Halloween 6 – La Malédiction de Michael Myers
(Halloween VI : The Curse of Michael Myers – 1995) Réalisé par
Joe ChappelleÉcrit par
Daniel FarrandsMusique d’
Alan HowarthAvec
Donald Pleasence, Paul Stephen Rudd, Marianne Hagan, Kim Darby, Mitch Ryan, Bradford English, Keith BogartSYNOPSIS10 après avoir terrorisé la ville d’Haddonfield et disparu avec sa nièce Jamie, le tueur en série Michael Myers, protégé par une secte de sorciers satanistes, revient sur les lieux de ses sanglantes exactions. Jamie, elle, donne naissance au fils de Michael Myers et appelle une nouvelle fois le docteur Loomis à l’aide…Il en aura fallu des années aux producteurs pour accoucher d’un nouvel opus de la saga
Halloween, sans doute à cause de la réputation houleuse (et injustifiée) du cinquième chapitre. L’attente aura-t-elle été payante ? Absolument pas ! Non seulement ce sixième volet débarque trop tard pour honorer correctement le cliffhanger de son prédécesseur (Jamie est évincée en ¼ d’heure) et faire suite au diptyque
Halloween 4-5, mais le film de
Joe Chappelle donne en plus une facette regrettable à la série. Tandis que les ouvrages antérieurs restaient (relativement) fidèles au tueur créé par
John Carpenter,
Halloween 6 s’engouffre dans des explications surnaturelles des meurtres commis par Michael Myers.
Devenu l’instrument de phénomènes cosmiques, le tueur au couteau perd son aspect maléfique et insondable – alors que le scénario de départ était censé l’accentuer – jusqu’à devenir une parodie de lui-même. Les traits du protagoniste sont tellement surenchéris qu’il en devient sincèrement ridicule : Myers respire désormais comme Darth Vader, perd sa démarche inquiétante au profit d’une gestuelle de pantin, se met à accélérer d’un seul coup alors qu’il traîne la patte tout du long, tue tous ceux qu’il croise et même ceux qu’il n’est pas censé croiser (mais pourquoi s’en prend-il à l’animateur radio ?!).
Comme on pouvait le redouter,
Daniel Farrands ne se contente pas de démolir le mythe de Michael Myers mais dévoile un scénario grand-guignolesque, ayant recours à des instants de tension téléphonés, et multipliant les incohérences à tour de bras (l’hôpital ne semble pas disposer de système de sécurité étant donné que Myers y pénètre sans se forcer ; dans la gare, Tommy est le seul à remarquer des traces de sang que toute femme de ménage digne de ce nom aurait essuyé pendant son service…).
La Malédiction de Michael Myers se compose, de surcroît, de personnages tartes, stéréotypés et désincarnés (l’animateur radio débile, le beau-père antipathique, Tommy devenu un voyeur new-age), nouant des relations superficielles entre eux ou, pour ce qui est de la protagoniste et son entourage, vivant exactement la même situation que dans
Halloween 4, les conflits familiaux en plus.
Et, pour « magnifier » ce script splendide – qui ne prend même pas la peine de trouver un final –,
Joe Chappelle fait appel à une mise en scène académique, interchangeable, ponctuée par des erreurs scéniques que l’on croyait à jamais déchues (bonjour l’actrice qui tourne son volant de voiture à 180° !). Comme si cela ne suffisait pas,
Alan Howarth délaisse totalement les virtuosités musicales dont il faisait preuve dans les précédents volets pour se concentrer sur un score anodin, sans attrait particulier. En somme, il est désolant que
Donald Pleasence tire sa révérence dans un métrage si peu représentatif de son talent d’acteur. Fatigué, le comédien peine à insuffler du garant à un scénario qui fait honte au film de
John Carpenter. Car, malgré un développement divertissant,
La Malédiction de Michael Myers compte, avec le remake de
Rob Zombie, parmi les pires chapitres que la saga
Halloween ait connus.
NOTE : 8/20Il convient de remercier comme il se doit les éditeurs du DVD Zone 2 de
Halloween 6. Même si le support nous permet de découvrir l’opus de
Joe Chappelle, le fan de la saga devra se contenter d’une piste québécoise, d’un doublage décalé, d’un DVD sans menu ni bonus, et d’un grain d’image souillé. Et, bien entendu, les responsables ne laissent d’autre choix au spectateur que de visionner la version cinéma (aux oubliettes
Halloween 666 !). À quand des éditeurs qui savent faire leur boulot ?
Pour les connaisseurs, l'actrice qui incarne ici Mme Strode interprétera 4 ans plus tard la mère d'un enfant enlevé dans l'épisode Délivrance d'X-Files.