Danger : Planète Inconnue (Journey to the Far Side of the Sun ― 1969)

Exploration de l’univers, cosmologie, physique quantique, complots gouvernementaux, sauts temporels, dimensions parallèles… Danger : Planète Inconnue mange un peu à tous les râteliers sans jamais trouver de réel équilibre. Un constat que l’on peut imputer autant aux influences filmiques pesant sur l’œuvre de Robert Parrish qu’aux bouleversements idéologiques et culturels qui ont marqué sa période de réalisation.

Ainsi, de prime abord, Journey to the Far Side of the Sun (alias Doppelgänger) semble s’inspirer à la fois de la série Les Envahisseurs (terminée 1 an plus tôt) pour ses conspirations inter-gouvernementales, ses scénarii paranoïaques, la présence de Roy Thinnes ; de 2001, L’Odyssée de l’Espace pour ses décors, gadgets et vaisseaux rétro-futuristes, pour ses visions métaphysiques colorées et ses passages contemplatifs ; ou encore de La Planète des Singes et de La Quatrième Dimension pour ses histoires de mondes parallèles.
Un tel patchwork de références déroute quelque peu le spectateur, qui ne sait jamais sur quel pied danser. Du moins jusqu’au 3e acte de l’œuvre, où les scénaristes semblent s’être enfin accordés sur la direction à suivre (le thème du doppelgänger, du double d’un univers parallèle) et pensent enfin à personnaliser un récit jusqu’ici uniquement référentiel.

Sur un autre versant, le métrage de Robert Parrish paraît coincé entre deux époques. D’une part, Danger : Planète Inconnue lorgne du côté de ses prédécesseurs des années 50 et 60, avec leurs thèmes de conquête de l’univers, de course au progrès technologique, et leur mise en scène très codifiée (la scène de l’interrogatoire ― tellement caricaturale ― fait gentiment sourire). De l’autre, réalisé en 1969 (année érotique !), le film semble s’ouvrir sur une ère nouvelle, marquée autant par la libéralisation des mœurs (on parle de sexualité ; les personnages féminins n’hésitent pas à se montrer en chemise de nuit et à laisser entrevoir leurs formes) que par les avancées technologiques majeures (l’atterrissage d’Apollo 11 sur la Lune).

En conséquence, Danger : Planète Inconnue s’accueille comme une œuvre hybride, tiraillée entre un passé encore prégnant et un futur balbutiant. En découle un film inégal, qui ne s’apprécie vraiment que dans son dernier acte et qui, du fait de ce déséquilibre, ne parvient pas à dépasser son statut de série B. Le potentiel était pourtant là.