L’Emmurée Vivante
(Sette Note In Nero) – 1977 Réalisé par
Lucio FulciÉcrit par
Lucio Fulci, Roberto Gianviti & Dardano SacchettiMusique de
Bixio – Frizzi – TemperaAvec
Jennifer O’Neill, Gabriele Ferzetti, Marc Porel, Gianni Garko, Evelyn Stewart, Jenny Tamburi, Fabrizio JovineAvant de devenir l’un des piliers du cinéma gore,
Lucio Fulci savait prendre son spectateur aux tripes avec des intrigues alambiquées mais captivantes.
L’Emmurée Vivante en est l’un des plus beaux exemples bien que le métrage n’échappe pas à toute une flopée de défauts. L’introduction – où nos deux tourtereaux se bécotent sur un air de
With You – fait franchement cucul. L’histoire emprunte des raccourcis sans gêne (l’assistante qui repère, au premier coup d’œil, le bout de la tête d’un cheval sur la photo du magazine ; le tueur qui est assez con pour emmurer deux personnes différentes dans le même trou alors qu’une enquête lui pèse sur le dos…). Les acteurs ont tendance à exagérer leur prestation –
Jennifer O’Neill et
Marc Porel en tête de file. Certains personnages se complaisent dans de gros clichés, dont ce parapsychologue à la mords moi le nœud (avec sa tête à claque légendaire), les flics (le commissaire un peu trop crédule, qui accueille facilement les théories extravagantes de l’héroïne ; les deux motards qui suivent gentiment le psy jusque dans la demeure d’un inconnu, alors qu’ils viennent de se faire insulter et mener en bateau par ledit psy) et l’héroïne elle-même (qui prend bien son temps pour se cacher alors qu’un assassin est à ses basques !). Enfin, une fois n’est pas coutume,
Lucio Fulci use des zooms à outrance ; à tel point qu’ils finissent par lasser et virer au ridicule…
Néanmoins, aussi imposants soient-ils, tous ces défauts ne sauraient mettre à mal un giallo aussi fracassant que
L’Emmurée Vivante. De prime abord, force est de reconnaître que
Fulci nous convie à des visions de claustrophobie tétanisantes – dans lesquelles une jeune femme assiste impuissante à son destin : être emmurée vivante (d’où le titre, donc) – ainsi qu’à une intrigue qui traîne parfois en longueur mais nous laisse face à une dernière demi-heure enivrante, sidérante. D’autre part, l’atout essentiel de
L’Emmurée Vivante réside dans le score sans pareille du trio
Bixio – Frizzi – Tempera. Qu’il s’agisse de ces accompagnements secondaires pesants, faisant monter la tension à son paroxysme, ou de cette somptueuse mélodie jouant une place centrale au sein de l’histoire. L’on ressort à la fois conquis et médusé par cette ultime demi-heure, mettant nos nerfs à rude épreuve en raison de ce décryptage progressif des précognitions de l’héroïne et de la bande-son captivante de sieurs
Bixio, Frizzi et
Tempera. En somme,
Fulci perd en scènes-choc ou séquences gore ce qu’il gagne en scénario de qualité.
Note : 14.5/20