsque l’on sait que
John Shiban fut l’un des réalisateurs de la série. Même
Hot Shots 2 y passe de manière involontaire – les passages où
Jaimie Alexander retire sa chemise puis déchire son débardeur font en effet directement penser à la scène où
Valeria Golino utilisait ses vêtements pour panser les plaies des soldats dans le métrage de
Jim Abrahams ! Et l’on ne manquera pas de reconnaître à travers certains éléments
Creep, The Hitcher, Black Christmas ou encore
Wolf Creek.
En réalité, l’originalité du scénario tient uniquement dans les longueurs du récit, les contre-temps inutiles (le court voyage dans le camping-car) et les rebondissements rasoir qu’a su commettre
John Shiban. Et heureusement pour lui que le ridicule ne tue pas… Car, attention ! Dans
Rest Stop, les toilettes des aires de repos
EXPLOSENT si l’on y répand de l’essence et y met le feu ; tout comme les voitures lorsqu’on balance un cocktail Molotov dessus (et moi qui pensais qu’une voiture standard ne faisait que brûler…) ; une victime peut s’enfuir et survivre pendant des années sans manger même si elle s’est fait trouer les cuisses avec une perceuse ou si elle se vide de son sang à longueur de temps !
John Shiban donne donc, involontairement, de quoi amuser son auditoire et fait perdre à
Rest Stop le peu de crédibilité et de sérieux que le métrage avait su insuffler à ses débuts.
D’un point de vue plus technique maintenant, le résultat n’est pas plus convaincant. Avec ses zooms improvisés, ses mouvements de caméra amateur, ses prises de vue bateau, le cinéaste donne l’impression d’avoir tourné à l’arrache, sans storyboard ni la moindre préparation. D’ailleurs, le cabotinage perpétuel de
Jaimie Alexander et
Joey Mendicino semble aller dans ce sens. En roue libre, ces figurants… pardon ! Ces comédiens débutants pataugent dans la choucroute de la première à la dernière minute. Et ce qui était censé passer pour des émotions sent trop la naphtaline pour trouver un écho dans l’esprit du public.
Michael Childers s’en sort correctement mais le personnage qu’il incarne n’est qu’une copie minable de celui qu’il campait dans
X-Files. Par conséquent, l’acteur fait dans la redite et le spectateur n’y trouve aucun intérêt. Enfin, pour ce qui est de la musique,
Bear McCreary ne vise pas plus haut que des thèmes à suspense de base et complète le score par des morceaux rock-country pas bandants pour un sou.
Au final, le résultat reste regardable – un peu normal quand on emprunte les lignes de son récit à tout le monde ! – et l’ennui ne s’installe que modérément durant le visionnage. Mais le tout paraît si prévisible et surfait que l’on se moque ouvertement du contenu.
John Shiban gagne donc en humour involontaire ce que
Rest Stop perd en qualité. Les quelques scènes gore valent le détour mais cela ne va pas plus loin...
NOTE : 10/20